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Ni parasites, ni nantis, ni assistés :

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En pleine réforme des retraites, une fable redoutable nuit considérablement aux retraités, en faisant croire qu’ils sont quasiment les obligés de la population active, parce que les cotisations des actifs financent leurs pensions. Pour mieux réfuter cette mystification, nous la disséquerons dans un premier temps (I), puis nous la dissiperons à travers le triple spectre d’une approche juridique (II), assurancielle (III) et statistique (IV). Ceci fait, nous reviendrons brièvement sur les vérités à rétablir (V) et avant de conclure (VII), nous proposerons une synthèse (VI) qui montre qu’en réalité, les retraités ne sont ni des parasites, ni des assistés, mais bien des assurés ou des ayants-droit.

I – LA FABLE OFFICIELLE

D’éminents spécialistes des retraites et le Président Macron lui-même, ne cessent de la répéter en boucle. Tous prétendent que, puisque les cotisations des actifs ont servi à payer les pensions des retraités, lorsque ces actifs arrivent à la retraite, ils n’ont en conséquence plus aucun droit propre ou personnel à faire valoir. Partant, les retraités ravalés au rang de parias sont systématiquement exclus :

– de toutes les instances publiques qui débattent et qui décident des retraites (notamment Conseil d’Orientation des Retraites, Comité de Suivi des Retraites et Haut-Commissariat à la Réforme des Retraites…),

– de la plupart des Conseils d’Administration des Caisses qui leur versent leurs pensions.

Or cette analyse discriminante cumule deux défauts :

– elle repose sur deux hold-up absolument abracadabrants :
le premier au détriment des cotisants, lorsque leurs cotisations sont affectées sans retour au payement des pensions en cours,
le second quelques décennies plus tard au bénéfice des mêmes cotisants lorsqu’ils deviennent à leur tour retraités, puisque qu’ils récupèrent alors à leur profit le droit de « rapine » que les retraités de la génération précédente auraient exercé sur leurs propres cotisations;

– elle découple abusivement les cotisations des pensions et ces dernières deviennent de simples dépenses publiques relevant de l’assistanat. Ce déclassement de leurs pensions ravale les retraités au rang de parias, dont on ne se rappelle opportunément l’existence qu’aux échéances électorales majeures et la plupart du temps pour les berner (cf. la garantie « macronienne » du pouvoir d’achat !).

En réalité, économiquement injuste et socialement désastreuse, cette analyse est surtout juridiquement fausse, comme le prouvent les deux prismes convergents de l’analyse institutionnelle et de l’analyse assurantiel, auxquels vient récemment de s’ajouter l’évaluation par l’INSEE des engagements résultant de la répartition.

II – L’APPROCHE JURIDIQUE

En effet, rivée au principe de la répartition, l’obligation de solidarité intergénérationnelle implique que les cotisations des cotisants fondent juridiquement – quelques décennies ou quelques années plus tard – les pensions des retraités, car ce sont exactement … les mêmes personnes qui se trouvent d’abord à cotiser, puis à percevoir.

En effet, l’affectation des cotisations des actifs au payement des pensions des retraités est purement financière et juridiquement elle ne dépouille pas les cotisants de leurs droits futurs à pension. Car en référence au Préambule de la Constitution qui fonde le droit du travailleur âgé à une fin de vie décente, le Code de la Sécurité Sociale (cf. article D 161-2-1-8-2) rappelle l’existence d’une obligation de solidarité intergénérationnelle qui organise une chaîne de solidarité entre les générations. C’est tout simplement ce qui évite à notre système de répartition de verser dans une pyramide de Ponzi, dont l’affaire Madoff a révélé tous les risques.


LA SOLIDARITÉ INTERGÉNÉRATIONNELLE

Quand naît, puis croît un enfant (génération G), il demeure tout le temps de son enfance et de son éducation à la charge de ses parents (génération G-1). Une fois terminée sa formation et parvenu à l’âge adulte, il va s’insérer dans la population active :
– d’une part en versant des cotisations en vue de sa propre retraite bien que leur collecte serve à financer la retraite de ses parents (génération G-1),
– d’autre part, en engendrant des enfants (génération N+1) qu’il élèvera et éduquera à son tour.

Enfin l’âge venant, il partira lui-même à la retraite et percevra -au titre du lien de concomitance – une pension certes payée avec les cotisations versées par ses enfants (génération G+1) alors entrés dans la vie active, mais néanmoins issue juridiquement -au titre du lien d’existence- des cotisations qu’il a lui-même versées durant toute sa carrière et qui déterminent le montant de ses droits.

Donc, l’affectation des cotisations des actifs au service des pensions des retraités ne prive nullement les premiers d’un droit de créance sur le système de retraite qu’ils liquideront et mobiliseront le jour venu au moment de leur cessation d’activité. Sinon, comment expliquer que des actifs irréversiblement dépouillés de leurs cotisations passées puissent miraculeusement recouvrer leurs droits disparus lorsqu’ils cessent leur activité ? Cette analyse juridique vous paraît un peu compliquée ? Rassurez-vous, la voie alternative de l’analyse assurantielle devrait aisément vaincre vos dernières réticences.

III – L’APPROCHE ASSURANCIELLE

Dans la droite ligne des assurances sociales, le Code de la Sécurité Sociale (cf. Titre 6, chapitre 1er, sous-section 4) inscrit formellement les retraites dans le cadre d’une « assurance-vieillesse » en désignant expressément le bénéficiaire comme un « assuré » dont les droits de base sont gérés par la « Caisse Nationale d’Assurance-Vieillesse » (CNAV). Dès lors, la logique est imparable : la retraite, c’est une véritable assurance puisqu’elle en réunit les trois éléments constitutifs :

– des primes : ce sont les cotisations versées durant toute la période d’activité ;
– un sinistre, qui demeure bien éventuel puisque subordonné à la survie de l’assuré lors de son départ à la retraite, une indemnisation, qui consiste alors en une rente viagère calculée en fonction du total des « primes » précédemment acquittées.

L’EXEMPLE

Un assureur qui affecte les primes de ses clients à l’indemnisation des sinistres survenus à certains d’entre eux, ne peut exciper des indemnisations qu’il a déjà versées pour refuser à un nouveau sinistré tout droit à indemnité.

1 -juridiquement, le contrat d’assurance est un contrat synallagmatique (d’engagement réciproque entre les parties). En contrepartie du versement régulier par le client de la prime convenue, l’assureur est tenu d’indemniser le sinistre éventuellement subi par l’assuré. Dés l’origine, il y a donc bien une relation indissociable entre la prime et l’indemnisation du sinistre assuré et l’assureur ne peut évidemment s’en dédire au prétexte que les primes versées par l’assuré ont été déjà consommées dans l’indemnisation d’autres sinistres.

2 – en droit des assurances, l’assureur est tenu de provisionner techniquement les sinistres à venir. Or ce sont bien les polices souscrites et les provisions techniques qui en découlent qui assurent la couverture des droits des assurés et non pas les nouvelles primes recouvrées ou en cours de recouvrement sur des tiers.

Donc par quelque bout qu’on la prenne, l’analyse officielle ne tient pas la route et en réalité, elle vise uniquement à déstabiliser les retraités et à les décrédibiliser auprès de l’opinion. Il ne s’agit rien moins pour un exécutif financièrement aux abois que de dégager sur les retraites des marges de manœuvre qu’il demeure rigoureusement incapable d’extraire de la réduction d’une dépense publique qu’il chérit comme un vice.

IV – L’APPROCHE STATISTIQUE

Une dernière source achève de mettre à mal la fable officielle : l’INSEE, lui-même, qui pourtant ne peut pas être suspecté d’œuvrer contre le pouvoir qui le contrôle. En effet, comme le rapporte le COR dans un document daté du 11 juillet 2018, l’Institut évalue tout simplement entre 8 108 (avec un taux d’actualisation à 3%) et 9 804 milliards d’euros (avec un taux d’actualisation à 2%) soit aux alentours de 4 années de PIB, les engagements en cours à fin 2015 résultant de la répartition au titre des seuls régimes obligatoires. Qui plus est ces estimations sont requises parmi les informations obligatoires à fournir chaque année à Bruxelles Si donc il y a des engagements qui persistent et que leur évaluation est exigée par les autorités européennes, cela confirme donc bien que les actifs n’ont pas du tout abdiqué leurs droits à retraite au profit des retraités sous prétexte que les cotisations des premiers auraient servi à payer les pensions des seconds. Le grief du pouvoir reprochant aux retraités de vivre sur le dos des actifs tient en réalité de l’intoxication, puisqu’il se trouve en contradiction flagrante avec la démarche de son propre statisticien et les exigences de Bruxelles. L’évaluation de l’INSEE confirme à la fois l’évidence et le bon sens, à savoir que les cotisations versées par les actifs leur créent des droits différés à pension – les fameux engagements – qu’on ne peut rayer d’un trait de plume ou d’une imposture.

V – LES VÉRITÉS À RÉTABLIR

On l’a vu, la doctrine officielle fausse sciemment l’analyse. Or tenter de culpabiliser les retraités, en les considérant comme des parasites, parce que leurs pensions absorbent environ 14% du PIB national, constitue un chantage aussi odieux qu’indigne. En effet, en dehors de l’Inspection des Finances, toute personne qui possède le moindre rudiment de comptabilité sait que tout mouvement financier comporte une origine et un dénouement. Or là curieusement, toutes nos « pointures » qu’obnubile le « dénouement » – la pension des retraités – oublient que ce payement n’a pu advenir que parce qu’il avait pour « origine » la longue suite des cotisations versées par ces retraités du temps de leur activité.

Par ailleurs, l’analyse assurancielle interdit aux chasseurs de coûts, comme d’ailleurs au COR, qui vient une nouvelle fois d’emprunter cette piste périlleuse d’invoquer le niveau de vie – actuellement légèrement supérieur à la moyenne générale – des retraités pour rogner leurs pensions. En effet a-t-on jamais vu un assureur « mégoter » son indemnisation en fonction de la plus ou moins grande aisance supposée de son client ? Enfin, il est intellectuellement stupide et socialement fort dangereux d’opposer celui qui acquitte des cotisations à celui qui perçoit une pension : car à quelques décennies d’écart et parfois à bien moins, on l’a vu, c’est exactement le même assuré social !

VI – LA SYNTHÉSE

La vie complète d’un être humain croise alternativement deux périodes d’environ deux décennies chacune, durant lesquelles il consomme de la solidarité (enfance+vieillesse), avec une troisième période d’un peu plus de quatre décennies, sur laquelle il fournit de la solidarité (vie active). C’est pour cette raison qu’il est aussi navrant :

– de vouloir dresser les générations G-1/G/G+1 les unes contre les autres, alors qu’elles sont biologiquement interdépendantes, économiquement liées et chronologiquement consécutives,

– que de tailler indument dans les pensions, car c’est toujours la même personne qui, dans un premier temps, dépend de ses parents, avant dans un second temps d’assumer à la fois la charge de leur vieillesse et celle de l’éducation de ses enfants pour, l’âge venu, dépendre enfin de ces derniers.

UNE SOLIDE OPPOSITION À PRÉVOIR

En effet, la fable des « sans droits » permet à tous les détracteurs des retraités de vouer à la vindicte et au pain sec cette population de rentiers et de nantis, à la traîne des actifs. Pensez donc, des vieux qui captent égoïstement à leur profit des centaines de milliards, qui pourraient être si utilement dirigés vers les puits sans fond des politiques de la Ville ou la « Coopérative des Assistanats Réunis ». D’éminents spécialistes nous expliqueront même qu’en réalité l’assurance-vieillesse n’est pas une véritable assurance, tout comme la répartition n’est qu’une pompe aspirante qui engloutit sans jamais rendre. Désolé : une assurance reste intrinsèquement une assurance et toute répartition comporte nécessairement deux temps: celui du prélèvement des cotisations, puis celui de la redistribution des pensions et c’est même ce second temps qui parachève la répartition en lui donnant tout son sens!

VII – CONCLUSION

Donc par quelque bout qu’on prenne la question, par le droit, par l’assurance ou par la statistique, les retraités ont un droit inaltérable et personnel au versement de leurs pensions, lorsqu’ils arrivent à la retraite. Ceci prouve qu’au plus haut niveau, le pouvoir participe directement à ces « entreprises malveillantes de désinformation » qu’il condamne résolument chez les autres. Tout le débat des retraites, toute la réforme des retraites engagés sur ces bases fallacieuses qui considèrent indument le retraité – et encore plus, son conjoint survivant – comme une sorte d’assisté et d’incapable majeur, doivent être d’urgence corrigés et recentrés. En effet, le retraité n’est pas un acteur mineur, pas davantage un « accessoire » de notre assurance-vieillesse, c’en est la clef de voûte. Il figure l’aboutissement nécessaire, hors duquel ne peuvent subsister les fondements même d’un des piliers majeurs de notre Sécurité sociale. Les générations actives présentes feraient bien d’y réfléchir, avant de découvrir trop tard que les charlatans, qui leur font miroiter aujourd’hui de mirifiques assignats, leur auront en réalité demain volé toutes leurs retraites.

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14 commentaires

Daviet 16 avril 2019 - 10:25

Droit des retraités
Merci pour cette démonstration claire sans aucune ambiguité. Que l'état arrête de dévaluer nos droits de retraités.Nos pensions doivent suivre l'érosion monétaire. Nous n'avons pas a supporter une CSG dérogatoire au droit commun et a l'ensemble des français

Répondre
VALAT 16 avril 2019 - 1:47

Pourquoi ?
Pourquoi cette propension, de la part des organismes distributeurs, à qualifier de rentes ce que je recevais antérieurement sous l'appellation de pensions de retraite il y a quelques années ?
Une rente est constituée librement .
Une pension résulte d'une obligation légale à laquelle on ne peut se soustraire et qui obère une partie de votre revenu salarial .

Répondre
Bertrand 16 avril 2019 - 7:19

Rappelons ce que répartition veut dire
Bien sûr les retraités ont acquis un droit, celui de se repartir les cotisations perçues.
Personne ne leur conteste ce droit.
C’est le principe même de la retraite par répartition.
Mais quand le nombre de retraités augmente plus vite que celui des cotisants alors les retraites doivent diminuer.
Les retraités n’ont aucun droit d’exiger que les taux de cotisation augmentent ( au demeurant au-delà de ce qu’ils ont eux-mêmes cotisés) pour maintenir le niveau de leur revenu.
C’est exiger un droit de tirage sur les générations suivantes et l’economie en général.
L’article que je viens de lire me semble consommer beaucoup d’énergie à nier cette évidence.

Répondre
Thierry BENNE 21 avril 2019 - 3:18

RÉPONSE @ BERTRAND

Où donc avez-vous pris que l'article concluait à la nécessité d'augmenter sans fin les cotisations des actifs pour couvrir les pensions en cours?

Pourquoi ne pas admettre que les pensions soient originellement fixées en fonction de variables qu'actuellement- c'est vrai – elles prennent fort mal et fort tardivement en compte: notamment l'espérance de vie à la retraite et l'évolution démographique à condition bien entendu que l'on dispose de travaux moins constamment fluctuants et surtout beaucoup plus fiables que ceux du COR ou de l'INSEE.

Bien sûr, ces prises en compte pèseront inévitablement sur les retraites, mais elles doivent le faire prospectivement dès les cotisations de l'actif et au plus tard lors de la liquidation de sa pension. Et pas rétrospectivement après, pour éviter d'exposer la prise de retraite à un jeu de dés ou de roulette russe, en plongeant sur plus de vingt ans les retraités dans l'angoisse d'un pouvoir d'achat purement aléatoire, avec une tendance quasi irréversible à la détérioration rapide.

En dehors de ces tendances longues , restera évidemment l'évolution de la conjoncture économique pratiquement impossible à prévoir à 20 ans de distance et pour laquelle il faut admettre, comme dans de nombreux pays, l'intervention soigneusement régulée et encadrée d'un coefficient correcteur à la marge, mais qui doit pouvoir jouer à la hausse comme à la baisse.

Tout ceci pourtant ne confirme pas pour autant que les retraités vivent sur le dos des actifs et que leurs cotisations passées procèdent d'une sorte de mémoire virtuelle et furtive.

Cordialement : Th.B

Répondre
theano 16 avril 2019 - 7:48

Assistés?
Excellent article qui confirme ce que je ne manque jamais de rappeler à qui veut l'entendre. A savoir que la retraite n'est pas une aide sociale, et que les retraités ne sont pas des 'assistés'.

'Pensez donc, des vieux qui captent égoïstement à leur profit des centaines de milliards, qui pourraient être si utilement dirigés vers les puits sans fond des politiques de la Ville ou la "Coopérative des Assistanats Réunis".'

Coopérative des Assistanats Réunis, j'adore.

Et quand je dis qu'ils vont finir par proposer l'euthanasie aux vilains séniors qui auraient l'indécence de vivre un peu trop longtemps…

Répondre
Alain MITON 17 avril 2019 - 11:27

A propos de retraites
L'article de Mr Thierry Berne est affligeant et indigne des bulletins de L'IREF.
Préparer sa retraite c'est mettre de l'argent de coté pour ses vieux jours, ce n'est pas cotiser les yeux fermés en comptant sur les autres pour financer l'allongement de la durée de vie.
J'ai aujourd'hui 87 ans et une bonne retraite. J'ai conscience que je n'ai pas cotisé en proportion de ce que je touche. J'ai mis de coté un peu de capital pour financer ma fin de vie, je ne dois pas être très normal.
Avec 5 actifs pour un retraité, la retraite par répartition avait un sens. Avec 2 actifs seulement cela n'a plus aucun sens. S'accrocher à ce système consiste à vouloir faire payer les retraites par l'état…
Le sens des responsabilités semble bien rétrograde. C'est une société bizarre qui se prépare.
Je pensais que l'IREF était un peu plus sérieuse !
cordialement
Alain Miton

Répondre
Thierry BENNE 17 avril 2019 - 6:30

@ ALAIN MITON

À titre liminaire et si triste qu'ait pu vous paraître mon article, je me dois de vous faire respectueusement remarquer que mon patronyme n'est pas BERNE, mais BENNE.

Mais venons-en au fond: au terme de la publication, j'attache toujours du prix – à chaque fois que cela m'est possible – à nouer ou à poursuivre le dialogue avec mes lecteurs. Y compris – et je dirai même surtout – avec ceux (heureusement peu nombreux) qui ne sont pas contents du tout de mes articles, en les traitant comme vous d'affligeants et d'indignes et en reprochant à l'IREF son peu de sérieux.

Certes j'ai bien noté qu'âgé de 87 ans, vous avez aujourd'hui la chance, par l'heureuse conjonction de votre effort d'épargne et de choix personnels sans nul doute judicieux, d'être durablement à l'abri du besoin et je vous en félicite. Mais est-ce pourtant suffisant pour fustiger l'article sur la base d'une objection d'ordre purement démographique (la détérioration du classique rapport actifs/retraités) qui n'a rigoureusement rien à voir avec l'objet central du texte consacré à la définition du véritable statut du retraité, face aux critiques récurrentes qui en font un nanti, un nabab, un égoïste ou un assisté?

Il ne s'agit donc nullement de plaindre indûment les retraités, mais de les défendre face à des accusations dont il me semble avoir démontré le caractère tout autant infondé qu'injuste. Or à cette fin, j'ai pris la précaution – et je pense être le seul à l'avoir jamais fait – d'exposer et d'expliquer par le menu une triple argumentation juridique, assurancielle et statistique attestant sans contestation possible des droits directs du retraité à pension à raison même des cotisations qu'il a antérieurement versées. Pourtant – et permettez-moi de m'en étonner – dans votre commentaire et en dépit de votre agacement, je ne trouve nulle trace d'une quelconque remise en cause du raisonnement présenté. Car la question n'est pas de savoir si les cotisations sont suffisantes ou non pour garantir correctement les droits à pension, mais de vérifier si oui ou non l'actif qui a régulièrement versé ses cotisations durant toute sa carrière peut juridiquement prétendre à percevoir une pension lors de sa retraite.

Certes, sur le plan général de l'économie des retraites, votre référence aux contraintes démographiques s'entend parfaitement, mais présentement elle est absolument hors sujet, puisqu'elle ne peut juridiquement interférer sur le droit propre à pension du retraité, qui procède de textes (dont notamment, la fameuse solidarité intergénérationnelle) et non de ratios ou de projections démographiques

Ensuite, dois-je vous préciser que "mettre de l'argent de côté pour ses vieux jours" comme vous l'avez fait n'est pas à la portée de tout le monde, surtout lorsqu'on considère à la fois le niveau actuel des retraites et les aléas qui s'attachent présentement à la plupart des investissements et des placements. Il faut en effet désormais intégrer le risque de "défault" qui pèse sur certains États, dont la France ne saurait d'ailleurs être exclue, puisqu'il s'y rencontre des gens bien en place pour trouver normal d'effacer d'un coup toute la dette publique par un hold-up sur l'épargne privée. Donc votre solution exemplaire de l'épargne individuelle judicieusement placée ne concerne en réalité qu'une petite partie – la plus aisée – de la population. Reprocher à tous les autres ayants droits d'avoir cru aux promesses officielles et successives de garantie de leur pouvoir d'achat (d'abord adossée aux salaires, puis réduite en 1993 à l'inflation et enfin récemment dénoncée en 2018 par un Président qui renie sans vergogne ses promesses électorales) me semble se tromper de combat, la responsabilité résultante remontant aux politiques que vous ne citez guère, bien plus qu'aux victimes qui n'y peuvent mais. En effet, le défaut de pouvoir de décision et trop souvent l'absence de réelle compétence du cotisant lambda interdit évidemment de lui attribuer un "sens bien rétrograde des responsabilités", ou de lui imputer les griefs de "vouloir faire payer ses retraites par l'État" (en remarquant cependant que les retraités fonctionnaires vivent très bien et depuis fort longtemps du surplus exorbitant de cotisations patronales exigé du contribuable!) et encore moins de "cotiser les yeux fermés".

Quant au sérieux de l'IREF, le fait même que vous puissiez librement en critiquer les articles et qu'il publie sans restriction aucune vos griefs – même les plus rudes – montre, qu'à l'inverse de beaucoup d'autres sites et mêmes des plus réputés, l'IREF attache beaucoup d'importance à l'avis de tous ses lecteurs et qu'elle ne les censure pas. Doutez-vous encore du sérieux de notre site? Il n'y aurait certainement pas avant le vôtre deux avis largement positifs de lecteurs que je ne connais pas, si l'IREF ne portait pas la plus grande attention à ce qu'elle publie, notamment à travers des échanges réguliers d'observations entre la Direction et le chroniqueur et qui, pour vous échapper, n'en demeurent pas moins courants.

Espérant ainsi vous avoir honnêtement démontré que, sur le site de l'IREF et probablement sur lui seul ou presque, l'auteur d'un article indigne et affligeant peut parfaitement passer une paire d'heures à répondre pied à pied à un lecteur mécontent.

Bien cordialement: Th. BENNE

Répondre
Vauchot 17 juillet 2019 - 8:05

C'est ce qui s'appelle "remettre les pendules à l'heure "… Bravo M. Benne pour votre article qui montre que le président actuel est un fourbe.

Répondre
Michel Bacot 17 avril 2019 - 11:28

La solidarité inergénérationnelle doit être équitable !
Je ne suis pas vraiment d’accord avec votre analyse.

En effet, il faut considérer que, dans un système par répartition les droits à pension sont fondés, moralement et économiquement, non sur les cotisations versées, mais plutôt sur l’investissement des actifs dans la procréation, l’éducation et la formation des futurs cotisants.
De ce point de vue, les retraites doivent être analysées comme un retour sur investissement, et les cotisations comme l’acquittement d’une dette vis à vis des générations précédentes en contrepartie de cet investissement.

Il est évident que à défaut de naissances, le système de retraite par répartition ne peut pas survivre à long terme.

Dans un système autorégulé, le calcul des droits à pension devrait donc être basé selon l’économiste Jacques Bichot, non sur le montant des cotisations vieillesse acquittées, mais sur l’investissement dans la jeunesse, mesurable par exemple en fonction du nombre d’enfants élevés et du montant des cotisations versées aux caisses d’allocations familiales.

A cet égard, on peut à juste titre estimer que la génération actuelle de retraités, qui n’a su pas assurer le renouvellement des génération au cours des dernières décennies et a pris sa retraite à 60 ans à partir de 1981 (voire 50 ans ou 55 ans dans les régimes spéciaux) bénéficie d’une rente excessive au détriment des actifs (ce qui s’est traduit par le fait que les cotisations au régime général d’assurance vieillesse ont doublé depuis le début des années 1970).

Comme on ne peut évidemment pas remettre au travail les retraités, il n’est pas choquant dans le principe (même si c’est politiquement sensible) de sous-indexer certaines pensions qui présentent manifestement un caractère de rente indue , ceci afin de contenir la ponction sur les revenus d’activité , pour préserver la compétitivité des entreprises, l’emploi et le pouvoir d’achat des actifs.

Répondre
orilou88 17 avril 2019 - 12:14

DROIT à la retraite
Incroyable, Au nom d'un "droit à l'enfant" la Sécurité Sociale prendrait en charge les frais inhérents à la P.M.A. y compris quand ce recours est de pur confort. Dans le même temps, on conteste à celles et ceux qui ont cotisé durant plusieurs dizaines d'années, LE DROIT A JOUIR DE LEUR RETRAITE. J'ai, contribué au financement d'écoles, d'universités, de crèches pour des enfants que je n'avais pas. Il ne me serait pas venu à l'idée le reprocher aux jeunes qui en ont bénéficié.

Répondre
Michel Bacot 17 avril 2019 - 5:34

La solidarité intergénérationnelle ne doit pas fonctionner à sens unique!
Je ne suis pas vraiment d’accord avec votre analyse.

En effet, il faut considérer que, dans un système par répartition les droits à pension sont fondés, moralement et économiquement, non sur les cotisations versées, mais plutôt sur l’investissement des actifs dans la procréation, l’éducation et la formation des futurs cotisants.
De ce point de vue, les retraites doivent être analysées comme un retour sur investissement, et les cotisations comme l’acquittement d’une dette vis à vis des générations précédentes en contrepartie de cet investissement.

Il est évident que à défaut de naissances, le système de retraite par répartition ne peut pas survivre à long terme.

Dans un système autorégulé, le calcul des droits à pension devrait donc être basé selon l’économiste Jacques Bichot, non sur le montant des cotisations vieillesse acquittées, mais sur l’investissement dans la jeunesse, mesurable par exemple en fonction du nombre d’enfants élevés et du montant des cotisations versées aux caisses d’allocations familiales.

A cet égard, on peut à juste titre estimer que la génération actuelle de retraités, qui n’a su pas assurer le renouvellement des génération au cours des dernières décennies et a pris sa retraite à 60 ans à partir de 1981 (voire 50 ans ou 55 ans dans les régimes spéciaux) bénéficie d’une rente excessive au détriment des actifs (ce qui s’est traduit par le fait que les cotisations au régime général d’assurance vieillesse ont doublé depuis le début des années 1970).

Comme on ne peut évidemment pas remettre au travail les retraités, il n’est pas choquant dans le principe (même si c’est politiquement sensible) de sous-indexer certaines pensions qui présentent manifestement un caractère de rente indue , ceci afin de contenir la ponction sur les revenus d’activité , pour préserver la compétitivité des entreprises, l’emploi et le pouvoir d’achat des actifs.

Répondre
Thierry BENNE 19 avril 2019 - 6:51

Réponse @ BACOT

J'ai lu attentivement votre commentaire. Sans vouloir du tout être désagréable, je tiens pourtant à vous faire remarquer qu'il se situe aux marges du sujet, lequel était de définir le véritable statut du retraité en recourant à une triple argumentation originale, dont aucune des composantes ne se trouve formellement contestée par vos soins.

Ceci étant, toute personne qui suit régulièrement l'actualité. des retraites connaît la position de Jacques Bichot pour qui la fécondité est pratiquement l'alpha et l'oméga des retraites, les autres composantes étant presque rejetées à un rang subalterne, au point qu'on peut se demander si dans l'esprit de son auteur le dynamisme de la fécondité ne l'emporte pas sur tous les autres leviers des retraites.

En première part, on fera observer cette vérité d'évidence qu'il ne suffit pas de faire des enfants, mais qu'il faut encore les élever et faire en sorte que, parvenus à l'âge adulte, ils puissent s'insérer convenablement dans le processus de production du pays. Le lourd chômage des jeunes montre que cette condition est trop souvent défaillante.

Par ailleurs, on ne peut évidemment pas priver les célibataires ou les couples sans enfants de leurs droits à pension, ou rogner ces derniers. Les intéressés feront observer à juste titre – comme le souligne d'ailleurs le commentaire pertinent ci-dessus signé "orilou 88" – qu'ils participent souvent plus que d'autres – en raison d'une fiscalité qui ne les épargne pas – au financement de toutes les dépenses de soins, d'éducation, de formation, de protection, d'allocations et autres qu'investit normalement le pays pour sa jeunesse. Il ne semble ni opportun, ni juste d'imposer en quelque sorte à cette population une double peine la première en activité, la seconde à la retraite.

D'autant plus qu'au plan du droit et tout spécialement constitutionnel, il n'est pas sûr du tout que cette discrimination soit autorisée, dans la mesure notamment où l'absence d'enfant peut provenir tout aussi bien d'un choix volontaire et assumé, que d'une contrainte biologique insurmontable et qu'il n'appartient pas aux caisses de retraites, ni aux administrations sociales, de violer l'intimité de la vie privée.

Enfin il ne faut pas aller bien loin pour voir que la théorie Monsieur Bichot ouvre tout grand la porte à une certaine politique d'immigration incontrôlée qui vise tout autant à peser sur les salaires dans un pays où le chômage est déjà important qu'à assurer une relève démographique vis-à-vis d'une natalité interne que les derniers gouvernements n'ont pourtant cessé de matraquer fiscalement et socialement. Malheureusement, cette expérimentation en cours depuis des décennies ne semble pas avoir fourni du tout le levier escompté, ni apporté les mieux attendus. Et même, les entrées illicites fournissant des cohortes de plus en plus fournies, elles génèrent des effets collatéraux qui compliquent singulièrement la gestion du pays tout en fragilisant son unité.

En réalité, tout en reconnaissant son importance, on ne peut réduire la question des retraites à des choix démographiques, ni même à aucun autre choix unique ou prédominant. Car en cette matière plus qu'en aucune autre, les interférences intersectorielles sont particulièrement puissantes et nombreuses et elles font inexorablement partie de la règle du jeu.

Répondre
Guytout 20 avril 2019 - 5:35

je trouve très intéressant tous ces échanges sur les retraités, mais combien la France a de régimes de retraites, dont les droits sont complètement différents.
C'est bien notre France à Mille feuilles dans tous les domaines de notre société.

Bravo l'IREF, j'apprécie tout ce que vous publiez, et vous faite partie de mes références sur les analyses que je fais sur notre pays.

Répondre
FAIVRE Daniel 14 mai 2019 - 9:52

LA RETRAITE
LA RETRAITE

Avant de parler chiffres, contexte économique de crise, population vieillissante,… J’aimerais en tant que président de l’Association et retraité moi-même…… rappeler brièvement ce que sont retraités et retraites.
Le retraité est un être humain, qui a consacré sa vie entière à participer à la vie économique par son travail au sein de la France, qui a participé à la croissance de son pays en consommant tous les produits qui ont une TVA (contribuant à alimenter les caisses de l’Etat), et qui a participé aussi à la croissance de la population par ses enfants qui aujourd’hui, sont des adultes qui à leur tour participent à la vie éco…C’est un être humain qui a passé toute sa vie active à payer des impôts, à verser des cotisations afin que lui soit garantie la continuité d’un salaire, lorsque la vieillesse l’empêchera d’être productif. Le retraité est aussi un être humain qui a parfois eu à subir pendant sa vie active, la contrainte du chômage parce que les institutions politiques et la vie économique de son pays n’ont pas garanti le droit constitutionnel de devoir procurer un travail à ses citoyens, qui a parfois subi aussi les maladies, les invalidités… Le retraité a souvent hérité de ses parents une habitation ou s’est restreint toute sa vie pour enfin devenir propriétaire à part entière après de longues années de crédit couteux, sur laquelle il verse une taxe foncière et une taxe d’habitation jusqu’à sa mort. Le retraité est enfin un être humain, qui après une vie bien remplie, subit les affres de la vieillesse dans son corps qui le rend vulnérable et qui rend sa santé fragile… La retraite est une pension que perçoit une personne à l’issue de sa cessation d’activité. Une pension bien méritée après une vie de Labeur.

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