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L’assemblée citoyenne sur l’agriculture : subventions et écologisme

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Durant le week-end du 26-27 septembre, 125 Français « tirés au sort » se sont réunis pour parler d’agriculture et de la Politique agricole commune (PAC), afin de définir un « nouveau contrat social pour l’agriculture ». Cette « Assemblée citoyenne » qui n’a aucune légitimité se permet, avec l’aval de l’Etat, et l’aide des lobbies de « l’agroécologie », d’émettre des propositions qui vont impacter de manière néfaste le travail des agriculteurs. Les principaux acteurs concernés n’étaient d’ailleurs représentés que par deux membres…
Ce nouveau modèle imposé par le président Macron, tirage au sort et convention citoyenne sur tous les sujets est inique. Les agriculteurs déjà étouffés par les réglementations n’ont pas besoin de nouvelles normes, encore moins si elles émanent de personnes n’ayant aucune légitimité démocratique ni aucune compétence.

Des conclusions idéologiques qui deviendront de nouvelles normes

Des 134 Français tirés au sort initialement, seulement 125 ont participé aux débats et 112 au vote sur le texte final. Résultat : 100 pour, 9 contre et 3 abstentions. Ceux qui n’ont pas pu voter, soit en ont été empêchés par la COVID, soit ont dû partir tôt pour rejoindre leur domicile lointain…
Les conclusions de ces citoyens doivent déterminer la position de la France dans les négociations de la PAC pour la période 2021-2027. Six objectifs prioritaires ont été définis. Je vous épargne l’écriture inclusive présente dans le compte-rendu final.
– Assurer une transition écologique vers une agriculture durable, respectueuse de l’environnement, de la biodiversité, du bien-être animal et contribuant à la lutte contre le changement climatique.
– Assurer une juste rémunération et retraite des agriculteurs et permettre une meilleure répartition des richesses entre tous les acteurs.
– Assurer une alimentation saine et de qualité, accessible à tous au niveau local.
– Garantir une production efficace économiquement qui assure un revenu digne et valorisé par la société.
– Garantir une souveraineté européenne (agricole et alimentaire) en harmonisant les règles fiscales, sociales, environnementales, etc.
– Garantir la prise des décisions au niveau local et territorial qui structurent la production locale.
La mise en œuvre des préconisations du rapport laisse entrevoir de nouvelles normes et de nouvelles taxes.

Des leviers socialistes et écologistes tordus

La convention a défini 17 leviers pour sortir l’agriculture de la crise. Ils se résument aisément : plus de normes, plus de bio, plus de subventions. Bref, tout ce qui détruira le secteur agricole.
Certains ne servent qu’à se donner bonne conscience. D’autres actionnent les vieilles lubies étatiques françaises et écologistes :
– formation générale et professionnelle, initiale et continue, à l’agroécologie en intégrant la transmission des savoirs.
– favoriser les circuits courts en les subventionnant.
– subventions à la conversion de l’agriculture biologique (que l’IREF a dénoncées comme une tromperie, ce qu’un rapport du Sénat a confirmé)
– soutenir financièrement les agriculteurs qui ont une démarche vertueuse pour l’environnement.
– aide forfaitaire aux petites exploitations.
– conditionner la majorité des aides à la mise en place de pratiques agroécologiques et vertueuses : nature des productions, manières de produire, emplois, services rendus …
– conditionner les aides aux pratiques environnementales et aux services rendus à la société, plutôt qu’au nombre d’’hectares.
Ainsi, toutes les recettes qui ont déjà conduit notre secteur agricole français au naufrage sont reprises. La subvention, rien que la subvention. Ce culte est indéboulonnable en France, et n’étonne plus personne. L’Etat préfère subventionner des activités qui ne pourraient pas exister dans un marché libre plutôt que d’encourager, en les libérant de réglementations superflues, ceux qui réussissent sans l’Etat.
L’un des leviers, le plus inquiétant peut-être, annonce une dangereuse dérive : la convention estime qu’il faut conditionner les aides de la PAC aux services rendus à la société. On croit rêver. Quels services doivent rendre les agriculteurs, si ce n’est produire pour nourrir ? Mesdames, messieurs, savez-vous que depuis l’Ancien Régime, les agriculteurs ne sont plus des serfs ? Savez-vous que ce sont eux qui remplissent vos assiettes ? Les medias, les lobbies écologistes, les lobbies animalistes, semblent l’avoir oublié, eux pour qui les agriculteurs sont avant tout des pollueurs et des empoisonneurs.

Tirons tous les métiers au sort ! L’aberration technocratique aux champs

L’agriculture ne s’improvise pas, c’est un véritable métier. Un noble métier puisque l’agriculteur est celui qui nourrit les autres. Cette profession s’apprend, et pas seulement en regardant deux heures de reportage biaisé d’Elise Lucet ou de Brut. C’est un long processus de transmission familiale, professionnelle, de connaissance associé aux progrès de la technique et aux évolutions du secteur. D’études aussi maintenant, pour beaucoup.
Pourquoi un tirage au sort pour décider de l’avenir agricole français ? A-t-on déjà vu une convention citoyenne visant à apprendre leurs gestes et disputer leurs compétences aux coiffeurs ? Aux infirmiers ? Aux comptables ? Quelle autre profession accepterait de se faire ainsi déposséder de ses enjeux, de son avenir et de son savoir-faire ? Aucune.

La PAC est en réalité l’un des problèmes de l’agriculture française, tout comme la culture de la subvention qu’elle amène, qui rend les agriculteurs dépendants des deniers de l’UE et, par conséquent, de sa politique. A l’inverse de ce qu’il faut faire, cette assemblée citoyenne préfère enfoncer encore plus les agriculteurs dans la dépendance, et de fait dans la crise.
Il faut libérer les agriculteurs, comme toutes les autres professions. L’avenir de l’agriculture doit se décider avec eux, et non contre eux. Ne pas associer les agriculteurs aux changements de leurs professions serait non seulement une erreur, mais aurait des conséquences terribles sur l’ensemble de la population. Plus de subventions, plus de contrôles et plus de normes : non ! Mais plus de liberté. Les agriculteurs savent ce qu’ils font, laissez les faire.

Sources :
https://www.linfodurable.fr/politique/grand-debat-national-six-objectifs-prioritaires-pour-une-agriculture-durable-20359
https://www.contrepoints.org/2020/09/29/381092-grand-debat-national-sur-lagriculture-le-clivage-realistes-utopistes
https://www.terre-net.fr/actualite-agricole/politique-syndicalisme/article/134-francais-tires-au-sort-attendus-a-paris-ce-week-end-pour-parler-pac-205-172330.html
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/134-francais-tires-au-sort-attendus-a-paris-ce-week-end-pour-parler-agriculture-et-pac-20200925
https://impactons.debatpublic.fr/wp-content/uploads/Contrat-social-ACA-VF2.pdf

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12 commentaires

Alertlauncher 15 octobre 2020 - 9:55

L'inaptocratie au pouvoir
La nouvelle façon de gouverner par Macron …

1) Vous choisissez une centaine de pieds nickelés
si possible brillants par leur grande incompétence du domaine qu'ils sont censés étudier et ceci par un pseudo tirage au sort des plus bidon…

2) Vous faites infiltrer les pieds nickelés par quelques individus avec un peu plus de charisme (ce n'est pas très difficile) qui vont les manipuler dans la direction que vous souhaitez.

3) Vous faites croire à une France peuplée de crétins que les décisions représente la volonté du peuple.

Donc plus besoin d'élections, plus besoin de parlement, plus besoin de sénateurs ….

Elle est pas belle l'inaptocratie ????

Inaptocratie : un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d'un nombre de producteurs en diminution continuelle. »

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Aymeric Belaud 15 octobre 2020 - 4:38

Merci pour votre commentaire.
Oui, la multiplication des conventions citoyennes par des "tirages au sort" sans aucune transparence est une négation du principe de la démocratie représentative.
Ce pouvoir est en réalité donné aux gens les plus bruyants, les plus visibles. La majorité et les professionnels subissent des décisions idéologiques de lobbies.

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JeanMichel THUREAU 15 octobre 2020 - 11:38

Bureaucratiser l'agriculture
Les producteurs individuels français (agriculteurs et artisans) ont été décimés par le monstre bureaucratique français qui a poussé à l'industrialisation d'activités non industrialisables.

Leur donner le coup de grâce en appliquant les oukases idéologiques de 150 quidams est dans la logique de cette politique absurde

À propos, nous aimerions bien connaître les modalités de leur tirage au sort. On est, de toute évidence, très loin de la démocratie directe qu'avaient demandé les Gilets Jaunes, approuvés alors par la majorité de la population.

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Aymeric Belaud 15 octobre 2020 - 4:40

Merci pour votre commentaire.

Il n'y a aucune transparence sur le tirage au sort de ces conventions. C'est un réel danger qui va à l'encontre de la démocratie représentative.

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Teisserenc 15 octobre 2020 - 2:02

Inimaginable !!!
Rien que la lecture du titre laisse pantois !
Quelle idée idiote.
Personne ne réagirait contre cette pratique de conventions citoyennes? Va-t-elle s’étendre à d’autres secteurs ?
Cela devient dangereux, vraiment, pour nos principes démocratiques d’abord, pour l’application des conclusions de ces conventions ensuite.
M. Macron virerait-il à l’autocrate ?

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Aymeric Belaud 15 octobre 2020 - 4:42

Merci pour votre commentaire.
M. Macron donne du pouvoir à une certaine partie de la société civile organisée et subventionnée.
Le vote ne compte plus pour eux, seul l'avis éclairé des lobbies organisés et infiltrés compte.

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gervais 15 octobre 2020 - 2:17

l'agriculture ne s'improvise pas
En effet, raison de plus pour ne pas la laisser aux mains du lobby, un vrai et puissant , agro-industriel, dont le seul intérêt est de vendre ses produits chimiques et ses machines. Êtes vous aveugle ou simplement achetés par ce lobby? Vous ne voyez pas que la terre et l'eau sont empoisonnés par des pratiques morbides pour des intérêts financiers? La biodiversité diminue, on trouve des pesticides , fongicides, herbicides dans tous les aliments, vos propres enfants en sont infestés et vous continuer à croire en cette manière de cultiver la terre? Quelle absurdité! Heureusement que des français s'en rendent compte et essayent de changer ces pratiques suicidaires. D'autre part, ces mêmes pratiques ainsi que les problèmes budgétaires et financiers en découlants poussent les mêmes agriculteurs au réel suicide, tout cela parce que les écoles d'Agronomie et d'Agriculture ,la FNSEA sont fermées à toute réflexion sur le sujet; au fait lINRA commence tout juste à se rende compte des absurdités précitées. Or les solutions existent pour produire suffisamment et sainement. Pour le bien de tous !

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Aymeric Belaud 15 octobre 2020 - 5:54

Bonjour,

votre commentaire résume parfaitement ce que je dénonce.
Non, je ne suis ni aveugle, ni naïf, ni un vendu au méchant lobby agro-alimentaire qui permet de vous nourrir tous les jours.
Je suis simplement dans le milieu agricole depuis mon enfance, je connais les difficultés que les agriculteurs traversent et leurs causes.
Mon travail et ma réflexion sont basés sur les faits, la science, et la réalité du terrain, et non par les émissions d'Elise Lucet.
Que connaissez-vous réellement du monde agricole ?
Je vous invite à lire les différents articles de l'IREF sur le sujet agricole et de diversifier vos lectures.
Je vous invite également à prendre contact avec de véritables agriculteurs en conventionnel afin qu'ils vous expliquent leur réalité.
Merci.

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ROSSIGNOL Jean-Claude 15 octobre 2020 - 5:18

UNE BELLE DÉCOUVERTE
Je ne suis que le modeste porte plume de l’association citoyenne CACO http://www.olonnes.com et hier j'ai mis en ligne un article sur les "corps intermédiaires"

http://www.olonnes.com/2020/10/les-corps-intermediaires-comme-les-partis-politiques-et-les-syndicats-vouloir-leur-fin-est-une-utopie-tres-dangereuse.html

Je n'étais pas au courant de cette nouvelle farce de convention citoyenne. Merci encore pour la pertinence de vos informations. Le Président MACRON met la France sur un pente dangereuse et il n'a pas compris la première vague des gilets jaunes : La France d'en bas dans la rue.

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Aymeric Belaud 15 octobre 2020 - 5:56

Bonjour et merci pour votre commentaire constructif.
Je ne manquerai pas de lire votre article et de me renseigner sur votre association.

Bien à vous

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Alain D 15 octobre 2020 - 9:45

Avec Macron on se demande à quoi peut bien encore servir le Parlement.
Tout d'abord merci ne ne pas nous avoir infligé l'absurde écriture inclusive(de même que les"françaises et les français" dont on nous rebat les oreilles) cela rien que pour satisfaire des dérives du langage. Le regretté Pierre Desproges l'avait bien compris qui saluait les"belges, belges".
Concernant le sujet des tirages au sort on peut légitimement douter de leur régularité et quelle qualité ont ces gens pour parler de sujets dont ils sont probablement très éloignés ? E. Macron se lance dans une curieuse démocratie où le Parlement élu est mis de côté sans que -semble-t-il- il ne paraît pas s'émouvoir.
Je n'ai aucune connaissance en agriculture et je me borne à acheter mes légumes chez des petits producteurs locaux qui pratiquent une culture raisonnée. J'habite la campagne et je vois certains exploitants faire 3 récoltes dans l'année qui ne permettent sûrement pas à la terre de se reposer ce qui me semble fort dommageable.

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Aymeric Belaud 16 octobre 2020 - 9:45

Merci pour votre commentaire.

En effet, il n'y a aucune transparence dans le tirage au sort des citoyens. Ces derniers n'ont pas de réelles connaissances, et sont influencés par des intervenants aux idées bien arrêtées.

L'Assemblée nationale devient qu'une chambre d'enregistrement. Heureusement qu'il reste le Sénat, détenu par l'opposition, afin d'avoir un contrepouvoir.

Afin de soutenir les agriculteurs, le local non-bio est une bonne alternative. Cela permet également de pouvoir échanger directement avec le producteur.

Certains légumes peuvent être semés plusieurs fois dans l'année, afin d'étaler les récoltes et cela ne pose pas de problème particulier à la terre.

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