Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Sanofi et Covid 19 : il faut respecter la propriété intellectuelle et faire confiance au marché

Sanofi et Covid 19 : il faut respecter la propriété intellectuelle et faire confiance au marché

par
131 vues

Comme souvent, la France se distingue dans sa haine des multinationales et des laboratoires pharmaceutiques. Il a suffi d’une rumeur, une étincelle, pour s’en prendre au laboratoire Sanofi qui aurait promis aux Etats-Unis d’être «servis» en premier en cas de découverte d’un vaccin contre le coronavirus. Enorme tollé même chez les serviteurs de l’Etat et du système de santé, les mêmes qui, début mars, étaient incapables de fournir du gel et des masques au personnel des hôpitaux. Concernant le vaccin, on a appris d’une part que, malheureusement, ce n’est pas pour demain et d’autre part qu’il s’agit d’une recherche financée par les Américains à hauteur de 30 millions de dollars. Sanofi a tout de suite calmé les esprits en promettant une diffusion mondiale de l’éventuel vaccin. Espérons que cette polémique ne poussera pas le laboratoire à transférer ses centres basés en France…
Il y un autre aspect qu’il ne faut surtout pas négliger : la propriété intellectuelle et les brevets. Qu’il s’agisse de médicaments ou de vaccins, les laboratoires investissent des sommes énormes dans la recherche médicale, qui est très longue et qui n’aboutit pas forcément aux résultats escomptés. Sanofi a obtenu des financements américains grâce auxquels il peut mener les recherches sur le vaccin contre le Covid-19, entre autres. Sanofi sera propriétaire de ce vaccin, et s’il trouve normal de servir en premier ceux qui l’ont financé, il n’y a rien à dire. Si un laboratoire français le devançait et mettait au point, le premier, un vaccin ou un traitement, en ferait-il profiter immédiatement les Etats-Unis tout autant que la France, à due proportion de leurs populations respectives ?

Les entreprises françaises contribuent à diriger un effort de recherche mondial historique qui comprend près de 550 initiatives pour développer et tester des thérapies et des vaccins contre le COVID-19. Cela couvre une large gamme de composés qui peuvent potentiellement traiter les patients COVID-19 et prévenir l’infection par les coronavirus. Certains sont des médicaments réutilisés qui existent depuis un certain temps, comme l’interféron bêta. D’autres sont de nouvelles technologies de pointe qui repoussent les limites de l’innovation médicale, comme les vaccins à ARNm qui incitent le corps à produire des protéines pour lutter contre l’infection à coronavirus.

Il est important de se rappeler que certains des traitements qui se sont révélés prometteurs contre le COVID-19 dans les études observationnelles, comme l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, sont des médicaments génériques utilisés pour traiter d’autres affections. Ces traitements sont le produit de décennies d’investissement dans la recherche et le développement, basés sur un solide système de protection de la propriété intellectuelle. La santé des générations futures dépendront des nouvelles découvertes médicales et, plus que jamais, les innovations doivent être protégées pour garantir que les entreprises continuent d’investir à haut risque dans la recherche et le développement.
Grâce à des recherches intensives, une ou plusieurs de ces initiatives réussiront bientôt et l’accent sera rapidement mis sur la capacité de fabrication et de distribution mondiale pour assurer un accès rapide aux patients dans au moins 120 pays touchés par COVID-19. Dans le domaine de la médecine, il n’y a pas de modèle pour un lancement réussi à cette échelle. Mais il existe des mesures que les gouvernements peuvent prendre aujourd’hui pour supprimer les obstacles à un accès rapide.
Les pouvoirs publics peuvent être poussés à agir dans l’urgence et à mettre la pression sur les laboratoires pour brûler les étapes. Attenter à leur liberté de recherche et de gestion du projet serait pourtant la pire chose à faire dans un monde où l’innovation est le principal facteur du développement humain.
Le cas du Covid 19, malgré la tragédie qu’il provoque, ne doit pas déroger à la règle ni au droit. Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de traitement, pas plus que de vaccin, mais au moins une douzaine de sociétés pharmaceutiques travaillent dessus, dont deux ont même commencé les essais cliniques. Les Etats ne doivent pas s’en mêler en imposant des restrictions au droit de propriété et au libre échange car le traitement contre le Covid 19 sera un produit comme un autre. Il faudra le commercialiser très vite, c’est vrai, mais sans s’affranchir de la législation sur les brevets ni des règles commerciales. Le libre-échange fonctionne bien grâce à ces règles. Lorsqu’un laboratoire sud-coréen a commercialisé le premier test-kit pour le Covid, tout le monde en a profité, y compris la France. Respecter l’innovation facilite la recherche et conduit à d’autres découvertes.
Les pays ont des exigences réglementaires nuancées et complexes pour la fourniture de tout médicament ou vaccin. Cela comprend l’examen d’experts par les autorités sanitaires gouvernementales, la traduction de documents, les accords de licence, les droits de douane, la préparation de la chaîne d’approvisionnement, les protocoles d’administration, etc. Bien que certaines de ces étapes essentielles ne puissent être prises qu’une fois que nous avons un produit potentiel en main, de nombreuses peuvent être résolues dès maintenant pour éliminer les obstacles à l’approbation réglementaire.

Considérez la complexité qui irait dans un vaccin efficace contre les coronavirus, un produit biologique créé avec des organismes vivants. Cela nécessite un processus de fabrication hautement spécialisé et une chaîne d’approvisionnement sophistiquée et soigneusement coordonnée pour faire le voyage réussi du laboratoire au patient. Les actions non coordonnées du gouvernement pour saisir ces produits par le biais de pratiques draconiennes d’octroi de licences ne feront que les ralentir, créant de la confusion et des problèmes de communication dans le processus. Il est important de noter que de telles pratiques ne transfèrent pas de savoir-faire pour accélérer rapidement la production et, avec les systèmes de santé sous tension, elles risquent de mal affecter les ressources et d’empêcher l’utilisation efficace des matériaux de production critiques.
Les mêmes problèmes s’appliquent aux «pools de brevets volontaires». L’Organisation mondiale de la santé a présenté ce concept au nom du gouvernement costaricien en tant qu’outil de collecte et de partage des droits de brevet, des données de tests réglementaires et d’autres informations relatives aux traitements, vaccins et diagnostics COVID-19. Les partisans soutiennent que donner à l’agence de santé le pouvoir de délivrer des licences pour ces produits faciliterait l’accès dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Cette idée est séduisante mais peu pratique. L’Organisation mondiale de la santé a perdu sa crédibilité – et son principal bailleur de fonds, les États-Unis – en raison de faux pas répétés et de directives contradictoires pendant la pandémie. Donner à cette agence le pouvoir de gérer les chaînes d’approvisionnement et les accords de licence ne fera que créer des divisions et mettre plus de distance entre les patients et l’aide dont ils ont besoin.

Sanofi, comme les autres laboratoires lancés dans une course à l’innovation, ne doit pas être influencé par les pouvoirs publics ou par la pression médiatique. Le passé a montré que, grâce à la propriété intellectuelle et au marché, les traitements médicaux progressent régulièrement et aident l’humanité à mieux vivre.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

1 commenter

Paul 23 mai 2020 - 3:17

Qui Finance?
30 millions par les USA mais combien la France finance-t-elle? Il y a les crédits impôts recherche. C'est bien du financement Français même s'il n'est pas explicitement pour le covid, il permet le financement. La santé n'est pas une marchandise comme les autres. Les groupes pharmaceutiques américains mettent des prix en fonction de l'acceptabilité de l'acheteur et non le prix intrinsèque. Comme la sécurité sociale rembourse, il faut qu'il soit référencé. cela veut bien dire que ce n'est pas une marchandise comme les autres et que donc les règles du libre échange ne s'appliquent pas normalement le marché en est faussé.
Pourquoi y a-t-il des ruptures de stocks sur les génériques et pas sur les autres produits? c'est qu'il y a un vrai problème d'offre et demande que le marché libre ne résout pas.

Répondre