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Pour ouvrir aux fondements de l’économie

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Serge Schweitzer et Loïc Floury aux Editons Presses Universitaires d’AIX-MARSEILLE. Préface de Pierre Garello, administrateur de l’IREF

Après avoir déjà écrit ensemble Pourquoi la révolte fiscale n’aura pas lieu chez le même éditeur en 2015, les deux auteurs ont réitéré leur exploit d’écrire à quatre mains un ouvrage scientifique accessible à un public cultivé et intéressé par le rapprochement du droit et de l’économie dans la recherche d’une meilleure compréhension des comportements humains et des règles qui les guident. La rivalité du droit et de l’économie perdure en France au détriment de chacune de ces deux disciplines. Malheureusement, car, ainsi que les auteurs le démontrent avec talent , l’Analyse Economique du Droit –AED- qui s’est développée aux Etats Unis puis désormais en Europe depuis quelques décennies enrichit tout à la fois le droit et l’économie. Au travers de l’AED, une méthodologie économique contribue à mesurer l’influence des règles ou institutions juridiques sur les comportements individuels et de les adapter aux besoins exprimés par la société.

Mais au-delà des rapprochement du droit et de l’économie, qui partagent le même souci de favoriser la meilleure allocation des ressources entre les hommes, notamment en leur donnant les outils de l’échange qui y préside, cet ouvrage débat des fondements de l’économie à partir d’ «un très petit nombre de propositions générales qui résultent de l’observation ou de la réflexion et que tout homme admet comme évidentes dès qu’il les entend » comme le disait l’économiste Nassau William Senior dès 1852. L’économie est ainsi fondée sur « des observations indubitables de la nature humaine et du monde » (John Cairnes, 1875) comme le droit naturel lui-même d’ailleurs. Cette approche sera celle de Mises et plus généralement de l’école autrichienne. J’ai pour ma part quelques réserves à considérer ce postulat comme universel car il me semble que l’expérience n’est jamais inutile pour confirmer l’intuition et contribuer à la formation du jugement.

Mais cet ouvrage a le mérite de clairement poser les principes qui fondent l’économie autrichienne. Et bien entendu, nous partageons notamment la base du raisonnement selon lequel l’homme est un être conscient, responsable de son comportement et de ses actions qu’il détermine en fonction de sa propre évaluation de son intérêt. L’homme est un être rationnel qui agit donc selon ses motivations et les incitations positive ou négative qui le sollicitent et qu’il analyse. Sans doute devrait-on ajouter que les décisions humaines ont parfois des raisons que la raison ne connaît pas. Mais le droit naturel et l’économie de marché « autrichienne » partagent cette idée que le droit et l’économie doivent tendre à favoriser la recherche des hommes vers le bien comme finalité de leur nature. C’est le sens même de l’économie de marché et de la société d’état de droit. Comme le souligne Pascal Salin dans cette perspective, c’est d’ailleurs pourquoi le capitalisme ne se justifie pas d’abord par son efficacité mais plutôt par sa conformité à un ordre moral : » C’est parce que le capitalisme est conforme à la nature humaine qu’il est juste ». Il l’est parce qu’il est ordonné à la liberté de l’homme et à son accomplissement dans le respect de celui des autres.

Le droit et l’économie ont l’individu pour seul objet. Cet ouvrage montre aussi le dangereux travers de ceux qui raisonnent globalement au travers de modèles purement mathématiques,-économétriques-, comme trop d’économistes s’y adonnent aujourd’hui au risque de perdre de vue le sens même de leur étude. Ce livre, très didactique, permet de nous en mettre en garde en même temps qu’il ouvre à la compréhension des ressorts de l’économie et à ses liens étroits avec le droit.

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