Le gouvernement a annoncé une baisse des impôts de 25 milliards d’euros en 2019. Mais, pour les fiscalistes du cabinet Delsol Avocats, les choses sont plus compliquées : d’après leurs calculs, les efforts demandés aux ménages et aux entreprises pourraient s’alourdir de 11,9 milliards d’euros l’an prochain.
L’IREF est heureux de publier cette Etude sur les prélèvements obligatoires en France parue dans Le Figaro Magazine du 23 novembre.
A Lire aussi, sur le Figaro, l’interview de Jean-Philippe Delsol :
«Toujours plus d’impôts en 2019»
La colère des « gilets jaunes », excédés par le poids des impôts et des taxes, était prévisible. Déjà, en 2018, la pression fiscale s’est beaucoup accrue sur les Français. Le produit de la CSG a augmenté de 25 milliards d’euros (Mds €), soit 25 %, avec un taux rehaussé de 1,7 % dès le 1er janvier de cette année. Il n’a été compensé par une baisse pleine de cotisation qu’à compter du 1er octobre, et seulement pour les salariés. C’est évidemment ce qui explique la baisse du pouvoir d’achat des Français en 2018.
Par ailleurs, la baisse de l’impôt sur les sociétés a bien été poursuivie, mais à une allure d’escargot, et la multiplication des seuils et des taux laisse entrevoir qu’à l’instar de l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés prend dangereusement le chemin de la progressivité, ce qui heurterait notre compétitivité. L’exonération de taxe d’habitation est discriminatoire puisque 20 % des Français en sont écartés, et elle pénalisera l’autonomie des communes. L’instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux de 30 % sur les revenus mobiliers a certes été une bonne décision, mais il est regrettable d’en avoir exclu du bénéfice les revenus fonciers encore pénalisés par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) alors que nous avons autant besoin d’investisseurs pour construire des usines et des logements que pour créer des entreprises.
Enfin, les hausses déjà massives des taxes sur l’énergie en 2018 ont empêché la pression fiscale de baisser significativement, tandis que le ratio de dépenses publiques français, en croissance de 0,6 % en volume (hors inflation), restait le plus élevé d’Europe, environ 10 points au-dessus de la moyenne européenne. Ce qui a inéluctablement conduit à une aggravation de la dette publique.
Malheureusement, la situation ne s’améliorera pas en 2019. Quoi qu’en dise le gouvernement, les dépenses continueront d’augmenter, les prélèvements obligatoires aussi. « Il n’y aura pas d’augmentation de la pression fiscale d’ici à 2022 », déclarait pourtant le président de la République le 15 avril. Dans son projet de loi de finances pour 2019, le gouvernement annonce qu’« en 2019, les prélèvements obligatoires diminueront de près de 25 milliards d’euros après une baisse de 10 milliards d’euros en 2018 », soit 35 Mds € au total. Mais même le député Joël Giraud, LREM, rapporteur général du budget au nom de la commission des Finances, explique que la baisse effective ne serait que de 12 Mds €. En fait, la réalité est pire encore : les efforts – prélèvements directs ou latents – demandés aux ménages et aux entreprises, augmenteront, dans la durée, de 11,9 Mds € en 2019. Voici pourquoi.
La TVA sur la TICPE
Le gouvernement a reconnu que les contribuables allaient supporter, en 2019, 4 Mds € de fiscalité en plus au titre de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), soit 1,9 Md € de plus pour les ménages et 2,1 Mds € de plus pour les entreprises, notamment sur le diesel. Mais il faut ajouter la TVA de 20 % calculée sur la TICPE elle-même et que, à tort, le gouvernement ne prend pas en compte pour évaluer la surcharge des contribuables en 2019, qu’il faut donc majorer de 0,4 Md € pour les ménages et de 0,2 Md € pour les entreprises qui ne peuvent déduire cette TVA que partiellement.
Les charges indirectes de la transformation du CICE
La transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse de charges sociales permettra aux entreprises de bénéficier, en 2019, pour 20,4 Mds €, du remboursement du CICE 2018. Mais celui-ci est déjà inscrit dans les bilans 2018 et il s’agit là d’une disposition exceptionnelle et non récurrente. Joël Giraud a donc, à juste titre, exclu ce montant des allégements de charges à prendre en compte dans le budget 2019. Par ailleurs, en lieu et place du CICE, les entreprises bénéficieront d’une réduction de charges sociales de 6 % sur les bas salaires, ce qui générera une augmentation de leur résultat imposable parce que le CICE n’était pas comptabilisé dans le bénéfice imposable tandis que la baisse de charges le sera.
Prenons l’exemple d’une PME de services réalisant un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros avec 1,6 million d’euros de salaires et un résultat de 300 000 € : la transformation du CICE lui coûtera 27 000 €, soit près de 15 % de son bénéfice après impôt.
Globalement les entreprises pourraient supporter 3,6 Mds € d’impôt supplémentaire par rapport à ce qui est déjà prévu à ce titre au budget (2 Mds €).
L’impôt latent sur les retraités et les familles
La limitation à 0,3 % de la revalorisation des retraites, des allocations familiales et de l’APL (jusqu’à présent revalorisées à hauteur de l’inflation) représente une perte de pouvoir d’achat évaluée à 4,5 Mds € par rapport à une inflation prévue par la Banque de France à 1,7 % en 2019 et qui sera peut-être très supérieure à ce chiffre. Examinons la situation d’un couple de retraités ayant en 2017 une retraite nette de respectivement 2 000 et 1 500 € par mois et des revenus fonciers de 800 € par mois.
Au total, ce couple perdra 3 169 € en trois ans, soit près un mois de retraite ! Certes, il bénéficierait d’une réduction de sa taxe d’habitation s’il avait un peu moins de revenus, mais cette exonération, dont 20 % de la population est privée sans juste motif, sera sans doute compensée par la hausse des prix de l’énergie qui pèsera sur leurs coûts de chauffage et de déplacement.
Le mois caché du prélèvement à la source
Il faut encore prendre en compte dans la durée l’augmentation réelle de l’impôt sur le revenu due en particulier au prélèvement à la source. Le projet de loi de finances pour 2019 prévoit un rendement de l’impôt sur le revenu en 2019 de 70,5 Mds €, contre 73 Mds € en 2017 et environ 73,5 Mds € en 2018. Pourtant, le prélèvement à la source a été mis en place pour assurer un meilleur rendement de l’impôt. Jusque-là, il n’était recouvré qu’à 95 % et doit l’être à 97 % dès 2019 et à 99 % ensuite. Si le produit de l’impôt sur le revenu baisse en 2019, c’est seulement parce que, la première année du prélèvement, l’administration fiscale ne collectera que 11 mois d’impôt : l’impôt dû au titre des salaires du mois de décembre 2019 ne sera perçu par l’Etat que début janvier 2020. Il manquera donc 5,9 Mds €. Mais les contribuables français seront néanmoins redevables de cet impôt au titre de 2019 et ils l’auront payé en 2019 par imputation sur leur salaire de décembre. Il faut donc le comptabiliser sur l’année 2019.
Globalement, les ménages supporteront 9 Mds € de prélèvements supplémentaires en 2019, si l’on additionne l’effet du décalage d’un mois des recettes du prélèvement à la source, l’impact du plafonnement des pensions de retraite et des prestations familiales (ce qui n’est pas donné, quelque part, est pris) ou encore le poids de la TVA sur la TICPE. Les prélèvements supportés par les entreprises s’alourdiront quant à eux de 2,9 Mds € en 2019. Soit, au total, entreprises et ménages confondus, une hausse de 11,9 Mds €.
« Il n’y aura pas de nouvel impôt pendant le quinquennat, je m’y engage », a déclaré Bruno Le Maire sur BFM-TV et RMC le 12 janvier 2018. « On ne supprime pas un impôt pour en rétablir un autre. On ne prend pas dans la poche des Français ce qu’on vient de leur donner de l’autre main », a-t-il ajouté. En fait, il y a eu 11 nouveaux impôts ou équivalents depuis juin 2017 qui représentent un prélèvement pour 2019, selon les estimations de la loi de finances, de 11Md€.
Il faut bien payer les dépenses qui continuent d’augmenter :
Et nos dépenses d’aujourd’hui seront payées par les générations futures ! En effet, l’augmentation des charges 2019 est masquée par un recours à l’endettement en très forte augmentation
Par Jean-Philippe Delsol, avec Frédéric Subra, Maïlys de Meyer et Philippe Battiston (Delsol Avocats)
11 commentaires
Les français condamnés à la triple peine
Comme très bien démontré, nous payons plus, 1 fois, les gilets jaunes mettent la France sens-dessus dessous et
le citoyen lambda subit, 2 fois, on va "corriger" et il va falloir payer tout cela ! Devinez qui va payer ? 3 fois !
Non, 4 fois ! Parce que le moteur diesel, avec sa moindre consommation, produit moins de gaz à effet de serre que les moteurs à allumage (sans compter le surcroit de pollution pour "démarrage poussif" en hiver). La pollution propre au diesel est nocive pour les animaux (mais pas les plantes, bien au contraire) mais nous la "vendre" comme "réchauffement climatique" est une escroquerie.
Ce qui veut dire que, dans 2 ou 3 ans, les fonctionnaires qui nous gouvernent vont "découvrir" une hausse de production de CO2 "au lieu de la baisse anticipée", vont nous expliquer que c'est de notre faute (par journaliste interposé) et vont encore plus augmenter les taxes "pour sauver la planète", à cause de leurs décisions "pour sauver la planète"…
Au fait, au cas où quelqu'un ici aurait une compétence scientifique, les deux grandes "tares" du diesel ont un diagnostic commun : un rendement insuffisant :
– la fabrication d'oxyde d'azotes (dégradables ultérieurement en nitrates, qui sont des engrais…) est une réaction endothermique (qui consomme de l'énergie), ce qui est la conséquence d'une température trop élevée dans le moteur,
– les particules de carbone viennent d'une combustion incomplète, ce qui est la conséquence d'une température pas assez élevée dans le moteur.
La peste ou le choléra ?
Une (bonne) solution pour sortir de ce dilemme serait d'utiliser un air enrichi en oxygène, voire débarrassé de ses 80% d'azote. Dit comme ça, ça parait fou, et pourtant les allemands l'avaient sérieusement envisagé pour une "mini navette spatiale", dans les années 80 (projet Sänger), à l'aide d'un "tamis moléculaire, qui aurait permis à leur navette de décoller avec un réservoir vide. Ce n'est ni simple ni bon marché, mais on a vu le nombre de technologies aujourd'hui grand public partir d'une situation plus défavorable encore. Avec du temps.
Seulement, quand un politicien ne voit pas plus loin que sa réélection, ou qu'un fonctionnaire n'a comme horizon que le passage au grade supérieur, ils ne cherchent pas ne "bonne" solution mais une solution "tout de suite". Une vraie bande de sales gosses. Quand aux écolocrates, ce qu'ils espèrent, c'est "pas de solution du tout".
revalorisation pour handicapés
La limitation à 0,3 % de la revalorisation concerne aussi les rentes d'invalidité qui ont également subies l'augmentation de la CSG comme les retraités.
Mais personne ne parle de cette augmentation de la CSG pour les invalides !
Vive l'impôt ????…..
Nous faisons corps commun face à l'impôt. Qui n'a pas eu la désagréable surprise où l'agréable surprise de recevoir de la part du Fisc un abaissement, un ajustement, un redressement où tout simplement une augmentation. Dans la corbeille de notre humble vie la machine Bercynienne veille que chacun contribue à son niveau. L'alternance se justifie, une année plus désagréable. Une année plus juste. Mais le calcul est invariablement douloureux pour nous contribuables….
cherchez l'erreur
"baisse en 2019 de 25 milliards d’euros !
Mais, pour les fiscalistes du cabinet Delsol Avocats, les choses sont plus compliquées : d’après leurs calculs, les efforts demandés aux ménages et aux entreprises pourraient s’alourdir de 11,9 milliards d’euros l’an prochain" : ce qui serait une "ERREUR" (une paille) en réalité de 36,9 milliards de la part de Bercy et autres ponx (fonctionnaires-ponctionneurs).
transfusion du bras droit au bras gauche … avec des tuyaux qui fuient
Quand un gouvernement annonce qu'il va "faire des économies", en pratique il y a trois méthodes, en général simultanées :
1) piquer davantage d'impôts à l'économie réelle, sachant que "à nouveaux impôts, nouveaux fisqueux" ; ce qui veut dire que, sur la somme pompée, une partie non négligeable va se retrouvée détournée au profit de gens dont l'utilité est artificielle (mais qui, pour nos comptables, sera incluse dans les "rentrée")
2) diminuer les "cadeaux" et "aides" injectées dans l'économie, en créant des tas de nouvelles conditions pour leur attribution, et donc tout plein de postes de fonctionnaires en plus ; ce coût étant inclus dans le budget "cadeaux et aides", le gouvernement pas se vanter "voyez comme nous avons fait des efforts : le budget n'a baissé "que" de x %". Bien sur, les gens voient bien que ce qu'ils touchent a bien plus baissé que les annonces gouvernementales, mais les fonctionnaires achèteront de la pub avec nos sous pour expliquer que "la baisse se limite à quelques privilégiés", que c'est une impression "psychologique" (comme le disent les cuistres médicaux qui ne comprennent pas l'origine des douleurs d'un client…). Et si ça persiste, ils piqueront une grosse colère (ça impressionne les pauvres…), puis menaceront les "meneurs" de prison (quitte à venir chialer ensuite après le manque d'interlocuteur). À la limite, ça peut aller jusqu'à la menace de "descente" d'un clone de Benalla et ses tontons macoutes.
3) et enfin, multiplier les contrôles (et essayer d'avoir à l'usure ceux qui se défendent en justice, surtout s'ils gagnent… Sans limitation de coût puisque nous payons leurs avocats, et sans craindre une plainte pour procédure abusive, puisqu'ils sont fonctionnaires…). Actuellement, Macron, tout en blablatant sur leur réduction, embauche des fonctionnaires à la pelle, principalement des fisqueux, chargé de mettre un maximum d'arbitraire (toujours dans le même sens) sur la base de textes volontairement flous D'un point de vue fiscal, c'est "rentable" : le pognon soutiré de la sorte à l'économie couvre en général très largement le coût de cette nouvelle armée de fonctionnaires.
Ça reste de l'argent prélevé sur l'économie réelle…
Avec des effets pervers terrible : quelle PME oserait demander un crédit recherche, sachant que ça les obligera à payer le coût d'un contrôle fiscal ? Face à des gens qui ont tout votre temps, qui "trouveront" forcément quelque chose pour "justifier" leur carrière, qui, si leur décision est annulée en justice, utiliseront tous les artifices de procédure jusqu'à épuiser la trésorerie de leur cible ?
Et après, des demi-ministres vont venir chialer sur "le faible taux d'utilisation" de leur su-sucre… et vont dépenser en fonctionnaires et en réclame pour le promouvoir… Ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup trop d'autres…
Impôts et obésité de la fonction publique : les deux tares "se mordent la queue". Se limiter, comme vous le faites à la macro-économie permet de "dire que quelque part, quelque chose ne va pas". Mais avec ce genre de démarche, les pires dérives sont "cachées sous le tapis”. Et ce n'est absolument pas un hasard…
Il y a les taxes qui se voient et puis…celle qui ne se voit pas.
NISSAN/RENAULT – 395 taxes ou prélèvements sur 400 environ qui reposent sur la "personne", pénalisent le "coût salarial" car toutes ces taxes ne sont pas transposables sur la "Machine" puisqu'elles sont "personnalisées".
Plus grave est la TVA Indirecte sur la "masse salariale" des entreprises "productives" qui ruine littéralement la marge bénéficiaire.
NISSAN/RENAULT est l'exemple même qui différencie nos fiscalités. Le divorce ne tardera pas tant le différentiel est voyant.
Yves Durand – inventeur de la TVA indirecte,
validée par Maurice Lauré (1989/1990) mais aussi par BERCY. Ces 2 anomalies dites structurelles rendent la France ingouvernable. E. Macron n'est pas en capacité de réformer car BERCY s'y oppose.
Le comble de la bêtise !
Vous précisez l'incommensurable incompétence de nos technocrates au pouvoir qui n'ont toujours pas compris qu'il fallait baisser massivement les dépenses publiques..?!
Nous aurons bientôt un chômage en forte hausse et la faillite de nombreuses PME/PMI/TPE.
Continuons !
"incommensurable incompétence" ? C'est leur faire beaucoup d'honneur… Le rôle des dépenses publiques est de masquer dans leurs masse toutes leurs petites prébendes. Si l'on compare leur plan de carrière, leurs primes, leurs avantages etc. à des aiguilles, il n'ont aucun intérêt à diminuer la taille de la meule de foin qui leur sert à planquer tout ça.
"Par méchanceté ou par connerie ?" aurait demandé l'adjudant d'Ignace (alias Fernandel)… Par méchanceté, j'en ai bien peur…
Réduction des dépenses du Gouvernement
Le gouvernement annoncerait qu'il réduit ses dépenses:
le nombre de collaborateurs ,des privilèges ,de dépenses de fonctionnement,de députés et sénateurs et leurs privilèges : ses réformes passeraient plus facilement
Qu'il fasse les sacrifices qu'il demande aux petits gaulois
France : l'art du bonneteau fiscal
Excellent article ! Avec toutefois une petite faiblesse : la présentation du § "L'impôt latent sur les retraités et les familles" n'est pas très claire, les histogrammes sont difficiles à relier avec l'énoncé de la situation, à la différence des autres §§ qui sont clairs, lisibles et faciles à comprendre. Continuez dans cette voie d'information factuelle du citoyen !!