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France : budgets publics à crédit

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Les dépenses publiques s’envolent. Les déficits aussi. Les propos apaisants des ministres concernés ne sont que poudre aux yeux. Et la présentation des budgets cherche à masquer les problèmes.

Le budget de l’Etat fait apparaître des dépenses du budget général de l’Etat qui passent de 329,3 Md€ en 2019 à 337Md€ en 2020, soit une augmentation de 2,33%. Le déficit de l’Etat était de 67, 7 Md€ en 2017, 76 Md€ en 2018, prévu à 96,3 Md€ en 2019 et à 93,1 Md€ en 2020. Le déficit de 2020 est donc presque équivalent à celui de 2019 alors qu’en 2019, le gouvernement avait expliqué que la hausse sensible du déficit par rapport à 2017 et 2018 était due à la prise en compte de la cessation du CICE qui créait une dépense supplémentaire et exceptionnelle de l’ordre de 20 Md€. Pourtant dans la prévision budgétaire de début de mandat, le déficit devait se réduire d’année en année !

Certes, il y a eu les Gilets jaunes. Mais les réductions d’impôts sur le revenu accordées, pour 5 Md€, ne pèseront pas sur les recettes puisque l’impôt sur le revenu devrait rapporter 72,6 Md€ en 2019 (au lieu de 70Md€ programmés en loi de finances) et son montant est prévu pour 75,5 Md€ en 2020. Globalement, les recettes nettes de l’Etat devraient être de 292,7Md€ en 2019 et sont prévues pour un montant de 306,1 Md€ en 2020, soit une hausse de 4,57% des prélèvements fiscaux du budget de l’Etat.

Le vrai problème est que l’Etat ne réduit pas ses dépenses. Elles ont augmenté en volume (hors inflation) de 0,7% en 2019 et il en sera de même en 2020.

Et le problème est d’autant plus grave que les dépenses sociales voguent, elles aussi, à vau-l’eau. Le gouvernement avait prévu que les comptes de la Sécurité sociale seraient positifs, de 700M€, en 2019 et les années suivantes. En définitive, ils seront déficitaires de 5,4Md€ en 2019 et ils sont prévus en négatif de 5, 1 Md€ dans le PLFSS (projet de loi de finances de la Sécurité sociale). L’équilibre de la Sécurité sociale est reporté à 2023 et le déficit budgétaire reste programmé encore à 1,5% du PIB en 2022 alors que le retour à l’équilibre avait été promis par Bercy il y a moins de deux ans.

Les quelques « cadeaux » que proposent les projets de loi, notamment la prime d’activité qui coûtera désormais près de 10Md€ par an, la troisième tranche d’exonération de 80% des foyers à la taxe d’habitation et la baisse de l’impôt sur le revenu pour les tranches inférieures à concurrence de 5Md€, ne seront pas financés par des économies. Ils le seront en fait très modestement par quelques mesures marginales de réduction ou suppression de niches. Ils le seront par une réduction drastique des taux d’intérêt qui pèsent sur la dette publique et, plus largement, par des mesures punitives sur les familles et les retraités disposant d’une retraite supérieure à 2000€ par mois, dont les allocations ne seront revalorisées que de 0,3%, soit 0,7 à 1% de prélèvement supplémentaire sur leurs revenus selon que l’inflation sera de 1 ou 1,3% (fourchette estimée raisonnablement), ce qui représente une forme de spoliation en bonne et due forme des retraités concernés qui ont cotisé durant toute leur vie en même proportion qu’ils gagnent plus ou moins de 2000€ par mois de retraite aujourd’hui. Le financement le plus important sera assuré par le déficit, donc par nos enfants, ce qui pourrait être acceptable pour des dépenses d’investissement à long terme, mais ne l’est pas pour payer les retraites, des dépenses de maladie ou les fonctionnaires de l’Etat.

Le gouvernement présente un déficit global des administrations publiques pour 2020 de 2,2% du PIB contre 3,1% en 2019. Mais il bricole sur le périmètre hors CICE et France compétence (formation professionnelle). Sur l’ensemble des deux années 2019/2020, le déficit annoncé des administrations publiques est de 5,3% du PIB, soit une augmentation égale à la variation en valeur du PIB prévue sur la même période. Dans ces conditions, la dette publique ne peut pas baisser, contrairement à ce que présente le projet de loi de finances. Sauf à jouer des artifices. Hors inflation, la dette augmenterait puisque le déficit, en pourcentage du PIB, est supérieur au taux de croissance en volume, de près du double. En restant au même pourcentage d’endettement d’une année sur l’autre, le budget public augmente sa dette d’un montant égal à l’inflation, soit 1% du PIB représentant 25Md€. Les nouvelles mesures budgétaires sont bien payées à crédit. Le budget frôle des abîmes.

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3 commentaires

thomaspi 8 octobre 2019 - 3:07

endettement pour investissement
Cessos toujours d'expliquer que l'ndettement pour de sinvestissements d'infrastructure c'est de la bonne dette puisque nos descendants en profiteront, pour parler crument c'est dela foutaise! S'endetter sur 30 ans pour une autoroute, un aeroport c'est bien beau, mais c'est oblier que sur cette période il faudra de stravaux d'entretien de remise aux normes etc. voire si la technique évolue, des infrastructures obsoletes, le roissy CDG d'il y a 40 ans ne ressemble en rien à celui actuel, le bourget n'est plus qu'un aeroport secondaire d'aviation d'affaire, alors qu'en 1960 enfant je suis parti du bourget pour aller en Afrique. etc etc. Investir pour une ecole (le ^bâtiment en empruntant c'est bien dans 40 ans cette ecole sera elle encore utilisable (voir les CES pailleron) donc si dans 40 ans on n'a pu rembourser l'emprun que par un autre emprunt (ce que l'on fait actuellemen) au final on ne cede rien à nos descendants!
on nous cite en permanence comme exemple notre reseau routier que nous legueront à nos enfants.. certes mais il faut voir l'etat du reseau dans nombre de region, encore un peu et il faudra reinvestir massivement pour le remette en etat (un peu comme les voies ferrees de la SNCF..)

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claude 9 octobre 2019 - 7:10

prélèvements
J'étais un retraité non imposable en 2018.
En 2019, sans augmentation de revenus, j'ai vu apparaitre les prélèvements et il en sera de même en 2020. Il est prévu une augmentation de l'électricité de 6%, du gaz , mais les retraites ne seront pas augmentées à même 1%. A le fin, nous ne pourrons plus vivre décemment !

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Lexxis 11 octobre 2019 - 11:51

DES CHIFFRES EN TROMPE L'OEIL
On – surtout l'État – a pris l'habitude d'exprimer son déficit budgétaire en pourcentage du PIB. C'est une mauvaise mesure car le PIB échappe largement au seul secteur public et il provient pour l'essentiel de l'activité privée. Donc supposons que le secteur privé réussisse à augmenter de 10% le PIB d'une année, doit-on en inférer que l'État a agi positivement pour réduire son déficit, alors qu'en volume ce dernier a cru de 2 ou 3%.D'autre part d'un pays à l'autre, les PIB sont extrêmement divers dans leurs composants et dans leurs évolutions. Ces références croisées sont toujours dangereuses parce qu'elles dissimulent la réalité, en incorporant dans la comparaison des facteurs parfaitement étrangers les uns aux autres.

En réalité, la seule vraie mesure du déficit consiste à calculer l'excédent des dépenses sur les recettes et à rapporter ce chiffre aux seules recettes. Par exemple, pour 2020, un déficit de 93 Mds par rapport à 337 Mds de dépenses représente donc un dépassement ( = un trou!) de: 93/ (337-93= 244) soit de plus de 38% des dépenses par rapport aux recettes. C'est ainsi que nous raisonnons tous pour nos propres finances et c'est bien ainsi que nous mesurons la détérioration réelle de notre situation et nous n'allons pas chercher pour notre banquier une référence tierce, plus avantageuse parce qu'elle dissimule largement une partie du problème, mais qui ne l'abuserait pas.

Par ailleurs même si elle n'est pas dépourvue de logique, la distinction entre les bons déficits liés à l'investissement et les mauvais tenant au fonctionnement est infiniment moins claire et moins scientifique que la mesure du bon et du mauvais cholestérol.

Malheureusement de plus en plus et avec la complicité de nombre d'économistes et de journalistes, les finances publiques deviennent un art abouti de tripatouillage des données et d'enfumage du lecteur où l'essentiel n'est pas de montrer la réalité, mais parce qu'elle ne cesse d'empirer, de la travestir chaque jour un peu plus.

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