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Chers camarades !

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Oui, c’est vrai. Le dernier James Bond vient de sortir sur les écrans. Mais il y aussi un autre film qui mérite un peu d’attention. Il s’agit du dernier Kontchalovski, frère du cinéaste Nikita Mikhalkov, auteur de plusieurs films connus comme Oncle Vania, Riaba ma poule ou, dans un registre différent, Runaway Train ou Tango et Cash.

Les événements décrits dans Chers camarades ! sont réels et se sont déroulés début juin 1962 dans la ville de Novotcherkassk située à plus de 900 km au sud de Moscou. Même si les magasins sont pratiquement vides, les autorités soviétiques annoncent des augmentations massives (de 30% !) d’un certain nombre d’aliments de base comme la viande, le beurre, le lait, la farine, les œufs etc., afin d’ « améliorer la productivité ». Mais la propagande du parti ne marche pas. Une grève se déclenche dans une des usines de la ville et des milliers d’ouvriers se rendent au comité local du Parti qu’ils mettent à sac et menacent ses dirigeants. Vite débordées, les autorités locales font appel à Moscou qui envoie sur place des généraux de l’armée, des soldats et des officiers du KGB. La répression est terrible, on tire sur les manifestants et des snipers du KGB cachés sur les toits des immeubles abattent les ouvriers les uns après les autres. Même aujourd’hui, on ne connaît pas le nombre exact de morts (probablement plusieurs dizaines) qui ont été enterrés dans des fosses communes.

Filmé comme un documentaire, Chers camarades ! montre avec minutie et réalisme le déroulement de la grève et de la répression, ces faits ayant été cachés par les Soviétiques pendant des décennies (pour en savoir plus, voir le tome 1 de l’Histoire mondiale du communisme de Thierry Wolton). Dommage qu’une certaine ambiguïté existe autour des personnages centraux, l’héroïne est une nostalgique de l’époque stalinienne et le principal officier du KGB refuse de suivre certains ordres de ses supérieurs et on a même l’impression, vers la fin du film, qu’il se repent de ses actes (chose absolument impensable à l’époque). Faut-il voir là les conséquences des bonnes relations qu’entretient Kontchalovski avec Poutine ? Le fait qu’il ait obtenu des aides de la part du ministère russe de la Culture ? Quoi qu’il en soit, le film est d’une grande qualité et un vrai document historique.

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