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Trois organisations de l’ONU considèrent les subventions agricoles comme néfastes : changeons de modèle !

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Dans un récent rapport , la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) et le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) ont analysé les modèles des subventions et subsides pour le milieu agricole et leurs effets sur les prix, la production, l’environnement et la santé. Verdict ? Les subventions agricoles sont jugées « néfastes sur le plan social et environnemental » par les trois agences. La solution envisagée ? Si la logique voudrait qu’elles recommandent de supprimer ce qui est jugé néfaste, les agences internationales souhaitent que les subventions soient conservées, et réorientées vers une agriculture plus « durable », comprenez ici plus écologique.

Un constat sévère

Intitulé « Une opportunité à plusieurs milliards de dollars, réorienter le soutien agricole », le rapport se veut comme un avertissement aux gouvernements afin de leur faire réformer leurs programmes de subventions agricoles. Il a notamment été débattu lors du sommet sur les systèmes alimentaires, qui s’est tenu en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le 23 septembre dernier.

Selon les calculs des trois agences onusiennes, les mesures de soutien à l’agriculture mondiale représentent 15 % de la valeur productive agricole, soit 540 milliards de dollars (457 milliards d’euros). Ce montant pourrait tripler d’ici à 2030. Après examen de toutes les mesures d’aides, 87 % des subventions entrainent des effets délétères selon la FAO, le PNUE et le PNUD. Elles pénaliseraient les petits agriculteurs, favoriseraient certaines monocultures au détriment de variétés plus saines, et entraineraient des effets indésirables pour l’environnement. Un exemple cité est celui du Sénégal, dont l’Etat avait fortement subventionné la filière arachide. Cette dernière représentait 40 % des terres cultivées, ce qui provoqua une crise alimentaire en 2007-2008 et un appauvrissement des sols.

Le directeur de la division agroalimentaire de la FAO et principal auteur du rapport, Marco Sanchez Cantillo, note que dans les pays « à revenus intermédiaires », les mesures de distorsion des prix sont de plus en plus courantes alors que dans les pays « à bas revenus », le secteur agricole est pénalisé par des prix de matières premières maintenus très bas afin de favoriser les consommateurs. Cette dernière analyse pourrait également se faire pour certains pays développés…

Une analyse politique écologiste

Bien évidemment, derrière cette analyse, le discours politique écologiste est bien présent. Les denrées les plus subventionnées seraient les plus consommatrices de ressources (la viande, le lait, le riz, le sucre). La majorité des subventions favorise donc des productions néfastes pour la nature, le climat bien sûr, la nutrition, la santé, et… les femmes. Ainsi, le but du rapport n’est pas de critiquer la politique de la subvention en soi, mais de la réorienter en la teintant d’écologisme. Ainsi, tout subside alloué à l’agriculture devrait répondre à des objectifs écologiques et climatiques, sans pour autant expliquer lesquels.

C’est ce que regrette Emile Frison, expert belge des systèmes alimentaires durables interrogé par Le Monde. Pour lui, « ce document aurait pu être l’occasion d’exprimer plus fermement la nécessité d’une transformation agroécologique ». La nouvelle PAC est encensée dans le rapport, notamment parce qu’elle a entamé une réforme axée sur l’agriculture biologique et durable. Cela n’est pas assez pour « l’expert » belge qui dénigre la subvention à l’hectare et lui préfère la subvention à la performance environnementale.

Or, ce qu’oublie cet expert choisi par Le Monde, c’est que la « performance environnementale » ne va pas nourrir 8 milliards de personnes. Et c’est là le réel enjeu de l’agriculture. Le rapport le rappelle d’ailleurs : l’insécurité alimentaire s’aggrave et près de 10 % de la population mondiale souffre de faim chronique. En réponse, le texte préconise « d’aligner les objectifs agricoles avec les objectifs de développement, de climat et de protection de la biodiversité. »

Si les instances onusiennes voulaient à la fois résoudre les problématiques environnementales et climatiques, et le problème de la faim dans le monde, elles appelleraient de leur souhait le développement des cultures OGM, résistantes aux aléas climatiques, peu gourmandes en eau, nécessitant peu de produits phytosanitaires et de passage d’engins, et ayant un rendement supérieur aux cultures conventionnelles. Mais cela ne rentre pas dans la charte du bon écologiste.

Supprimons toutes les subventions

Les organismes de l’ONU constatent donc une certaine perversité des subventions agricoles. Pourtant, ils ne remettent pas en cause ce système mais veulent le réorienter afin qu’ils correspondent aux désidératas politiques du moment.
Plutôt que de vouloir les remplacer par d’autres subventions plus « favorables au climat », il vaudrait mieux les supprimer purement et simplement. Une réorientation ne fera que changer le paradigme du cercle vicieux des subventions. Car rappelons-le, la subvention n’est qu’un léger retour de ce qui a été pris auparavant dans la poche de l’agriculteur et du contribuable, et elle ne fait que maintenir une partie des agriculteurs dans la pauvreté.

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Les subventions n’améliorent ni la vie des agriculteurs, ni l’agriculture en général. La France est un cas d’école. Un agriculteur sur trois gagne moins de 350 € par mois, alors que la France est le premier pays bénéficiaire d’aides de la PAC. Notre pays dégringole dans le classement des pays producteurs de matières agricoles. Troisième mondial, il est passé sixième. Premier européen, il est désormais troisième derrière l’Allemagne et les Pays-Bas dont les agriculteurs bénéficient de moins de subventions… et subissent moins de normes !

Il est nécessaire de libérer l’agriculture du fardeau administratif et réglementaire, tout en sortant progressivement de la politique de la subvention. L’agriculture française doit notamment s’inspirer du modèle néo-zélandais, qui tout en ouvrant son marché, a supprimé les subventions ainsi qu’un grand nombre de normes et d‘agences gouvernementales. Aujourd’hui, c’est un des grands leaders de l’agriculture mondiale. Le secteur agricole génère 5 % du PIB de la Nouvelle-Zélande contre 1,76 % pour la France !

La politique orientée de la subvention bloque également le progrès technique. En sortir permettra d’explorer les possibilités de nouveaux croisements pour les cultures, dont les OGM, plus écologiques que l’agriculture bio. Pour une agriculture véritablement durable, il faut moins de subventions, moins de réglementations, moins d’administration, et plus d’innovation.

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6 commentaires

Francis 1 octobre 2021 - 7:58

Trois organisations de l’ONU considèrent les subventions agricoles comme néfastes : changeons de modèle !
Article écrit par des gens qui ne connaissent l’agriculture que de loin, très loin.

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Aymeric Belaud 1 octobre 2021 - 1:42

Trois organisations de l’ONU considèrent les subventions agricoles comme néfastes : changeons de modèle !
Commentaire qui tombe mal, très mal. Je suis moi-même agriculteur, issu d’une famille d’agriculteur et avec un entourage composé d’agriculteur.

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VIGNELLO 1 octobre 2021 - 7:59

Trois organisations de l’ONU considèrent les subventions agricoles comme néfastes : changeons de modèle !
Le pire en France est que le système nourrit 40000 fonctionnaires (et oui au ministère de l’agriculture, pas de dépendance avec la MSA) pour offrir des subventions aux roitelets divers qui sont les gros propriétaires terriens sur notre sol !

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PhB 1 octobre 2021 - 10:11

Trois organisations de l’ONU considèrent les subventions agricoles comme néfastes : changeons de modèle !
Vous ne connaissez pas le métier!
J’ai pu échanger avec des agriculteurs lors de leurs manifestations devant le Parlement Européen!
Ces subventions sont le seul moyen de faire survivre nos agriculteurs déjà pressés par les acheteurs de grandes surfaces, les produits d’autres pays ne respectant pas un minimum de règles de production.
C’est le seul moyen de pouvoir espérer avoir des sources d’alimentation saines et produites de façon raisonnée.
Tant que l’Europe n’aura pas une réelle harmonie sociale, donc les mêmes revenus et des coûts similaires dans les différents états un peu comme « aux States », il ne pourra pas en être autrement.
C’est à ce moment là que pourra naître aussi une harmonie économique mais là, je REVE!
L’Europe a été crée par le mauvais bout: pour favoriser les flux financiers d’abord!
Ce n’est que l’intérêt de ces financiers que vous défendez, qui font jouer la concurrence à tout va, provoquant ce phénomène générant une logistique irresponsable où les marchandises traversent parfois la moitié de la planète avant d’arriver dans nos assiettes!
Vous êtes comme nos politiques ignorant la réalité du terrain!
Avant de vouloir faire la morale, commencez par aller travailler six mois avec un exploitant agricole, après on en reparlera!

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Aymeric Belaud 1 octobre 2021 - 1:55

Trois organisations de l’ONU considèrent les subventions agricoles comme néfastes : changeons de modèle !
Bonjour, je me permets une pause dans mes vendanges pour répondre à votre « commentaire ».

Contrairement à ce que vous avancez sans preuve, je suis moi-même agriculteur, issu d’une famille d’agriculteur, et je connais bien le métier.
Je fais mieux que d’échanger avec des agriculteurs, puisque je suis du métier, et n’y passe pas six mois seulement mais toute l’année. Votre procès d’intention tombe donc à l’eau. Dommage.

Oui, les subventions font vivre un bon nombre d’agriculteur. Mais c’est bien cela le problème ! L’agriculture est dépendante des aides et du bon vouloir des dirigeants européens. Est-ce que depuis la PAC, la condition agricole s’arrange ? NON ! Il suffit d’aller en Suisse, qui ne bénéficie pas de la PAC, pour se rendre compte de la réalité et des dégâts provoqués par cette dernière.
De plus, contrairement à ce que vous annoncez, des grosses entreprises agricoles bénéficient parfois plus des subventions que des petites.

Il faut sortir l’agriculture de cet engrenage qui lui sera fatal. Cette sortie doit être progressive, et bien évidemment accompagnée d’une baisse massive des réglementations, normes, charges et impôts qui pèsent sur nos entreprises agricoles. Cette baisse normative va libérer l’innovation, et permettre l’emploi de nouvelles techniques et biotechnologies comme les OGM, bien plus efficace pour maintenir les petites exploitations et nourrir 8 milliards d’individus que des subventions qui sont un engrenage mortifère pour nous tous.

Je vous invite à lire notre étude sur l’agriculture : https://fr.irefeurope.org/Publications/Etudes-et-Monographies/Liberer-les-agriculteurs-du-joug-administratif#:~:text=L'IREF%20propose%20de%20privatiser%20les%20chambres%20d'agriculture%20et,une%20corporation%20par%20le%20contribuable.

Cordialement.

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PhB 1 octobre 2021 - 4:47

Trois organisations de l’ONU considèrent les subventions agricoles comme néfastes : changeons de modèle !
Merci monsieur Belaud pour votre développement en réponse à ma remarque.
Avant de commencer, pouvez-vous me décrire en résumé comment se passe la vie de votre exploitation.
Est-elle votre seule source de revenus? si ce n’est pas le cas, votre situation est un peu comparable à celle de certains de mes anciens collègues travaillant à l’usine le matin dès très tôt et ensuite une fois libérés vers 15h, vaquaient aux occupations de leur exploitation familiale.
Certains cultivaient des céréales et du tabac (subventionnés), d’autres prêtaient main forte à leur famille possédant une centaine de vaches laitières alimentées par la production de leurs espaces agricoles, ayant même fait l’acquisition d’un robot de traite il y dix ans.
Ces collègues ayant en fait deux « travail » avaient du mérite car il ne bâclaient aucun des deux.
Ils étaient rarement absents pour maladie (la vie au grand air doit y être pour quelque chose)
Ca posait parfois problème quand, chaque année, ils demandaient à certaines périodes de pouvoir bénéficier de congés non rémunérés. Etant par exemple, des techniciens testeurs d’amplificateurs haute-fréquence, il était difficile de les remplacer.
Ils étaient jalousés par certains des autres collègues et même le patron qui les accusait de venir « bosser à l’usine » pour la protection sociale.
L’un deux, il y a vingt ans maintenant, exploitant de tabac et maïs a ainsi décidé de démissionner pour se consacrer à plein temps à son exploitation…RESPECT!
Votre argument sur l’état de l’agriculture Suisse a retenu toute mon attention.
S’ils sont en meilleure posture que les français, il y a probablement plusieurs raisons:
Moins de paperasserie administrative certes, mais aussi le fait que la vie étant plus chère chez les Helvètes, ils sont probablement mieux payés par leurs clients, avec la douane peut-être aussi moins « envahis » par les produits alimentaires étrangers produits à bas coût sans respect des règle de base.
Je suis pour les petites exploitations utilisant des circuits courts.
Les fermes de type « mille vaches » et autres organisations similaires ont montré leur limites avec la promiscuité générant la maltraitance animale, la propagation des maladies nécessitant l’usage à haute dose d’antibiotiques et Cie….
Certaines coopératives s’organisent et commencent à avoir des résultats sans OGM en réduisant les pesticides et en pratiquant une culture diversifiée faisant collaborer plusieurs plantes entre elles. J’ai vu un reportage sur FR3 qui décrivait une telle exploitation, associant agriculteurs, fromagers, producteurs de viande, bouchers, etc… dans le pays Basque, qui est viable. Il faut juste de la coopération et une attitude attentive et honnête des individus.
Concernant les catastrophes liées au climat, je n’ai pas de ….solution. C’est dramatique!
Chez nous en Alsace on est assez bien préservé (pour l’instant) avec une nappe phréatique pas très profonde, permettant l’irrigation même pendant les sécheresses et peu d’orages provoquant des inondations.
Cordialement
PhB

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