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Et si la droite française s’inspirait du chancelier autrichien Sebastian Kurz ?

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Depuis l’élection présidentielle de 2017, il semble que la droite française ne parvienne pas à trouver un chef capable de rassembler et d’impulser des idées libérales. Pourtant, le soutien écrasant au programme de François Fillon lors de la primaire des LR et son score de 20% au premier tour de l’élection, et ce malgré ses affaires, démontrent qu’il y a un public conséquent pour un discours libéral. C’est pourquoi la droite française serait bien inspirée de s’intéresser à la politique autrichienne et à son jeune chancelier : Sebastian Kurz.

Le renouveau de la droite autrichienne

Le parti du centre droit autrichien, le Parti populaire autrichien ou ÖsterreichischeVolkspartei (OVP), a connu un parcours analogue à celui des « LR » français. Lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2016, son candidat (11,18%) et celui du parti social-démocrate SPO (11,18%) sont écartés au profit de Norbert Hofer du parti nationaliste FPO (36,40 %) et d’Alexander Van der Bellen soutenu par les verts (20,38%). Ce dernier deviendra président lors d’un second vote après une victoire initialement attribuée à Norbert Hofer. Cette élection a été marquée par le « dégagisme » : les deux partis traditionnellement au pouvoir ont été rejetés en faveur de candidats issus d’une droite nationaliste et d’une gauche plus urbaine. Une situation qui rappelle celle de la France, un an plus tard, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Néanmoins, avec un régime parlementaire fédéral et non semi-présidentiel comme en France, le président autrichien a moins de pouvoir que le Premier ministre. En mai 2017, Sebastian Kurz est choisi pour diriger l’OVP et donner un nouveau souffle à la droite. Âgé de 31 ans lors de l’élection législative de la même année, il obtient 31,7% des suffrages, soit une augmentation de 7,5% par rapport aux élections de 2013 (et quasi le triple du résultat de la présidentielle). Il s’allie avec le FPO qui a recueilli 26 % des votes. En 2019, à cause d’un scandale touchant le parti nationaliste, des élections parlementaires anticipées ont lieu. Loin d’affaiblir Kurz et l’OVP, elles vont les renforcer en leur donnant 37% des suffrages. Soit le meilleur score pour le parti depuis les élections de 2002. Cette fois-ci, la nouvelle composition du Parlement incite Kurz à s’allier avec les Verts. En quelques années, et dans une certaine mesure grâce à la politique du chancelier, L’OVP est passé d’un parti affaibli à une force dominante du pays.

Une politique réformiste à défaut d’être libérale

Compte tenu du jeu des alliances et des coalitions inhérent au système parlementaire fédéral, le chancelier Kurz a dû faire des compromis. Cependant, certains aspects de sa politique révèlent une position libérale.

En terme de gestion budgétaire, le bilan est positif : en 2018, l’Autriche enregistre pour la première fois depuis la crise économique de 2008 un excédent de 0,2% du PIB ; puis en 2019, de 0,7%. La dette brute est passée, entre 2017 et 2019, de 78,5% du PIB à 70,5%. Certes en 2019, la crise du COVID a marginalisé cet effort : la dette est revenue à 84.2% du PIB, soit son niveau de 2015. Mais cette bonne gestion a permis d’éviter qu’elle atteigne des niveaux disproportionnés, comme c’est le cas, entre autres, en France.

Les gouvernements Kurz montrent également une volonté d’alléger le poids fiscal en faveur des individus et des entreprises. Avec des prélèvements obligatoires représentant 42,8% du PIB en 2018, l’Autriche est le 5ème pays de l’UE le plus taxé et se rapproche là de la France. Dès lors, la réduction des taxes engagée actuellement par le gouvernement est bienvenue. Concernant l’impôt sur le revenu, il est respectivement attribué aux deuxième, troisième et quatrième tranches les plus basses du système progressif, des taux d’imposition de 20, 30 et 40 pour cent, au lieu des 25, 35 et 42 pour cent actuels . Pour l’impôt sur les sociétés, la réforme prévoit une réduction du taux de 25% à 21%, et suit ainsi une tendance mondiale à la baisse dans ce domaine : en 2019, le taux moyen d’imposition des sociétés dans les pays de l’UE est de 21,8%. Enfin, la possibilité pour les petites entreprises de recourir à une flat tax est également à l’étude.

Un bémol à cette réforme intéressante : l’existence de taxes environnementales, conséquence de l’alliance avec les Verts. Pour exemple, une taxe unique de 12 € sur tout billet d’avion, au lieu des 3,50 € actuels pour les courts trajets, 7,50 € pour les moyennes distances et 17,50 € pour les vols longue distance. Ces mesures restent néanmoins modérées par rapport au projet français de supprimer les vols aériens nationaux.

Une politique étrangère modérée

D’autre part, Sebastian Kurz a été, avec son homologue néerlandais Mark Rutte, l’un des principaux porte-parole des Frugal Four. L’Autriche en étant l’un des pays contributeurs net, le chancelier autrichien a défendu un budget européen raisonnable. Fait intéressant : contrairement aux autres pays « frugaux », Kurz a mené une politique d’ouverture envers le groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie). Si ce rapprochement est logique pour des raisons historiques liées à l’Empire austro-hongrois, il est aussi motivé par le souhait de ne pas dépendre uniquement des politiques de Berlin ou de Paris. Et compte tenu de l’importance que l’Europe centrale prend dans l’économie européenne et de son penchant en faveur du libéralisme économique, cette attitude diplomatique apparaît pertinente.

Alors certes, Sebastian Kurz n’est pas un pur libéral. Néanmoins, il a réussi à redonner un élan réformiste à son pays et à la droite, alors que le paysage politique risquait d’être pris en otage entre les écologistes et les nationalistes. Ces deux dernières factions sont désormais affaiblies. La droite française devrait s’inspirer de Kurz plutôt que de chercher à rejeter le libéralisme.

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5 commentaires

montesquieu 10 mars 2021 - 7:21

Et si la droite française s’inspirait du chancelier autrichien Sebastian Kurz ?
Vous n’y pensez pas. La grande République française, même sa droite, prendre pour modèle la petite Autriche, ce pays bien géré, donc frugal, donc égoïste?
Et que diraient la gauche, France Inter, Médiapar, et toutes élites « vertueuses »?

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CEDOB 10 mars 2021 - 7:30

Et si la droite française s’inspirait du chancelier autrichien Sebastian Kurz ?
Vous ne m’ôtez pas l’idée que cette alliance est contre nature; Kurz est forcément peu ou prou un otage.
Ensuite, le dégagisme: en partie seulement puisque Van der Bellen est de la même génération que Trump et Biden; on remarquera alors que Kurz pourrait être son petit-fils (du jamais vu, probablement).
Et les Autrichiens étaient contraints de revoter (à la revoter) tant que le verdict des urnes n’était pas politiquement correct, ce qui nous rappelle quel sort peut attendre certains dépouillements de référendum chez nous…
Enfin, Kurz est aussi l’otage du «lobby qui n’existe pas», comme en témoignait en début de mandat sa chasse aux «vieux démons» du passé commun austro-allemand.
Moralité: si je devais changer de nationalité (barrière de la langue mise à part), je me tournerais vers la Suisse.

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François Martin 10 mars 2021 - 8:22

La droite politicienne a disparu, la droite des Français est toujours là.
Le phénomène n’est pas nouveau. Nous avons même pu constater qu’une fois élus les politiciens de droite gouvernent à gauche. C’est un des aspects du divorce profond entre le monde politique et le pays réel.

A présent, les sondeurs constatent que les candidats de droite (il y en a, même s’ils ne sont pas très crédibles) vont jusqu’à mépriser l’important gisement de votes constitué par les Français de droite.

Un effet secondaire de la Constitution de 1958 qui permet de gouverner comme si les Français n’existaient pas ?

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BYL 10 mars 2021 - 4:05

Et si la droite française s’inspirait du chancelier autrichien Sebastian Kurz ?
Pourquoi faudrait il en permanence regarder au dessus de l’épaule pour voir faire ses voisins étrangers.La France est le pays des lumières alors branchons le courant.

Parmi les richesses vives de la nation, nos entrepreneurs ne sont guère tentés par la politique. A leurs yeux, les succès et réussites sont rarement présentes ces 40 dernières années; le plaisir est dans le travail et non dans la production d’aide de toutes natures.

Les français ont appris à attendre tout de l’état. Et le progrès social ne s’acquière que par la création de richesses.Et les richesses viennent du travail, de la bonne gestion !!!! Fabriquer du déficit c’est contraindre son pays.

Notre pays est le plus beau du monde, la terre entière nous envie.mais ce n’est pas le modèle social qui l’intéresse en premier. Cessons de nous gargariser d’être le modèle de l’assistanat mondial.
Faisons gagner les français!!

FRANCE RECHERCHE PATRON SI POSSIBLE HORS DES PARTIES.

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FERRARESE 14 mars 2021 - 7:33

Exil pour bientôt ?
Vu l’état de déliquescence de cette pauvre France, vu la guerre civile à nos portes, vu les guignols qui gouvernent je vais bientôt demander l ‘asile politique à ce beau pays autrichien.

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