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Energie et CO2: Raison, émotion ou religion ?

Cet article est extrait du Journal des libertés n°18 (automne 2022)

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Entretenu par les grands médias et des militants actifs de la cause climatique, un catastrophisme ambiant imprègne le grand public. C’est particulièrement le cas des jeunes générations à qui on fait entrevoir un proche avenir rythmé des désordres climatiques les plus sombres dont un avant-goût est d’ores et déjà donné par tout ouragan puissant, inondation sévère ou forte canicule. Cette crise climatique, explique-t-on, est due à un réchauffement global de l’atmosphère et des océans qui a pour origine les activités humaines via la production de gaz à effet de serre.

Le principal de ces gaz émis est le dioxyde de carbone (CO2), dont l’équivalent de 36 milliards de tonnes a été émis en 2021, principalement via la combustion de pétrole, de gaz (surtout méthane), de charbon et d’autres substances pour la plupart extraites du sous-sol, d’où l’épithète fossile accolée à ces sources d’énergie. De la fin du XIXe siècle au début du XXIe, la teneur en CO2 de l’atmosphère est ainsi passée de 0,03 à 0,04 %. Cette augmentation aurait engendré une situation tellement préoccupante, entend-on parfois dire, qu’il faudrait qualifier de crime contre l’humanité toute politique ayant pour conséquence d’aggraver le réchauffement de la planète, et de négationnistes ceux qui nient la réalité de l’urgence climatique à l’image de ceux qui nient le drame de la Shoah.

Cesser d’interférer dangereusement avec la nature et assurer ainsi l’avenir des générations futures impose donc de procéder à une transition écologique qui assurera une « neutralité carbone » à l’horizon de quelques décennies. Toute personne sensée partage bien sûr l’opinion selon laquelle il faut ménager les ressources de la planète et limiter autant que possible l’impact des activités humaines afin de préserver en particulier la biodiversité dont l’importance est justement soulignée à l’heure actuelle. La raison s’efface cependant devant l’émotion, voire se dissout dans des attitudes de nature religieuse quand il s’agit de passer à l’acte. Comme on va le voir, des mesures « fortes » arrêtées en Europe dans cet esprit, telle l’interdiction en 2035 de la vente de véhicules à moteur thermique, pourraient en réalité être clairement contre-productives au regard du but visé.

Savoir regarder le gain mais aussi le coût global de la transition

Une évidence trop facilement oubliée est que d’importantes dépenses d’énergie, et les émissions de CO2 qui en résultent, se trouvent derrière tout investissement, qu’il soit d’ailleurs lié ou non à la transition écologique. Le débat actuel sur les transports aériens illustre cet oubli jusqu’à la caricature puisque ne sont comparées que les consommations d’énergie de l’avion et du train ; les coûts économiques et environnementaux respectifs des infrastructures sont laissés de côté bien qu’ils jouent bien sûr un rôle important dans les différences de tarifs relevées entre ces moyens de transport.

A propos de la transition écologique, la question élémentaire qu’il faudrait donc se poser est de savoir si son coût global sera largement compensé ou non par les gains attendus et si l’exploitation des ressources matérielles nécessaires pour le succès de l’entreprise ne se heurtera pas elle-même à de graves problèmes économiques et environnementaux. La généralisation du moteur électrique pour les transports routiers, qui est donc à l’ordre du jour en France, va permettre d’entrevoir l’ampleur sous-estimée des défis technologiques, économiques et miniers à surmonter pour parvenir en quelques décennies à un système reposant sur des énergies renouvelables.

Sur le papier, cette transition électrique des moyens de transport routier a un intérêt environnemental, et même géopolitique, qui n’a pas besoin d’être souligné. Mais comment produire et stocker l’électricité nécessaire et à quel coût ?

Le problème se résume alors à trois questions auxquelles on va répondre par de simples règles de trois :

– quel est le volume annuel de carburant (gazole et essence) consommé en France ?

– quelle serait la quantité d’énergie et la puissance électrique dont on aurait besoin pour assurer les mêmes services ?

– et, puisque les batteries embarquées sont le seul moyen existant pour alimenter en énergie les moteurs de véhicules électriques, quelles seraient les ressources minérales et l’énergie nécessaires pour les produire, ainsi que leur coût de fabrication et les émissions de CO2 afférentes ?

Les données nécessaires pour répondre à ces questions sont disponibles. Elles seront principalement tirées des statistiques publiées pour la France par le Comité Professionnel du Pétrole et, pour les batteries, du récent rapport exhaustif de M. Romare et L. Dahllöf ainsi que de l’étude de G. Martin et al.[1] On notera au passage que les données employées et les résultats obtenus sont nécessairement entachés d’incertitudes. Celles-ci ne sont pas aisément estimées, mais elles ne peuvent pas affecter de manière significative les conclusions tirées puisqu’il n’est ici question que d’ordres de grandeur. Il en est de même pour les changements les plus divers des paramètres pris en compte dans la présente étude depuis sa rédaction initiale en 2019.

La puissance électrique nécessaire à la transition

En 2017, les Français ont consommé 51 200 000 m³ de carburant (gazole 80%, essence 20%). À partir de l’énergie spécifique de ces carburants, on calcule que l’énergie dépensée sur la route a été cette année-là de 534 milliards de kWh. La puissance électrique moyenne qui serait nécessaire pour produire cette même quantité d’énergie en un an est donc de 61 GW, soit quasiment celle du parc électronucléaire français qui a assuré 86 % de la production électrique en 2017.

Mais il faut affiner le propos !

Comme un moteur électrique est environ deux fois plus efficace qu’un moteur thermique, l’énergie dépensée serait deux fois plus faible de sorte que la puissance électrique réellement nécessaire ne serait que de 30 GW. Mais si l’on veut produire cette énergie au moyen d’énergies renouvelables, il faut tenir compte de ce que :

  • le potentiel hydroélectrique est complètement exploité en France ;
  • l’éolien et le photovoltaïque ne produisent respectivement que 20 % et 14 % du temps, en ayant donc un facteur de charge moyen de 17 %.

En raison de ce faible facteur de charge, la puissance renouvelable installée pour fournir la moyenne voulue de 30 GW devrait donc approximativement être de 180 GW, soit trois fois celle du parc électronucléaire existant. Et si l’on ajoute à cela que les transports routiers ne représentent que 25 % de la consommation de l’énergie en France, on mesure d’emblée l’ampleur du défi posé si l’on décide d’exclure le nucléaire d’une économie complètement décarbonée.

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13 commentaires

Laurent46 29 décembre 2022 - 6:07

Sauf que le climat de la planète n’a jamais été stable. Juste une raison pour Taxer, appauvrir et contraindre la population qui par sa stupidité et son niveau intellectuel plus bas que terre se laisse faire surtout en France et dans l’UE justement les abrutis qui n’ont déjà plus grand chose à mettre sur la table en dehors de leur grande fainéantise.

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Astérix 30 décembre 2022 - 2:39

Désolé, LAURENT 46, je répondais à HENRI ….. Excellent commentaire, un moyen d’écraser les français de taxes comme d’habitude, sans aucune raison, sauf le mensonge ! Il faut le dire, les français s’en tiennent une sacrée couche !!?? mais ils sont contents ?????
Un peuple de veaux comme disait le Général de GAULLE.

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nanard 29 décembre 2022 - 7:42

Encore un brillante démonstration. Hélas l’irrationnel a pris le pouvoir

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Jean-Pierre Bardinet 29 décembre 2022 - 8:48

Emotion religion et … pognon.

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Picot 29 décembre 2022 - 9:46

Faux problème. Le CO2, avec une teneur de 0,041% dans l’atmosphère, NE PEUT PAS, en raison de cette faible concentration, être un gaz à effet de serre. Bien au contraire nous lui devons l’existence des plantes et la production d’oxygène par la photosynthèse. Il est indispensable, pas de CO2, pas d’O2, et oui. Tout ce discours, de l’ordre du religieux, n’a qu’un but : nous imposer, par tous les moyens, des actions dont ne nous ne voulons pas en nous culpabilisant un maximum. C’est une vieille technique : faire obéir par la peur. C’est ainsi que nous allons payer une taxe carbone, c’est en route, nous passer du nucléaire et du pétrole, et inciter les jeunes, terrorisés et désespérés par ces prédictions criminelles, à ne plus faire d’enfants. Un peuple qui ne fait plus d’enfants meurt. Serait ce, in fine, le but recherché? Sachant que respirer impose d’inspirer de l’oxygène et d’expirer du CO2, je suggère aux sombres crétins ennemis du dioxyde de carbone de stopper leur respiration définitivement. A leurs yeux ce sera oeuvre utile : mourir pour la cause.

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JR 29 décembre 2022 - 10:02

Bonjour, en effet, question pertinente, est-elle trop pertinente pour la cervelle étroite et idéologique de nos élus ? En parfait accord avec ce questionnement légitime, qui ne semble pas préoccuper nos pseudos politiciens. Pour être parfait, concernant le C02 il serait plus idoine d’utiliser le vocable « libération », plutôt que « émission ». En effet, n’en déplaise aux néo-religieux carbo-climatiques, dans la nature « rien ne se perd, rien ne se crée; tout se transforme » (A.Lavoisier). Le C02 est donc libéré de sa prison, ayant malheureusement été fait prisonnier lors du glissement des plaques tectoniques. Cela a eu pour effet de réduire considérablement la végétation qui était luxuriante (Jurassique) avant les grands glissements. Nous en libérons à petite dose désormais, cela n’a strictement aucun effet sur la météo ou sur le climat, bien au contraire c’est tout bénéfice pour l’agriculture, donc pour l’homme. N’est-ce pas là, justement, ce qui dérange les idéologues régressistes ? La nature est trop formidable pour donner à manger à tous ! L’évolution du taux de C02 de 0,03 % à 0,04 % ayant permis de verdir la terre de de 20 à 30 % l’équivalent d’un 6 ème continent, permettant de nourrir 2 Mds d’individu. Curieusement les médias « intégrés » n’en parlent pas…! Bon réveillon. Bien à vous

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Henri 29 décembre 2022 - 7:25

La seule solution (dont se gardent bien de parler les décideurs) est de supprimer la voiture individuelle, ou du moins de la limiter au seul usage d’un caste de privilégiés.

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JR 30 décembre 2022 - 6:54

Bonjour Henri, c’est leur objectif, ne vous inquiétez pas. Libérons la France. Bien à vous

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Jean-Pierre Bardinet 6 janvier 2023 - 9:16

Bien sûr, car ces idéologues de l’écologisme ne supportent pas la voiture parce qu’elle permet la liberté de déplacement. Leur objectif évident est double : réduire la population mondiale par des moyens pervers et sournois, et nous imposer un Big Brother vert.

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Bruno 30 décembre 2022 - 5:17

Bravo l’IREF pour cet article d’une limpidité et clarté à la portée de tout un chacun. Si tous les chiffres avancés sont exacts et incontestables, comment peut-on continuer à agir sur la voie de la transition écologique telle qu’elle nous est présentée par le Politique et nos Médias. Il faut continuer à informer si nous voulons éviter le mur qui se présente sur notre route. Pour ma part, je m’y attèle.

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ducluzaux 3 janvier 2023 - 6:16

Les raisons, arguments, livres sont très nombreux pour faire arrêter la couteuse, inutile et néfaste décarbonation. Les auteurs de la découverte, inconnus, de l’effet de serre radiatif ont « oublié » en 1988 de la valider par une expérience selon la physique qui a construit ainsi en 2 siècles les multiples découvertes de notre civilisation. Cet oubli ne semblait pas être un hasard. Il fallait alors prouver que que cet effet ne marchait pas avec une expérience naturelle.
Ce n’est qu’en 2020 que je trouvais cette 1ère preuve grâce aux glaciers. Le rôle du co2 sur le climat est inexistant. Mais alors pourquoi? donc une erreur dans l’effet de serre.
Ce fut assez rapide, et début 22, une 2ème découverte: les rayons électromagnétiques qui touchaient une molécule de gaz étaient réfléchis, base de la théorie du Giec. Or, d’après tous les documents sur le sujet,
c’était impossible, ils sont absorbés. Le beau château de cartes, des centaine de pages apparemment scientifiques s’écroulait, ce n’était que du papier, pas une expérience matérielle.
Alors lisez les quelques pages de, Le mythe du co2, en le téléchargeant sur mon site:
– electricite-decouvreurs-inventeurs.com –
Diffusez le au maxi, surtout auprès de vos relations proches du pouvoir pour faire stopper la décarbonation,
ou des médias dont la non-réponse actuelle signifie: je ne veut pas le savoir. Ils obéissent à leur « pensée unique » pour tout ce qui n’est pas politique.
Pouvez vous nous aider.

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ducluzaux 3 janvier 2023 - 7:22

Lorsque le Giec imagina un nouvel effet de serre radiatif, pour expliquer le réchauffement, il « oublia » la règle séculaire des 3 phases de toute découverte: observation – hypothèses, théories – expérimentation
cette dernière est la validation indispensable. Ce n’était pas normal.
Deux hypothèses se présentaient: soit c’était naturel, soit la faute du co2. Toute la puissance des médias se consacra à culpabiliser le co2. controverse étouffée. Ce n’était pas normal.
Il faudrait rechercher comment justifier expérimentalement la cause naturelle. Très difficile.
Vers 2020 je trouve enfin les glaciers, dont la fonte est le meilleur moyen de mesurer le réchauffement.
Découverte: l’absence de cause co2 pendant un refroidissement de 20 ans.
Il semblait utile de comprendre pourquoi ? assez rapidement en 2022, découverte de la petite mais grave erreur dans l’effet de serre: les ondes rencontrant une molécule subiraient une réflexion. La recherche dans les livres spécialisés indique que c’est impossible, il ne peut se produire qu’une absorption. Le château de cartes, scientifique du Giec s’écroule.
Reste le difficile problème de faire stopper la couteuse, inutile décarbonation par le gouvernement
Les médias fonctionnent avec leur pensée unique, hors politique
Pouvez vous nous aider à diffuser largement  » Le mythe du co2″, en 6 pages,surtout à vos relations proches du gouvernement et des médias. Télécharger sur site: electricite-decouvreurs-inventeurs.com
Merci pour un meilleur 21ème siècle.

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ducluzaux 3 janvier 2023 - 7:30

supprimer le premier texte, suite à erreur, je le croyais disparu par hasard, mais il s’était déjà affiché <<merci

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