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Fonds de pension : pour doper les entreprises et les retraites

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La France figure parmi les pays qui sont le plus désindustrialisés. Selon l’Insee, avant le covid, parmi les personnes en emploi, 13,3 % seulement travaillaient dans le secteur d’activité de l’industrie. Selon l’OCDE, la contribution de l’industrie (y compris l’énergie) à la valeur ajoutée dans le PIB représentait 24% en Allemagne, 21% en Suisse, 19% dans la zone euro et seulement 13% en France. Hors énergie, le chiffre est proche de 10%. La faiblesse de l’industrie pèse sur l’emploi et sur notre balance commerciale.

 

Pourquoi la désindustrialisation ?

Les causes de cette désindustrialisation sont multiples, de la dévalorisation et de l’insuffisance des formations techniques au poids très excessif des prélèvements auxquels sont assujetties les entreprises industrielles, notamment au travers des impôts de production sept fois plus importants en France (4,9 % du PIB en 2019) qu’en Allemagne (0,7 % selon Eurostat).

L’insuffisance des capitaux mis à disposition de l’industrie française est aussi l’une des causes, peut-être une des causes principales, de ses difficultés à grandir. Les investissements en capital-risque se sont élevés à 156 Md$ en 2020 aux Etats-Unis. En France les startups ont levé la même année 5,4 Md€ (soit environ 6,5 Md$) tandis qu’au Royaume Uni elles ont bénéficié de 12,5 Md$ de capitaux.

Les responsables politiques s’en inquiètent à juste titre. Ils sont presque unanimes à proposer des fonds d’investissement public.  Lors des élections régionales du printemps 2021 Valérie Pécresse a annoncé la création d’un « fonds d’investissement stratégique régional d’un montant de 200 millions d’euros » pour « assurer la continuité de nos TPE-PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), les aider à traverser les turbulences et protéger leurs emplois en nous plaçant dans les angles morts de l’Etat ». Son opposante Audrey Pulvar voulait une banque publique d’investissement. L’élection présidentielle enrichit le florilège. Marine Le Pen constituerait un Fonds souverain français, Mélenchon  un « fonds de solidarité inter-entreprises »… Le presque candidat Macron a pour sa part déjà démontré sa prédilection pour les fonds publics quand il était ministre (SPI/ 425M€) et en a créé plusieurs durant son mandat. Mais ces fonds publics ne sont pas la solution. L’argent public connaît moins bien les besoins et les risques que le marché et il souffre de trop de procédures et de précautions : le fonds public pour l’industrie et l’innovation de 10 Mds€ lancé en 2018 n’avait décaissé fin 2019 que …110,6 millions d’euros !

 

La France n’a pas besoin de fonds publics

L’épargne des ménages y est importante, avec un taux (défini par Eurostat comme l’épargne brute divisée par le revenu disponible brut des ménages, ajusté de la variation des droits des ménages sur les fonds de pension), de 14,25% en 2014 et 20,97% en 2020. A titre de comparaison, il est pour les mêmes années de 12 ,39% et 19,45% en moyenne dans la zone euro ; en Allemagne, de 17,28 % et 23,35% ;  aux Pays-Bas, de 16,91% et 23,96% ; en Suède, de 15,96% et 19,19% ;  en Suisse, de 22,44% et 21,05%. Le problème est que les Français sont incités par l’Etat à placer leur argent dans des livrets d’épargne qui financent le logement social ou dans des comptes d’assurance vie très largement utilisés pour souscrire de la dette publique plutôt que pour soutenir les entreprises.

 

Les fonds de retraite sont aussi des fonds d’investissement

Pour capitaliser les entreprises, l’institution progressive d’une retraite par capitalisation serait plus efficace que tous les fonds publics. L’idée serait que les jeunes entrant sur le marché du travail puissent librement opter pour une retraite par capitalisation tandis que les salariés ayant déjà plus de cinq années de cotisations puissent aussi le faire progressivement et pour une partie de leurs cotisations, d’autant plus importante qu’ils sont plus jeunes. Les cotisations affectées à la capitalisation seraient versées dans des fonds de pension privés qui pourraient placer une partie de cette épargne en souscrivant au capital de sociétés industrielles et commerciales.

En France, en 2019 les actifs des fonds de pension ne totalisaient que… environ 20 Mds d’euros, soit 0.8 % du PIB tandis qu’ils représentaient 191 % du PIB aux Pays Bas, 141 % en Suisse,  123 % au Royaume-Uni, 89 % au Canada… De quoi investir dans les entreprises nationales.

Cette solution aurait en même temps le mérite de sauver les retraites françaises fondées presqu’exclusivement sur un système de répartition qui est voué à un crash certain compte tenu de l’allongement de la durée de vie et de la réduction de la vie professionnelle. Il ne s’agit pas nécessairement de remplacer intégralement la répartition par la capitalisation, mais de faire en sorte que celle-ci devienne significative à terme. Les pays qui ont engagé une telle réforme depuis des années, voire des décennies s’en félicitent. Les cotisations y sont sensiblement inférieures à ce qu’elles sont en France et le revenu de remplacement (le montant de la retraite par rapport au dernier salaire) y est significativement supérieur ainsi que nous l’avons déjà exposé en donnant des exemples comme ceux du Danemark ou des Pays-Bas.

 

Alors qu’attendent nos candidats à la présidence de la République pour présenter des propositions innovantes et néanmoins déjà validées à l’étranger ? Sans risque ni coût majeur, ils pourraient sur le long terme garantir le financement de retraites durables et l’apport de capitaux français aux entreprises.  Pourquoi s’en priver ?

 

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7 commentaires

LAURENT46 7 février 2022 - 6:00

Revoilà la capitalisation qui est moins chère que le régime Français actuel qui pourtant était l’un des meilleur au monde ! Capitalisation à condition que l’organisme de capitalisation ne fasse pas faillite comme cela s’est déjà produit dans d’autres pays là ou les gens ont tout perdu … Régime Français ! moins de financement de multi centenaires étrangers et particulièrement en Algérie, moins de financement de minima sociaux pour des gens qui n’ont jamais travaillé ou qui arrivent en France à 55 ans, moins de fainéants dans les services de gestion des caisses de retraite, moins d’Enarques à la tête de tous ces services de retraite qui sont les places favorites pour le glandage des seconds couteaux de cette école, obliger l’Etat a tenir ses engagements financiers auprès de ces caisses et de payer ce qu’il doit, faire un système unique pour tous y compris fonctionnaires et Politiques et le système Français se porterais bien mieux et pourrait redevenir un des meilleur système de retraite au monde. Tant que l’Etat considère que les caisses sociales sont des revenus pour l’Etat et que ce dernier peut y taper directement ou indirectement à sa guise rien ne pourra fonctionner. C’est là la vraie maladie Républicaine.

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Jean-Louis COUVERT 8 février 2022 - 7:55

Pas d’accord avec vous Laurent46 : ce n’est pas « une maladie républicaine » comme vous le dites, c’est la maladie d’un pays géré par des politiques incapables, ou plutôt qui se foutent complètement des Français qui ont eu le tort de leur confier leur destin. J’ajouterai à votre liste de « rectifications » la suppression de je ne sais combien de millions de cartes vitales qui également servent à frauder et à détruire notre système de protection sociale. Et n’oublions pas : favoriser la création d’emplois car, c’est bête, plus de gens travaillent, plus de gens cotisent, moins on paye de chômeurs… Ce n’est pas gagné : tout ce bon sens ne s’enseigne pas, semble-t-il dans les écoles de formation de nos zélites ! ! !

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Jacques Peter 7 février 2022 - 9:38

Vous avez raison. Il est indispensable que les jeunes commencent à alimenter des fonds de retraite en capitalisation. Pour cela il faudrait les inciter fiscalement et les éduquer.

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Machenaud alain 7 février 2022 - 10:21

Le problème avec l’introduction de fonds de pension dans le capital d’une PME même de grosse importance , c’est que ,lorsque la rentabilité diminue , ces fonds se retirent amenant souvent la faillite de l’entreprise comme cela s’est déjà produit à de nombreuses reprises . Il faut donc définir le pourcentage de leur apport en fonction du capital de l’entreprise et surtout s’assurer la perennité de leur investissement en fixant un délai à leur retrait ( 5-10ans ? ).
Interêt évident de l’actionnariat salarial …..

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Koerckel 7 février 2022 - 11:37

Votre remarque démontre que les fonds de pension français sont loin de marquer des points dans l’imagerie française;

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Rémi 7 février 2022 - 11:11

Évolutions sociales, culturelles, économiques et industrielles existantes depuis la préhistoire u depuis l’occupation de l’Homme sur cette terre… Alors, pourquoi s’étonner de constater des ÉVOLUTIONS ou mutations dus à des choix et options politiques et géostratégiques.
Choix de société décidés à partir de bases sociologiques pour répondre aux besoins électoraux de la France, que les « élus » mettent en « musique », non pour répondre à l’intérêt du pays, la France, mais pour retrouver leurs « sièges ou leurs strapontins » et assurer pérenniser leurs conforts…
Les élections sont bien l’arbitre qui gère l’aménagement de la France, et les 3 arbitres de « touches » sont : La Fiscalité, l’administration et ses télescopages, la composante de la société….
Ainsi, l’investisseur qui est l’arbitre au bord du territoire France se détermine t’il en fonction de son enjeu en calculant les risques pour « NE PAS PERDRE » et donc GAGNER en sécurisant son investissement et le choix de société qu’il veut se donner…
L’investisseur n’est pas un parieur, mais bien cet « avant-centre » qui s’investit pour marquer des buts en driblant la sociologie présente et ses composantes administratives, culturelles, fiscales et maintenant « spirituelles » ….
Ainsi, cet industriel, sait qu’il y a des matchs et des compétitions ailleurs, qui les classera dans la bonne « catégorie »…
Ainsi, pourquoi investir sur un terrain miné ?
C.Q.F.D

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Obeguyx 7 février 2022 - 5:34

Puisque c’est la grande mode du moment, pourquoi ne pas créer un système à « voile et à vapeur » et le meilleur pourrait compenser les pertes du plus mauvais. Un peu comme pour les impôts, les uns payant pour les autres. Avec en prime, comme d’habitude l’impossibilité de contrôler.

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