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Trente personnes dans une église ou l’autoritarisme borné

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Ainsi donc le sort en est jeté, qu’il s’agisse de l’immense cathédrale d’Amiens que le président de la République doit connaître ou, au fin fond du Gers de mon enfance, de l’humble église de campagne de Cazaux-Savès, la jauge sera la même: 30 personnes, pas une de plus, pourront suivre une messe, aussi rapprochées dans la petite église occitane qu’esseulées dans l’imposant vaisseau picard de Notre-Dame d’Amiens.

Ceux qui font à notre site l’honneur de leur fidélité ne seront pas étonnés qu’une décision aussi absurde ait pu être prise dans la solitude de son vaste bureau par tel ou tel haut fonctionnaire parisien, bardé de savoir et de diplômes. En revanche, ils auront sans doute plus de mal à comprendre pourquoi le cabinet du président d’abord, le Conseil de défense ensuite et le président de la République enfin, n’ont pas immédiatement pointé et censuré l’absurdité d’une telle proposition et se sont alignés comme un seul homme sur la mesure la plus stupide, celle qu’un gamin de 12 ans n’aurait pas prise. Et au-delà du syndrome de l’hubris, comment ne pas voir dans cette exigence aberrante l’enfermement du pouvoir dans un autoritarisme borné, fier d’infantiliser à bon compte les Français qui n’en peuvent plus ?

Il en ressort une leçon pour ces périodes de crise et les autres : il est temps que nous choisissions désormais aux niveaux stratégiques de notre République – et notamment pour assister nos dirigeants – des gens de bon sens, riches d’expérience, proches de leurs concitoyens et pour qui la libre réflexion est une exigence personnelle et permanente, plutôt que des personnes que leurs trop hautes études et les ors de la République semblent avoir définitivement retranchées du reste du monde. D’ailleurs nul doute que si, pour cette nouvelle étape, l’Élysée avait pris soin de prêter attention à l’avis du clergé, il se serait évité le ridicule à la fois :
– de réduire à l’étalon étriqué d’une église standard – qui n’existe pas – l’incroyable richesse de notre patrimoine religieux
– et d’ajouter à une collection déjà riche d’aberrations, une injonction qui écorne son image auprès de ceux des Français qui s’obstinent à prendre encore le temps de réfléchir à l’écart de la pensée unique.
Car, même si elle doit être selon toute vraisemblance prochainement rapportée à raison des levées de boucliers qu’elle provoque, cette mesure présidentielle, qui se conforme maladroitement à la recommandation du Conseil d’État, fait tache et elle n’aurait jamais dû être prise.

Rappelons-nous certes Descartes lorsqu’il prétend que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Mais n’oublions surtout pas la restriction amusée qui lui fit malicieusement ajouter : car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont!

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1 commenter

AlainD59 27 novembre 2020 - 3:38

Pas plus de 30 personnes !
Personnellement je ne pratique aucun culte mais je ne dénie à aucun le droit de pratiquer le sien. Comme vous le dites, je ne suis nullement étonné de l'indigence intellectuelle du fonctionnaire ayant pris une telle décision, se pourrait il qu'il n'ait jamais vu une église ? Ou bien le nombre lui aurait il rappelé les 30 deniers que reçut Judas pour le prix de son forfait ?
Règne t il 30 ânes dans les bureaux des ministères ?

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