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« LA FIN DE LA CHRETIENTE » par Chantal DELSOL

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La civilisation chrétienne s’affaisse, mais n’est-ce pas, observe Chantal Delsol, le sort commun de celles qui savent désormais qu’elles sont mortelles ? Le mouvement s’accélère certes, mais il n’est qu’un ultime soubresaut, entrecoupé de sursis, d’une transformation engagée depuis les Lumières et la Révolution, voire avant. Nous étions accrochés à un monde dont les valeurs ne sont plus que les lambeaux d’un christianisme déjà évanescent depuis longtemps. Et le christianisme se sent aussi étranger à la modernité sociétale que le fut le paganisme ancien incapable alors de comprendre la nouveauté chrétienne quand elle perça au cœur de l’Empire romain.

Notre époque vit un renversement normatif, « une inversion ontologique » plutôt qu’une décadence. Le besoin religieux est inhérent à l’homme, mais il devra sans doute se vivre autrement dans un monde revenu à l’adoration du dieu Pan, figure de la nature universelle. Tandis que la chrétienté avait émergé en établissant « un monde séparé d’un dieu désormais unique », le cosmothéisme prend aujourd’hui sa revanche, avec son immanence, sa sagesse, son sacré désacralisé. La religion écologique en témoigne avec son catéchisme, sa déesse – la Terre-mère –, sa liturgie, ses sacrifices dans la décroissance…

Pour la philosophe, l’effacement institutionnel de l’Eglise est inéluctable. Il est d’autant plus amer et inévitable que la Rome des successeurs de Pierre s’était perdue dans sa domination et dans sa grandeur, dans « la hiérarchie, l’autorité et la contrainte ». L’Eglise agonise aujourd’hui de ses certitudes. Mais l’esprit du christianisme ne peut mourir. La reconnaissance et le respect de la personne, de sa dignité, de ses inquiétudes qui l’ouvre à la transcendance, sont la marque du christianisme en même temps que celle de notre humanité profonde. Alors le christianisme doit sans doute réinventer les moyens de vivre le mystère de la Vérité de manière moins dogmatique, avec plus de pudeur. Il doit puiser, écrit Chantal Delsol, dans l’universel concret. Il ne s’agit ni de se résigner ni de renoncer, pas plus que de s’abandonner à la nouvelle morale d’Etat, de se couvrir la tête de poussière dans d’infinies repentances ou de se soumettre aux idéologies qui remplacent la foi ancienne. Ce serait se sauver pour mieux se perdre. Il faut témoigner de notre liberté spirituelle et de sa force pour transformer le monde : « La croyance et l’adhésion aux principes, précède l’acceptation des lois ». Chantal Delsol a un regard sévère sur l’Eglise romaine, mais elle n’est pas sans espérance. Peut-être est-elle aussi un peu irréaliste à penser que les chrétiens pourraient régénérer le monde en restant « des témoins muets, des agents secrets de Dieu ». Malheureusement il faut des institutions pour agir dans le monde et toute institution est imparfaite puisqu’elle est humaine.

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