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Alertes sur le risque pandémique, ces rapports oubliés

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Pourquoi la France s’est-elle trouvée dépourvue de masques et gel hydroalcoolique au printemps dernier ? Un rapport remis à Santé publique France sur les « contre-mesures médicales face à une pandémie grippale » en jugeait pourtant les stocks nécessaires. Il a été publié un an avant la fin du premier confinement, le 20 mai 2019. Mais l’alerte n’était pas nouvelle ! En voici le triste florilège.

Dès 2008, le rapport de prospective du National Intelligence Council (NIC, Conseil national du renseignement des États-Unis), pointait le risque d’ « apparition d’une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse, pour laquelle il n’existe pas de traitement adéquat, [et qui] pourrait déclencher une pandémie mondiale » (p 211 de la traduction française). Ce rapport est paru en France sous le titre Le nouveau rapport de la CIA : comment sera le monde en 2025 (Robert Laffont) en février 2009. Il évoquait l’origine de ce type de pathologie (« les souches hautement pathogènes de la grippe aviaire telles que le H5N1 », le « SRAS et diverses souches de la grippe » ou °« des agents pathogènes, comme le coronavirus du SRAS »), et soulignait le fait que « la maladie tarderait à être identifiée si le pays d’origine ne disposait pas des moyens adéquats pour la détecter.»

Rapports en chaîne depuis 2008

Ce document, publié il y a donc douze ans, alertait en outre sur le mode de propagation d’un tel agent pathogène via des voyageurs asymptomatiques. Il anticipait enfin le scénario catastrophe : « vagues de nouveaux cas tous les quelques mois » avec un tiers de la population mondiale touchée.
En novembre 2008, le même organisme américain avait également mentionné le risque pandémique dans son rapport intitulé Global Trends 2025 : ATransformed World (Tendances Globales °2025 : un monde transformé). Il s’inquiétait de « l’émergence d’une nouvelle pathologie respiratoire, hautement transmissible et virulente, pour laquelle il n’y aurait pas de contre-mesure adéquate et qui pourrait initier une pandémie globale » (p.75).
Il indiquait également de possibles origines : « L’émergence d’une maladie pandémique dépend de la mutation génétique naturelle ou du réassortiment de souches de maladies en circulation ou de l’émergence d’un nouveau pathogène dans la population humaine. Les experts voient dans les souches hautement pathogènes de la grippe aviaire (IAHP) telles que H5N1, des candidats probables pour une telle transformation, mais d’autres agents pathogènes, comme le coronavirus du SRAS ou d’autres souches de grippe, ont également ce potentiel ».

Les alertes du livre blanc « Défense et Sécurité nationale »

Le livre blanc Défense et Sécurité nationale avertissait lui aussi, en 2013, que « le risque existe notamment d’une nouvelle pandémie hautement pathogène et à forte létalité résultant, par exemple, de l’émergence d’un nouveau virus franchissant la barrière des espèces » (p.46). « Le Livre blanc de 2008, rappelle-t-il, en avait fait le constat, que l’évolution des dernières années n’a pas démenti. » (p.10). Il dit clairement que « la rapidité des transports, qui augmente la vitesse de propagation des risques sanitaires et l’échelle potentielle de leur diffusion, oblige les États à trouver de nouveaux moyens d’action pour prévenir le développement des pandémies. » (p.42).
La mise en garde est sans ambiguïté dans le document de prospection : « Dépendantes d’infrastructures vitales complexes, fonctionnant à flux tendus, en contact quotidien avec le monde entier, nos sociétés peuvent être rapidement et profondément perturbées par des événements qui ne frappent initialement qu’une fraction de la population. Une désorganisation au départ limitée peut rapidement se propager et être amplifiée au point de constituer une menace affectant la sécurité nationale. » (p.46).

Les avis d’experts remis à Santé publique France

Plus précis encore, les « avis d’experts relatifs à la stratégie de constitution d’un stock de contre-mesures médicales face à une pandémie grippale » remis à Santé publique France en mai 2019 évaluent, en cas de pandémie, « le besoin en masques [à] une boîte de 50 masques par foyer, à raison de 20 millions de boîtes en cas d’atteinte de 30% de la population. » (p.6). L’importance du stock doit être considérée « en fonction des capacités d’approvisionnement garanties par les fabricants. » Ce stock « doit être positionné au plus près des utilisateurs, avec un processus de distribution simple et lisible dans la communauté » et « devrait être renouvelé pour éviter d’atteindre la date de péremption des masques. Il convient plutôt de constituer un stock minimal à renouveler, l’objectif étant que ce stock puisse tourner pour être utilisé dans les établissements de santé et médico-sociaux un an avant leur péremption. »

Résultat, une nomenclature aussi ubuesque que fluctuante des biens et petits commerces jugés « essentiels » à la vie de la nation. Et cette polémique indécente, qui ne fait qu’accroître le désespoir de milliers de petits commerçants, restaurateurs, libraires ou coiffeurs, jugés « non essentiels » à la veille de Noël.
Prochain enjeu, l’approvisionnement en vaccins contre la covid19. Les commandes françaises et européennes sont lancées…

Sources :
https://www.lisez.com/livre-grand-format/le-nouveau-rapport-de-la-cia/9782221112946
https://www.dni.gov/files
http://www.livreblancdefenseetsecurite.gouv.fr/pdf/le_livre_blanc_de_la_defense_2013.pdf
https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/avis/avis-d-experts-relatifs-a-la-strategie-de-constitution-d-un-stock-de-contre-mesures-medicales-face-a-une-pandemie-grippale

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3 commentaires

PICOT 27 novembre 2020 - 11:05

L'Etatisme nous tue
Tout ce manque d'anticipation parce que nous sommes gouvernés par des fonctionnaires qui ont les yeux rivés sur les économies possibles et le contrôle de tout et de tout le monde. Sans prendre aucun risque pour eux mêmes, bien entendu. Il nous faudrait des hommes politiques, au sens noble du mot, c'est à dire des hommes soucieux de leur pays et de leurs concitoyens. Un risque de pandémie mondiale? Cela ne les empêche nullement de réduire à zéro les stocks de masques. Nous pouvons chercher : il n' y a personne en vue actuellement à quelques exceptions près soigneusement tenues à l'écart (Asselineau, par exemple). Un homme politique digne de ce nom ose prendre des risques. De Gaulle, par exemple, qui est parti après avoir perdu un référendum, ou même Cameron, plus près de nous, qui a fait la même chose. Tant que nous auront au pouvoir des hommes qui méprisent, détestent les Français, et par dessus le marché en ont (à juste titre) une trouille bleue (voir ce qu'ils font aux gilets jaunes, un vrai danger pour eux), nous ne pourrons pas en sortir.

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Iduski 27 novembre 2020 - 3:58

Pandémie
Le pr Salomon responsable de la santé aurait dû être démis immédiatement de ses fonctions et comme il ne l’a pas été il doit l’immédiatement.
Va t’on le féliciter encore comme les perdants du début de 1914-17.
Buzin une ignare qui doit certainement avoir une promotion pour son incompétence

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Fajardy 7 décembre 2020 - 2:43

Défense de la langue française
Bonjour
Une pandémie (du grec "pan" tout, est un épidémie mondiale. Éviter le pléonasme de pandémie mondiale, une pandémie est forcément mondiale ; de même qu'un tri est forcément sélectif.
Cordialement

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