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L’Allemagne se désendette de 1675 € par seconde

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2 255 316 000 000 €, c’est le montant de la dette qui sera transmise à nos enfants. Impossible de concevoir un tel montant. Cela représente 33 567 € par Français. Une fatalité ? Nos voisins européens nous montrent que non.

L’État français est abonné aux déficits depuis 1975

Depuis 43 ans, pas une seule année les administrations ne sont parvenues à équilibrer leurs comptes.
. Plus personne ne conçoit d’ailleurs que cela puisse arriver un jour. Désormais, l’objectif politique affiché est de limiter le déficit au sacro-saint 3 % du PIB.

D’après Eurostat, la dette publique atteignait 2 255 milliards d’euros à la fin du premier trimestre 2018, soit 97,7 % du PIB. Pour être rigoureux, il faudrait ajouter les droits acquis des retraités français qui sont aussi des engagements que l’État devra assumer, ce qui fait grimper la dette entre 400 et 550 % du PIB.

Alors que la dette publique augmente de 2090 € par seconde (moyenne 2017), elle baisse outre-Rhin d’un montant comparable, 1675 € par seconde.

Les États allemand et néerlandais accumulent des excédents qui permettent de diminuer le volume de leurs dettes depuis 2015. La France, l’Espagne et l’Italie, quant à elles, font figure de mauvais élèves malgré une situation économique conjoncturelle favorable.

Figure 1 : transition du déficit/surplus à la variation de la dette en pourcentage du PIB

Figure 1 : transition du déficit/surplus à la variation de la dette en pourcentage du PIB

La dette est une faute, mais pas une fatalité

En allemand, « dette » et « faute » se traduisent en un seul mot « schuld ». Un budget déséquilibré pénalise doublement les générations futures de contribuables, pauvres comme riches : elles devront rembourser l’argent qu’elles n’ont pas dépensé tout en payant les intérêts des obligations. À l’heure actuelle, chaque nouveau Français naît avec une dette de plus de 33 000 € à rembourser.

Mais la dette opère aussi une redistribution inversée des pauvres vers les riches, appelée « Robin des bois à l’envers ». L’État emprunte de l’argent à ceux qui en ont, c’est-à-dire aux plus fortunés. Les emprunts publics sont donc une rente que les plus pauvres sont forcés de payer à ceux qui ont les moyens d’investir dans des obligations.

Parmi les cinq premières économies de la zone euro, seule la dette française augmente au prorata du PIB. Depuis 2012 en Allemagne et depuis 2014 aux Pays-Bas, la dette baisse significativement en volume. Ces pays montrent qu’il est tout à fait possible d’inverser la tendance.

Figure 2: evolution de la dette publique brute en pourcentage du PIB

Figure 2: evolution de la dette publique brute en pourcentage du PIB

Réformer, c’est faire mieux avec moins

Face à sa dette colossale, le gouvernement canadien a engagé des réformes considérables dans les années 1990. L’État fédéral a dégagé des budgets excédentaires grâce à des réductions drastiques des dépenses publiques. Il a massivement baissé les impôts pour libérer la création de richesses. Le taux d’imposition des entreprises a été divisé par deux pour atteindre 15 % en 2013, soit le taux le plus bas des pays du G7.
À l’image de l’État providence français actuel, la Suède était soumise à une politique dirigiste et particulièrement spoliatrice dans les années 1980. L’État scandinave confisquait alors plus de la moitié des richesses produites et accumulait pourtant une dette considérable. L’éducation et la santé ont été partiellement privatisées et le statut des fonctionnaires a été supprimé. En Suède, il n’y a plus de régime spécial de retraites ni d’emploi garanti à vie pour les fonctionnaires.

Les exemples du Canada et de la Suède montrent qu’il est possible de réformer en profondeur les administrations et le périmètre de l’État pour libérer la création de richesse, améliorer les services publics en les ouvrant à la concurrence et réduire massivement la dette publique. Au Canada, d’après l’OCDE, cette dernière est passée de 130 % du PIB dans les années 1990 à moins de 90 % avant la crise de 2007-2009. Sur la même période, l’État suédois s’est désendetté de près du tiers de la charge pesant sur les générations futures, en passant de 80 % à 50 % d’endettement.

Il n’y a rien de plus antisocial qu’une dette publique, mais il est possible de mettre fin à la spirale du « Robin des bois à l’envers » relativement vite. Pour réformer ses administrations, Emmanuel Macron ne doit pas chercher à « faire des économies » qui ne feront que dégrader la qualité des services sous les monopoles d’État. Son étatisme doit être remis en question pour engager une refonte structurelle entre ce qui relève des missions régaliennes et ce qui doit être libéré par le marché et la concurrence. Le dernier projet de loi de finances n’en prend malheureusement pas le chemin.

Figure 1 : transition du déficit/surplus à la variation de la dette en pourcentage du PIB
Figure 1 : transition du déficit/surplus à la variation de la dette en pourcentage du PIB
Figure 2: evolution de la dette publique brute en pourcentage du PIB
Figure 2: evolution de la dette publique brute en pourcentage du PIB

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7 commentaires

Florian Hunevald 16 octobre 2018 - 12:47

Très bon article mais
Très bon article Laurent qui met en lumière et en perspective (avec d'autres pays de la zone euro) l'unique manque de volonté politique face à cette situation.

"Parmi les cinq premières économies de la zone euro, seule la dette française augmente au prorata du PIB"

Ton graphique juste en-dessous montre que la dette italienne et espagnole augmente aussi au prorata du PIB, et si je ne me trompe pas, l'Italie est la 3eme économie de la zone euro et l'Espagne la 4ème ?

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Laurent Pahpy 16 octobre 2018 - 9:44

Merci pour cette remarque. J'aurais dû préciser que je parlais de ces 4 dernières années. Sur cette période, la dette espagnole baisse légèrement et la dette italienne stagne (en % PIB).

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Laurent46 16 octobre 2018 - 5:22

culture Française !
Deux cultures Françaises bien tenaces Les dettes et les Taxes en France!
Historiquement rien de nouveau, si on gratte un peu, il reste aujourd'hui des descendants de nobles venant du fin fond de l'histoire du pays qui vivent encore grassement sur l'argent accumulé sur le dos de la société. Historiquement, la France n'a jamais été un bon élève sauf pour la grande vie et prétention de ses dirigeants et hauts fonctionnaires. Rien de nouveau. La bonne santé de la dette et des taxes fait de la France un pays qui restera toujours dans la médiocrité mais visiblement hélas cela convient parfaitement à la majorité de la population.

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la Mouchette 16 octobre 2018 - 10:30

les français vont etre bientot mis à leur propre réalité ,le cataclysme financier est une hypothese tres réaliste dix fois plus grave qu'en 2008 .les mesures bidons prises par les gouvernements et les banques centrales n'ont pas sauvé le monde mais ont plutot crée une bulle énorme qui est sur le point d'éclater et la loi Sapin 2 piochera sans borne dans nos assurances vie et livret en tout genre car les banques comme la france sont aujourd'hui en faillite .

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Jidé 17 octobre 2018 - 12:50

déficit et…dette!
Je suis étonné que l'on parle "seulement" du déficit,certes énorme,mais pourtant il me semble que lorsque l'on évoquait les accords de Maastricht il s'agissait de maintenir ce déficit à 3% du PIB mais aussi et surtout que la dette ne devait pas dépasser 60 % de ce PIB. Quid à ce sujet???

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André Diers 19 octobre 2018 - 8:14

LA dette de deux "grands" pays Européens
Et certains se révoltent quand l’Allemagne nous donne, dit on, des leçons ??? Notre malheureux pays est chaque jour un peu plus ridicule …..pour le reste inutile de m'en demander le et les responsables ils s'affichent plus souvent qu'à leur tour !!!!

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Ded58 9 novembre 2018 - 11:07

Où va notre argent?
Bonjour,
Désireux de connaître la manière dont nos dirigeants utilisent notre argent, j’ai consulté Internet (tableau des dépenses publiques, Loi de finances 2018). Je n’ai pas compris grand-chose..
Nos dirigeants non plus, très vraisemblablement.
Ma question est donc: existe t’il un moyen simple de bien comprendre où va l’argent public, avec des termes faciles à interpréter (et PAS par exemple « remboursements et dégrèvements » dont on ne sait nullement en quoi ça consiste..), et sans double-comptes (comme par exemple « cohésion des territoires » et «aide publique au développement »?
Merci, car je ne voudrais pas mourir idiot..

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