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L’attractivité de la France en 2021 : un clair obscur qui appelle à la libération des énergies

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Au début du mois de juin, est paru le baromètre sur l’attractivité de la France qui a permis au Gouvernement de se féliciter de la solidité des bases de l’économie française et de la compétitivité de ses entreprises, dues naturellement aux réformes engagées sous le présent quinquennat. Si l’observation des projets d’investissement des entreprises étrangères semblent bon au premier abord, un certain nombre de faiblesses structurelles ne peuvent être passées sous silence.

La France conserve de justesse la première place au podium européen mais est moins résiliente que ses grands rivaux

16 600 entreprises étrangères sont implantées dans notre pays et y représentent 2,3 millions d’emplois, 20 % du chiffre d’affaires, 14 % des investissements et un tiers des exportations. Pour l’année 2020, la France conserve la première place du podium de l’attractivité en Europe, mais l’équilibre des forces demeure ténu : 985 projets d’investissements étrangers ont été annoncés, contre 975 au Royaume-Uni, ou la catastrophe qui devait être entrainée par le Brexit n’a pas eu lieu, et 930 pour l’Allemagne. Des trois pays, l’hexagone a été le moins résilient, avec une baisse des projets annoncée de 18% par rapport à 2019, contre 12% outre-Manche et 4% outre-Rhin.

Au niveau européen, 5 578 projets d’implantations sont prévus, en baisse de 13% par rapport à 2019, une chute comparable à celle liée à la crise financière en 2008 (-11%). Les trois pays évoqués devancent largement les autres, comme illustré ci-après :

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Entre 2015 et 2019, le nombre de projets d’investissements étrangers annoncés en France a fortement crû, passant de 598 à 1 197, pour rejoindre puis doubler ceux prévus en Allemagne et au Royaume-Uni [[EY Investment Monitor, 2021]]. Toutefois, notre pays est moins résilient que ses rivaux du fait d’une dépendance supérieure à l’Europe : 60% des projets annoncés en France sont européens, contre 41% au Royaume-Uni, tandis que seulement 8% proviennent des pays émergents, contre 17% au Royaume-Uni et 25% en Allemagne.

Outre-Manche, le positionnement technologique de l’économie a permis d’amortir le choc de la crise sanitaire : 31% des IDE (investissements directs étrangers) concernent le secteur technologique contre 15% seulement en France. Quant à l’Allemagne, sa meilleure gestion de la pandémie lui a permis d’imposer des restrictions administratives plus modérées et la récession y a été plus faible (5,4% contre 9% en France). La moindre dépendance de l’économie allemande aux secteurs les plus touchés par la crise, l’aéronautique et le tourisme, expliquent aussi cette forte résilience.

Fait notable, le nombre d’emplois moyens générés par projet dans notre pays est largement en dessous de celui de nos voisins : 34 contre 48 en Allemagne et 61 au Royaume-Uni. Pour l’année 2020, seuls 30 000 emplois devraient ainsi être créés [[Ibid.]].

L’impact de la crise est inégal selon les secteurs d’activité

Plus que d’autres, certains secteurs industriels ont été touchés de plein fouet par la crise sanitaire et ont connu un net recul des investissements étrangers, tel celui des équipements industriels (-45%), des constructeurs et fabricants de moyens de transports (-27%) et surtout l’aéronautique (-77%). Les services aux entreprises ont également souffert, le nombre de projets d’investissements diminuant de 25%.
A l’inverse, le nombre de projets a crû très largement dans l’industrie pharmaceutique (+ 123%), l’énergie, l’eau et le traitement des déchets (+83%) et les plateformes logistiques (89 projets annoncés).

La crise a également cassé la dynamique d’implantation des sièges sociaux et centres de R&D (même si la France conserve la première place avec 115 projets annoncés, au coude à coude avec le Royaume-Uni), qui ont diminué respectivement de 34 et 23%. Les plus fortes baisses s’observent dans les secteurs des logiciels et des technologies de l’information (-35%) et des constructeurs de transports (-50%).

Les implantations logistiques et industrielles s’en sortent mieux, en hausse de 2% pour les premières et en baisse de 17% pour les secondes, avec 341 projets annoncés, en tête du classement européen. Les dirigeants d’entreprises [[Enquête effectuée per EY auprès de 550 dirigeants internationaux en mars-avril 2021.]] ne sont toutefois que 20% à déclarer avoir l’intention de relocaliser leurs activités et 19% à augmenter leur présence industrielle en Europe. Notons que 42% des dirigeants étrangers consultés appellent les gouvernements à veiller au maintien d’une compétitivité-coût attractive via une fiscalité maitrisée. A ce titre, la baisse des impôts de production et la réforme de l’impôt sur les sociétés, qui devrait être ramené à 25% en 2022, sont saluées par les chefs d’entreprises.

L’insécurité juridique que fait peser le projet de loi climat, adopté par le Sénat et qui doit repartir en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale, suscite leur inquiétude, ainsi que le fort taux d’endettement de l’État (125% du PIB à horizon 2025 selon le FMI) et des entreprises privées françaises (153% du PIB).

Au cours des trois dernières années, les principaux facteurs ayant influencé la décision des dirigeants internationaux [[Ibid.]] d’investir en France ont été le poids des investissements R&D (43%), la qualité de vie et la vie culturelle (43%) et les compétences de la main d’œuvre (33%). Pour les décisions d’investissement des trois prochaines années, les mêmes dirigeants citent en premier l’image de marque et le rayonnement international (35%). Elles apprécient les soutiens publics et les niches fiscales en faveur de l’entreprenariat et l’innovation, mais n’en mesurent pas la contrepartie fiscale.

Si le génie du peuple français a pu créer un cadre de vie particulièrement agréable et su donner à notre nation, au fil des siècles, un prestige qui ne s’est pas démenti et qui, aujourd’hui encore, est porté à notre crédit, alors pourquoi ne pas libérer les énergies par une politique fiscale en faveur de l’initiative privée ? Les réformes entreprises, la baisse des impôts de production et de l’impôt sur les sociétés, sont à saluer mais demeurent insuffisantes pour relancer l’économie de notre pays et le sortir du chômage de masse.

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3 commentaires

Dufournet 15 juillet 2021 - 10:32

L’attractivité de la France en 2021 : un clair obscur qui appelle à la libération des énergies
Attractivité de a France

je salue votre analyse sur ce problème à partir de l’enquête EY dont l’indépendance et l’objectivité reste à prouver.
Je constate que sur cette question fondamentale pour l’avenir des français il est rarement question du poids des charges sociales dont les taux sont supérieures de 30 à 35 %à cceux de nos grands partenaires européens, pays voisins.
Oui les taxes sont importantes, mais la réglementation bat tous les records face notamment à l’Allemagne; Cela est pointé, mais quid des charges sociales qui constituent le principal handicap de la compétitivité française.
on se demande si les réactions des syndicats qui considèrent les «  »charges sociales » non comme un coût mais comme un avantage,! (d’autant que ces même syndicats profitent largement de différents manières de cette « manne ») n’obèrent pas la réflexion du monde économique et journalistique au point de vouloir le gommer.
Ce serait fâcheux si même les publications de l’IREF tombaient dans ce piège
Merci de votre attention
J.P.D

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Romain delisle 16 juillet 2021 - 9:06

L’attractivité de la France en 2021 : un clair obscur qui appelle à la libération des énergies
Cher Monsieur,

Oui naturellement cela va sans dire. Le message de l’article est que la France vit sur des acquis construits depuis plusieurs siècles et qui lui permettent de garder un minimum de compétitivité sur un certains nombre de domaine, et ce en dépit de sa fiscalité.

Bien à vous,

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Sonia Palmer 17 juillet 2021 - 9:51

L’attractivité de la France en 2021 : un clair obscur qui appelle à la libération des énergies
Certes, la baisse de l’impôt sur les sociétés était nécessaire pour « relancer l’économie de notre pays et le sortir du chômage de masse », mais pourquoi rester monolithique et ne jamais entrevoir d’autres options ? Bon nombre d’économistes modernes ont pourtant déjà suggéré des schémas différents. Merci en tout cas pour cet article pointu qui informe (plus qu’il ne rappelle) des détails de cet autre point faible français.

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