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Le libéralisme est une éthique

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Assimilé au capitalisme, le libéralisme n’a pas toujours bonne image. A dire vrai, il n’est pas le capitalisme, puisqu’il peut aussi y avoir un capitalisme d’Etat ou coopératif. Le libéralisme économique est d’abord le système de liberté entrepreneuriale qui a permis la prospérité. Mais il est plus qu’un système économique. Il est une conception ouverte de la vie, intrinsèquement morale.

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Ce qu’il représente est magnifiquement illustré par l’histoire des premiers pèlerins américains.

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Les Pèlerins du Mayflower

William Bradfeord, le second gouverneur des Pèlerins de la colonie de New Plymouth débarqués du Mayflower en 1620 sur la cote de Cap Cod a raconté que, forts de leurs convictions évangéliques de partage, les colons avaient initialement et spontanément crus bon d’exploiter les terres de manière collective dans l’idée que cette mise en commun plus juste favoriserait aussi la productivité. À l’inverse, cette décision mena à une situation si catastrophique qu’il fût permis dès 1623 à chacun de cultiver son propre champ et d’en garder les fruits, ce qui permit une récolte abondante bientôt célébrée dans ce qui fut la première fête de Thanksgiving. Cette histoire résume l’Amérique et contient tous les ingrédients du libéralisme.

La propriété est inhérente à l’homme

« L’homme naît propriétaire » disait Bastiat. La propriété est le prolongement et l’assise de la personne. Elle protège la personne. Il faut que la création de chacun soit reconnue comme sa propriété pour l’inciter à entreprendre, investir, construire…

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Bill Gates

Si on avait dit à Bill Gates qu’il pouvait produire un ordinateur dans son garage et vendre sa production mais qu’il n’en retirerait pas de profits, aurait-il poursuivi son travail ?

La propriété est aussi nécessaire à l’échange

La propriété et la liberté nourrissent en effet l’échange et l’échange libre enrichit toutes les parties à l’échange.

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Sur un marché libre, chacun apporte ses produits à vendre en échange d’un prix que le vendeur et l’acquéreur acceptent comme le juste prix de la transaction et donc comme un échange égal. Mais dans la chaîne de production, chacun cherche à apporter de la valeur à ce qu’il achète. Par son ingéniosité, son savoir-faire, son talent, ses qualités entrepreneuriales, le fabriquant de smartphones pourra s’enrichir plus que ses fournisseurs, mais il les enrichira aussi et il ne les trompera pas s’il respecte les clauses de son marché. Le profit de chacun sera moral dès lors qu’il sera in fine fondé sur la vente libre de produits à des consommateurs libres de les acheter. Et l’inégalité créée par cet échange sera morale aussi puisqu’elle proviendra d’un échange libre et égal. Pour autant bien sûr que cette chaîne de production ne soit pas corrompue ou confisquée au profit de quelques-uns, notamment par un monopole règlementaire.

La liberté et la morale en effet induisent et requièrent la concurrence

Car les hommes ne sont pas parfaits. Ils sont égoïstes. Mais l’égoïsme, utilement cadré, peut être au service du bien commun.

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Adam Smith

Adam Smith observait : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt ».

L’intérêt individuel peut donc servir l’intérêt commun et à ce titre être moral. Mais chacun est porté naturellement et volontiers à abuser de sa situation, notamment des monopoles dont il peut profiter. Pour rendre vertueux l’égoïsme, il faut la concurrence. Celle-ci oblige à améliorer les rapports qualité/prix, à fluidifier le marché mieux que toute planification autoritaire.

Un excellent exemple en est l’aventure de Free

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Xavier Niel

Arrivé sur le marché au début des années 2010 avec une facture moyenne mensuelle de 9,2€ HT pour ses clients, quand selon l’ARCEP, la facture mensuelle était de 23,9€HT pour ses concurrents. Il a donc offert aux clients un service à un prix de 60% inférieur et il a conduit à une baisse du prix moyen du marché, rendant service aux clients des autres fournisseurs parce qu’il a obligé ces derniers à baisser aussi leurs prix.

La liberté est donc efficace. Elle favorise d’ailleurs l’élévation du niveau de vie de tous. La liberté a permis que la grande pauvreté qui a été estimée à 80% de la population mondiale en 1820 soit abaissée à moins de 10% de la population mondiale, alors pourtant 7 fois supérieure, en 2019. Certes, elle permet les inégalités, mais vaut-il mieux que tous soient pauvres et égaux ou que tous soient moins pauvres et parfois plus inégaux ?

Il vaut mieux la liberté parce qu’au-delà de son efficacité, elle est une éthique humaine et universelle

Au-delà de son efficacité économique, elle est un moyen, fondamental, d’accomplissement humain. C’est d’ailleurs pour ça sans doute qu’elle est efficace.

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Boèce (480-524)

Si dans le creuset du judéo-christianisme et des apports grecs et romains, la civilisation occidentale a prospéré, plus que d’autres, c’est probablement et notamment parce qu’elle a reconnu le libre arbitre humain. Alors que jusque-là l’homme soumis à son destin n’était jamais qu’un rouage dans la grande machine du monde, il devient une personne, un être distinct, autonome, singulier. A la fin de l’empire romain, Boèce (480-524), homme politique et philosophe, définit la personne comme une nature raisonnable dotée de son libre arbitre, et donc responsable d’elle-même et des autres.

A condition bien sûr, de disposer de sa liberté d’exercer son libre arbitre.

Le libre arbitre est la liberté intérieure de la conscience et de la volonté. Il lui faut disposer des libertés économiques et sociales pour pouvoir s’exprimer, participer à l’ordre créatif qui est un ordre spontané. Chaque homme est créateur à sa manière et se réalise dans sa création qui passe par son travail, par son épargne, son investissement, la constitution d’une famille…. Dans les sociétés modernes, importantes et complexes, nul ne peut prétendre à tout connaître des possibilités et des besoins, de l’offre et de la demande, nul ne peut prétendre organiser toue la vie sociale de manière parfaite.

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Friedrich von Hayek

Les planificateurs qui le prétendent sont ceux qui règnent encore à Cuba ou en Corée avec les excellents résultats que l’on sait. Mais la liberté permet que s’établisse un ordre spontané, résultant de l’action de chacun, des choix de chacun et de la rencontre des désirs de chacun. C’est ce qu’a établi le courant des économistes autrichiens, notamment Menger, Mises et Hayek, Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut aucune règle. Il faut des règles de juste conduite, des règles de droit qui permettent de faire respecter la liberté, la sécurité, la propriété de chacun. Chacun doit admettre et respecter l’individualité de l’autre s’il veut que la sienne soit respectée.

L’économie de marché, qui repose sur la liberté des acteurs du marché, est essentiellement éthique par la confiance qu’elle a en l’homme. Elle sait bien que l’homme est imparfait, mais elle considère que chaque homme a des capacités qui doivent être respectées chez lui et par lesquelles il peut apporter sa pierre à l’édifice.

La liberté répond aux besoins anthropologiques

Ce faisant, la liberté est plus encore éthique anthropologiquement en ce sens qu’elle répond aux besoins de la nature humaine pour se développer pour répondre à ses fins, elle permet donc à la nature humaine de s’accomplir, ce qui est probablement le but suprême de toute éthique, à la recherche des valeurs dites transcendantales, le Bien, le Beau, le Vrai.

La propriété et l’échange permettent en effet l’économie du don, une forme sans doute supérieure d’exaltation de la nature humaine.

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Le bon Samaritain

Chacun peut donner, et pas seulement de l’argent ; mais il faut d’abord avoir pour donner. Le Bon Samaritain avait une monture, du vin, de l’huile et suffisamment de deniers pour en donner deux à l’aubergiste et lui en promettre plus si nécessaire. Les grandes et bonnes initiatives humanitaires sont le plus souvent le fruit de l’argent privé, moins sujet que l’argent public à l’inefficacité, aux privilèges et à la corruption.

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Leonard de Vinci

Dans le même esprit, la liberté favorise l’art à la recherche du beau parce qu’elle permet une rupture avec l’acquis, elle permet d’emprunter des chemins non balisés vers l’infini. Il n’y a pas de chef-d’œuvre sans liberté parce qu’il n’y en a pas sans originalité et qu’il n’y a pas d’originalité sans liberté.

Vous ai-je présenté une vision idyllique de la liberté et du libéralisme ? Comme celle d’Augustin Dumont dans sa statue du Génie de la liberté place de la Bastille ?

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statue du Génie de la liberté

Non, je ne le crois pas. Parce que le libéralisme est conçu aussi pour gérer l’imperfection humaine. Il ne le fait pas toujours aussi bien que nous pourrions le souhaiter. Mais toujours la liberté s’incarne dans les personnes, – et c’est pourquoi je n’ai illustré mon propos que de figures humaines-, parce que la liberté est le fruit de l’action humaine, elle n’est pas donnée, elle est un combat, elle s’acquiert par les personnes qui seules en ont la capacité. Et c’est aussi pourquoi, les systèmes de libertés demeurent ce que sont les hommes, imparfaits. Mais pour le moment, il ne semble pas qu’on dispose de meilleur article en magasin. Comme la démocratie, dont il est le pendant, le libéralisme, au sens large, est peut-être « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres ». « the worst form of government, except for all those other forms that have been tried from time to time » Churchill.

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3 commentaires

PICOT 14 septembre 2021 - 8:30

Le libéralisme est une éthique
Remarquable article. Félicitations.

Répondre
Ghislaine FEDYCKI 14 septembre 2021 - 8:45

Le libéralisme est une éthique
MERCI il est important que je relise après et bien entendu FREDERIC tu expliques pourquoi je mot liberté mais oui nous avons tous un héritage et voilà pourquoi nous ne pourrons jamais arrivé a l’égalité !!!
éthique pouvons nous parler d’éthique alors que nous jouons avec la VIE ???
l’échange bien sur mais comment TROUVER l’échange humain ????
cher Eric piteux remue ménage du CSA et comme je le dis tout ce dis en chanson CHEZ NOUS
vous n’aurez pas ma liberté de PENSER et oui c’est pourquoi il est un mystère celui des URNES
amitiés

Répondre
Ghislaine FEDYCKI 14 septembre 2021 - 8:45

Le libéralisme est une éthique
MERCI il est important que je relise après et bien entendu FREDERIC tu expliques pourquoi je mot liberté mais oui nous avons tous un héritage et voilà pourquoi nous ne pourrons jamais arrivé a l’égalité !!!
éthique pouvons nous parler d’éthique alors que nous jouons avec la VIE ???
l’échange bien sur mais comment TROUVER l’échange humain ????
cher Eric piteux remue ménage du CSA et comme je le dis tout ce dis en chanson CHEZ NOUS
vous n’aurez pas ma liberté de PENSER et oui c’est pourquoi il est un mystère celui des URNES
amitiés

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