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Comment Macron étatise encore plus la France

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Rapidement et sûrement. Ses adversaires le critiquent pour son « ultralibéralisme » et une partie de sa majorité considère qu’il n’est pas suffisamment à gauche. Comme la droite craint comme la peste les idées originales, Macron a un véritable boulevard devant lui. Ce boulevard s’appelle l’étatisation rampante de la France. Bien sûr, on aurait pu apercevoir quelques signes encourageants comme une prétendue réforme de l’éducation (finalement, rien d’encourageant) ou, plus récemment, la fin du numerus clausus (plus de cacophonie que de mesures concrètes), mais les mesures étatistes l’emportent largement sur les celles, plutôt rares, qu’on pourrait appeler non pas libérales mais un peu… audacieuses.

L’assurance chômage devient un impôt payé surtout par les cadres

On ne revient pas sur la canicule. Le gouvernement, à défaut d’entreprendre de vraies réformes, nous dit qu’il faut boire, rester à l’ombre et ne pas faire rôtir les enfants au soleil. Heureusement, car peut-être aurait-on pu en avoir l’idée ? Plus sérieusement, regardons la récente réforme de l’assurance chômage. On a bien remarqué que les cadres allaient trinquer alors qu’ils cotisent plus que les autres (42 % des ressources) et touchent moins d’allocations (15 % du total) car ils sont plus rarement au chômage. Le gouvernement met aussi en place une taxation des contrats courts et extra, donc un contrôle encore plus renforcé du marché du travail. Inéluctablement, les employeurs vont réfléchir davantage avant d’embaucher et des secteurs entiers où les contrats courts sont de mise seront affectés. Au lieu de faire, comme le propose l’IREF, de l’assurance chômage une vraie assurance pour tous, en donnant la liberté à chacun de s’assurer à sa guise, comme cela existe ailleurs, le gouvernement en fait une sorte d’aide qu’il distribue comme il veut, non pas en fonction du travail de chacun mais comme une forme d’assistanat. Un pays qui a été au moins aussi étatisé que la France, la Suède, a conçu une vraie assurance chômage qui repose sur une allocation de base complétée par des assurances personnelles. Cela ressemble à leur système de retraite. Il existe donc une allocation de base de 320 SEK/jour (35 euros) accordée à tout nouveau chômeur de plus de 20 ans. A cela s’ajoute une assurance personnelle que l’employé a souscrit auprès de l’un des 36 Unemployment Funds. Ce sont des caisses de statut privé gérées en grande partie par les syndicats. Elles sont rattachées en général aux différents secteurs de l’économie : industrie, services, artistes, etc… Environ 3.5 millions de Suédois sont membres d’un « Unemployment Fund ».

Toujours en Suède, la privatisation des services de l’aide à l’emploi a été entérinée par un accord signé début janvier entre les sociaux-démocrates, les Verts et deux partis de centre-droit. Il s’agit de l’équivalent de Pôle Emploi. Cette privatisation a été suivie par l’annonce de la suppression de 4 500 postes dans les services d’Etat d’ici à la fin de l’année. Soit un tiers des 13 500 salariés. Pour les Suédois, le privé s’occupe mieux des chômeurs que le public.

La réforme des retraites : le privé payera la facture !

Ce qui se passe avec les retraites est au moins aussi inquiétant. Le régime unique sous la coupe de l’Etat va forcément absorber les autres régimes, en particulier les caisses privées qui ne sont pas déficitaires. Concernant les régimes spéciaux, il ne faut pas se leurrer. Leurs avantages « spéciaux » seront préservés, comme l’a soutenu plusieurs fois Jean-Paul Delevoye, et, aussi grave, c’est le privé qui payera l’addition. Les fonctionnaires n’ont pas de caisse et les régimes de ceux qui travaillent dans les entreprises publiques coûtent environ 50 Mds d’’euros tous les ans. Déjà, la retraite d’un agent de la SNCF est payée à 50 % par les contribuables. Il y a donc pléthore de raisons de s’inquiéter d’autant plus que cette réforme ne prévoit nullement la mise en place de plusieurs piliers, dont la capitalisation qui existe dans pratiquement tous les autres pays.

La député LREM Corinne Vignon, chargée depuis six mois par la commission des Affaires sociales de présider un groupe de travail, veut apporter sa touche personnelle à cette réforme. Elle propose, non pas un pilier capitalisation mais… des points pour les enfants. Afin de réduire l’impact de la maternité sur la carrière des femmes, il pourrait être attribué « de manière forfaitaire des points par enfants dans la limite d’un plafond » à définir. Elle veut par ailleurs « imaginer une solution pour les couples en garde alternée ». Elle envisage aussi « un bonus-malus pour le maintien des seniors en entreprise ». A force de bonus-malus, les entreprises n’auront plus le moindre intérêt à investir et embaucher en France.

Il est donc très étonnant de voir que peu de journalistes et d’experts ont réagi face à cette étatisation rampante de l’économie française. En se laissant impressionner par quelques indicateurs assez positifs (mais beaucoup moins que dans les pays concurrents), ils croient au contraire à sa renaissance. Nous en sommes loin et le retour de bâton sera sévère.

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1 commenter

la mouchette 3 juillet 2019 - 2:42

L'étatisme Macronien
C'est tout à fait l'image du pays tout état qui veut tout contrôler ,donner des conseils canicule ,comme l'on ferait pour des enfants ,l'assurance chômage ,les cadres vont payer la facture ,car incapable de faire la vraie réforme dans ce pays alors que si l on appliquai le systeme Suisse ,on économiserai 18 milliards sans compter les fraudes en plus quelques milliards . Quand à la réforme des retraites un leure ,incapable de la mettre pour tout le monde à 65 ans ,de la demie mesure c'est notre spécialité depuis 40 ans .tout le monde vas être mis devant leurs responsabilité lorsque la crise financière mondiale arrivera (et c'est pour trés bientôt )alors les grandes réformes se feront obligatoirement ,et personne bronchera .

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