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Chloroquine : ne sacrifions pas la raison sur l’autel de l’urgence

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L’IREF est contre la bureaucratie et les réglementations excessives et en faveur des libertés et de la responsabilité. Notre Institut privilégie aussi la recherche académique et scientifique. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de publier cette tribune argumentée d’un jeune chercheur qui attire l’attention, à juste titre, sur l’importance des études et de la recherche médicales.

Depuis plus d’une semaine, le nom de la chloroquine est sur toutes les lèvres. Ce médicament serait le remède miracle à la maladie de Covid-19.

Revenons d’abord sur les faits. La chloroquine est un médicament utilisé depuis longtemps dans la lutte contre le paludisme et certaines formes de lupus. Si elle a démontré sa grande efficacité in vitro contre de nombreux virus, elle a souvent été un échec lorsqu’il a fallu passer in vivo. Son usage est actuellement défendu par le professeur Raoult, virologue à Marseille, sur la base de sa propre étude menée sur 24 patients. Face à la prudence (mesurée) des autorités de santé, bon nombre de personnes se sont constituées défenseurs du professeur Raoult, face à des élites médicales parisiennes déconnectées du peuple, quand elles ne sont pas vendues à l’industrie pharmaceutique.

Il ne s’agit pas ici de prendre position sur l’efficacité de la chloroquine, au contraire. Le travail du professeur Raoult est important et a permis, dans une situation de crise sanitaire, d’attirer le regard des scientifiques sur une solution potentielle. Ceux qui affirment que rien n’est fait à ce sujet ont tort. La chloroquine fait partie des quatre médicaments qui sont testés depuis le 23 mars, dans le cadre du projet paneuropéen « Discovery », impliquant 3200 patients dont 800 français.

Exiger une étude clinique qui respecte les règles de la rigueur scientifique n’est en aucun cas remettre en cause la qualité du professeur Raoult. Enoncer un fait, cela ne suffit jamais pour trancher scientifiquement de sa véracité. Ce médicament pourrait être défendu par le meilleur médecin de la planète, fût-t-il prix Nobel, il ne peut pas a priori être déclaré efficace sans preuves solides étayées par une méthode rigoureuse. Nombreux sont les grands scientifiques qui nous ont précédés et qui se sont trompés. Einstein n’a t-il pas déclaré « Dieu ne joue pas aux dés », affirmant son scepticisme face à la vision probabiliste de la mécanique quantique ? Pourtant, la violation expérimentale des inégalités de Bell lui donnera tort. En 1821, Cauchy affirmait démontrer qu’une série de fonctions continues était elle-même continue. Lui aussi avait tort. Et pourtant nous avons là deux des plus brillants esprits scientifiques qu’ait connus l’humanité. L’argument « c’est un grand professeur de médecine qui l’a dit » est donc irrecevable.

Comme pour d’autres traitements qui ont fait débat il y a un an et dont l’inefficacité est avérée, l’expérience personnelle ne peut être un argument en soi. Ainsi lorsque Christian Estrosi affirme avoir été guéri du Covid-19 par la chloroquine, cela relève de la pure croyance. Dans le cas d’un virus bénin pour plus de 80 % des personnes, il n’est pas idiot de penser qu’il ait guéri spontanément. Ou peut-être pas. Mais affirmer sans preuve l’un ou l’autre relève de l’erreur.

L’étude permettra de trancher sur l’efficacité de ce médicament, mais aussi d’en évaluer les paramètres. Est-il nocif sur certaines personnes ? A quel moment de la prise en charge est-il efficace ? Quelle dose est la plus efficace ? Y a t-il des contre-indications lorsque le patient est déjà sous traitement ? Autant de questions qu’il est crucial de poser, et dont l’absence de réponse rend dangereuse l’auto-médicamentation sauvage.

Évidemment, dans cette période d’urgence sanitaire, il nous est difficile de garder la tête froide et la moindre lueur d’espoir peut déchaîner des passions violentes et irrationnelles. Mais ne sacrifions pas la raison sur l’autel de l’urgence. Si ce médicament s’avérait inefficace, sa généralisation entraînerait des coûts importants, et des opportunités de se tourner vers d’autres traitements plus efficaces seraient ratées.
Au moins cette affaire permet à la population de comprendre le quotidien du chercheur : avancer dans le noir à tâtons dans l’espoir d’arriver à un résultat, sans pour autant succomber aux sirènes des fausses évidences.

Enfin, s’il se trouvait que la chloroquine était efficace dans la lutte du Covid-19, je préfère couper l’herbe sous le pied à tous ceux qui nous diront « je vous l’avais bien dit ». Ceux-ci sont actuellement dans le même état d’ignorance que les autres, et leur avis relève plus d’un pari sur l’avenir que d’une recommandation raisonnée. Il est aisé de s’enorgueillir du savoir présent pour dénoncer a posteriori les erreurs du passé. Mais comme disait Hegel « la chouette de Minerve s’envole au crépuscule »

Benjamin Faucher (Students for Liberty)

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13 commentaires

elea 21 avril 2020 - 4:06

Chloroquine et confusion du projet Discovery
Le projet Discovery ne teste pas le protocole du Professeur Raoult (c'est-à-dire une association de chloroquine et d'antibiotique en début de maladie) mais seulement un traitement à base de chloroquine au stade avancé de la maladie c'est-à-dire lorsque qu'il est trop tard et que cela ne sert plus à rien. Éludant cette précision, l'article donne une mauvaise information et l'IREF se décrédibilise en publiant un papier qui, loin d'éclairer le débat, ne fait qu'entretenir la confusion.

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François 21 avril 2020 - 2:16

Entièrement d'accord. Être aussi léger sur l'étude discovery discredite tout le reste.

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Angélo 21 avril 2020 - 4:44

Tout à fait juste. Aucun essai ne vérifie le protocole Raoult, même pas hycovid. Quand à Discovery, c'est une macabre plaisanterie. A cette date, il y a eu 3 études du Professeur Raoult, avec toutes la même faille méthodologique. Rien ne démontre que l'on dépasse l'effet placebo. Mais contre rien, l'effet placebo, ce n'est déjà pas mal ….

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Generite 25 septembre 2020 - 11:01

Non seulement Discovery ne traite pas le protocole de Raoult, mais en plus les dosages d'hydroxychloroquine sont excessifs, l'IHU la dénoncé sur son site internet.
De plus, vous ne précisez pas quels sont les protocoles de tests qui trouvent grâce à vos yeux, contrairement à l'IHU qui a montré dans une vidéo très récente que les tests en double aveugles font apparaître une divergence de résultats beaucoup plus importante que le modèle de l'observation. Cet article est bien décevant de la part de l'IREF.

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Henri de Richecour 21 avril 2020 - 9:06

Oui, et alors?
Certes. Je suis bien incapable de critiquer M Faucher assurément plus compétent en matière médicale que je ne le suis. Pour autant, quelles sont les conclusions de son article? Aucune. On ne sait pas. Immobilisme. On attend qu'un médicament ou vaccin testé, compris, évalué, etc… arrive enfin, peut-être, un jour… ou pas. Au moins, le professeur Raoult a le mérite de proposer quelque chose. Imparfait? certainement. mais quelque chose. A quoi et qui cela servira-t-il que le patient meure guéri? C'est d'une extrême prétention de la part de la science et des médecins que de faire croire qu'ils trouveront. Rien ne le dit, rien ne le garantit. Clairement, je choisis de vivre et vivre (nous l'avons tellement oublié) c'est prendre le risque de la mort. Peut-être nos médecins devraient-ils à nouveau prendre des cours d'éthique et de philosophie, ça ne serait pas du luxe !

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sauternes 21 avril 2020 - 10:38

desinformation
Bonjour,
Je me joins à 'elea' cette article est plein de désinformation.
Pour info:
il y a urgence,
le hydroxychloroquine est très peu cher,
Le protocole Raoult n'est pas mis en test.
Allez voir directement le site IHU méditerranée et éteignez la TV, les publications sont accessible pour tout anglophone.

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Alain Desaint 21 avril 2020 - 10:44

Comment arrivent les progrès médicaux ?
Cet article pèche un peu par manque d'analyse, et il est en retard sur les faits thérapeutiques. Il rappelle des lieux communs qui ont leur part de vérité sans vraiment pénétrer les tenants et aboutissants des actes et confrontations crucials tels qu'ils se présentent en ce moment.

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zelectron 21 avril 2020 - 2:23

C'est plutôt la guerre entre les factions de lobbies issus des big pharmas
Pour l'heure 70 ans de prescription de la chloroquin ont engendré des centaines de milliers de morts et peu en réchappèrent, oups je me suis trompé, ce furent des centaines de milliers de guérisons . . . peut-être même des millions ?

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Tatou 21 avril 2020 - 5:05

IREF, Discovery et Raoult
En l'état des informations, en moyenne, en France, il y a 1,5 % des personnes atteintes formellement du virus qui en meurent. Si on traite et qu'on dit que le traitement est efficace sans avoir de témoin zéro comme il est fait en recherche, est-ce du au patient qui " naturellement" guéri, ou le traitement quel qu'il soit ?
Le jeune étudiant a raison, et bravo à l'IREF d'avoir pondéré son attitude particulièrement laudative initialement vis à vis de Raoult.
Par ailleurs l'hydroxychlorine a été montrée sans effet sur le SIDA et Ebola. Sur le chikunguya, malgré une charge virale fortement diminuée, elle a donné des effets secondaires dangereux hors de ceux connus depuis longtemps, cardiaques par exemple.
Lire l'article de la revue Prescrire qu'on ne peut dire à la solde de l'industrie pharmaceutique.
En conclusion, prudence, et ne comparons pas Pasteur avec la rage quasiment 100 % mortelle et pour laquelle traiter valait mieux, évidemment, que ne rien faire, avec un traitement contre un virus qui ne tue heureusement que très peu, mais dont les sites d'attaques sont particulièrement nombreux et divers: pneumologiques, certes, mais aussi neurologiques, aphasiques…. à l'inverse du SIDA par exemple.

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Paul 21 avril 2020 - 7:28

On est en guerre
Foch disait quand on est en guerre on est dans l'action avec les moyens qu'on a.
le Professeur Raoult a agit comme un officier en état de guerre.
Faire de la recherche pour avoir un résultat trop tard c'est complètement stupide en temps de guerre.
Votre approche est complètement biaisé car vous oublié le contexte défini par Macron.
Si ce n'est pas le cas c'est encore une fourberie du gouvernement et là le sujet serait plutôt la mystification.

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Dominogris 23 avril 2020 - 5:37

Chloroquine et essais cliniques
Cet article serait acceptable si la chloroquine était un nouveau médicament inconnu et si les Chinois ne l'avaient pas déjà testé.
Il faut d'autre part être logique: pourquoi de tels essais ne sont-ils pas menés sur les vaccins?

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Sonja 25 avril 2020 - 1:23

Un peu d'humilité fait grandir
D'accord avec Domininogris et Paul. C'est ainsi que des décisions furent prises par des politiques nombrilistes et incompétents. Que ce soit pour les traités assassins au XIX et XXème s. C'est ainsi qu'on fait fi d'un individu génial qui bosse, reconnu comme sommité, propose un traitement avéré par des scientifiques pleutres avides de subventions et d'honneurs faciles. Il y a toujours des polémiques dans tous les domaines, mais dans ce cas précis, nous avons assisté à l'abattage d'une notoriété qui œuvre dans et pour le service public par choix de la France… Honte à ceux qui l'ont dénigré et n'ont même pas songé une seconde à la défiance imprimée au citoyen lambda déjà échaudé par les manigances intolérables des "macroniens" sombres incultes installés à des postes clefs. Cher Professeur, restez authentique, nous vous connaissons non enclin aux honneurs ni aux génuflexions de servilité, ni appointé chez "big pharma" comme vos détracteurs.
Monsieur RAOULT, souvent croisé à La Timone, est un professeur digne et sérieux qui ne compte pas son temps pour la SANTE et la Recherche. Tous les étudiants et personnels passés dans son service connaissent l'humilité des "grands" sans comparaison à beaucoup de médecins actuels qui ont pourtant prononcé le serment d’HYPOCRATE. Villes désertes, population dans l'angoisse par le harcèlement de toutes les chaînes, les médias et intervenants qui ont; au début répété tous les jours: "les masques sont inutiles" jusqu'à ce qu'il y ai des contradicteurs éclairés, de vrais professionnels.
https://youtu.be/C4TT-5Tpvs4
Le corbeau Salomon croasse quotidiennement la litanie morbide (tous DC confondus, peu importe pourvu que le nombre s'accroisse pour maintenir les gens dans l'angoisse … Quoi de mieux après un 49 3 extravagant, absurde qui aurait occasionné une manifestation d’ampleur après 3 années de pieds nikelés lrem, au GVT, et au Parlement.
La stratégie macronienne se met en place avec le renforcement de l'armée et de la police sans masque pour la plupart). Cela me rappelle une série britannique des années 80 : "le prisonnier"… Quoi de plus contingent pour asservir un peuple à l'intelligence déjà volatile tant le savoir est éthéré à cause du nivellement vers le bas de l'Education Nationale depuis 40 ans, la consommation de masse, la futilité des soixanthuitards qui ont générés des jeunes inconséquents.
Enfin, non Monsieur FAUCHET, la période; comme rien d'ailleurs ne permet de comprendre le quotidien du chercheur ni de personne: "il faut manger la soupe pour savoir le goût qu'elle a".
Alors oui, il y a un coronavirus, Mr le Pr RAOULT l'explicite : https://youtu.be/n4J8kydOvbc
Cependant, la toxicité et sa virulence se situent ailleurs.

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Vonalten 1 mai 2020 - 4:19

Le jeunisme est-il la seule solution ?
D'après vous, nous devons donc suivre l'avis d'un "jeune chercheur" (en quoi, au fait ?) et ne pas tenir compte de 40 ans d'expérience au plus haut niveau de la spécialité…
Avec, de plus, la preuve vérifiée tant de fois in vivo que la charge virale baisse plus vite sous Plaquénil et fait donc cesser la contagiosité.

"Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus au-dessus d'eux l'autorité de rien ni de personne, alors c'est là en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie."

Alors soit, vive le jeunisme puisqu'il règne au plus haut niveau de l'état, de façon quasi… virale !

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