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Un parti antilibéral dans le pays le moins libéral

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Après « le choc » du premier tour des élections régionales, on a pu assister à toute une salve d’explications plus ou moins argumentées mais qui ont occulté, à notre avis, un énorme paradoxe. Le Front national est devenu le premier parti politique du pays avec un programme exclusivement antilibéral alors que la France est probablement le pays le moins libéral de tous les pays riches et démocratiques.

Tout le programme économique du FN se résumé à la dénonciation de l’ « ultralibéralisme économique », de la mondialisation, de l’Europe et des Etats-Unis comme étant les suppôts du libre échange et de la libéralisation. Dans l’histoire politique, on a rarement vu un parti arrivé en tête des élections avec des propositions économiques et sociales si éloignées des réalités du pays. Comment peut-on avoir un discours antilibéral dans un pays où l’Etat confisque 57 % de la richesse produite par les forces vives et où le taux de la pression fiscale sur les entreprises de taille moyenne de 62,7% de leur résultat commercial en 2014, a atteint 62.7 % selon une étude du cabinet PWC et de la Banque mondiale et classe la France en deuxième position sur 189 Pays ? Quel est ce pays de l’ « ultralibéralisme » où aucun pouvoir politique, ni de droite, ni de gauche, n’a osé toucher au nombre et aux privilèges des fonctionnaires ?

La France est un pays « ultra-étatiste »

Après la crise de 2008, tous les pays ont engagé de profondes réformes et ont soumis l’Etat à des cures d’amaigrissement sans précédent. A part quelques réformettes, la France n’a rien fait. Nous avons toujours plus de 6 millions de fonctionnaires qui bénéficient d’un statut à vie qui n’existe plus ailleurs. Ceux qui ont rédigé le programme économique antilibéral du FN savent-ils que la France devrait supprimer 1 600 000 postes de fonctionnaires pour être dans la moyenne des autres pays membres de l’OCDE ? Ou bien que nous avons 90 fonctionnaires pour 1 000 habitants contre 50 pour 1 000 en Allemagne ? Nous avons le marché du travail le plus réglementé en Europe et le Code du travail le plus épais. Notre système de retraite est dans les mains des « partenaires sociaux », dont les syndicats marxistes qui ne représentent plus personne et les fonds de pension sont interdits aux Français. Qu’y a-t-il d’ « ultralibéral » dans ce pays ? En réalité, la France est un pays « ultra-étatiste ».

Les idéologues de l’antilibéralisme sont les complices du FN

Ce paradoxe s’explique de plusieurs manières. Les électeurs du FN se fichent éperdument de son programme économique. Dans ces conditions, ça ne sert à rien aux opposants du FN de mener le débat sur ce terrain. Probablement, ces électeurs sont tellement préoccupés et apeurés par les problèmes d’immigration que leur vote est dicté par cette peur. Et aussi par le rejet des autres organisations politiques qui cristallisent tous les échecs accumulés par la France depuis plus de 30 ans. Si le discours antilibéral et antimondialisation a pu s’imposer aussi facilement, c’est aussi parce qu’il a toujours été partagé par la gauche et une (très) grande partie de ténors de la droite. Dans le passé, pratiquement tous les leaders de droite, en commençant par Jacques Chirac et Alain Juppé, ont pris soin de se détacher de toute référence à des personnalités comme Thatcher ou Reagan et à condamner avec véhémence les « ravages de l’ultralibéralisme ». Tout cela avec la complicité de l’Education nationale, de la plupart des intellectuels médiatisés et d’une grande partie des journalistes.

Ce rejet du libéralisme, ce « Vade retro, liberalismus ! », s’est nourri aussi de la haine envers les riches et de la détestation de l’Amérique, vue comme le pays des libertés, de la flexibilité et de l’Etat minimum. Sa réussite sur le plan économique l’a transformée en bouc émissaire pour les idéologues français au lieu d’en faire un modèle. Aujourd’hui encore, on jette des coups d’œil admiratifs vers l’ancien KGBi-ste Poutine et son pays, la Russie, dont l’économie n’a rien à envier à celle d’un Etat du tiers-monde.

L’étonnement de la plupart des journalistes, des intellectuels, des observateurs ou des hommes politiques face aux victoires électorales de plus en plus fréquentes et de plus en plus importantes du Front national sont de la pure hypocrisie. Par leur idéologie antilibérale, antiaméricaine et antimondialiste, ils ont alimenté et cautionné son discours et son programme économique.

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4 commentaires

le barbu 15 décembre 2015 - 10:52

antilibéral???
Je n'ai pas entendu le même discours que vous. J'ai entendu plutôt par exemple: baisse des impôts en baissant certaines aides (et les arrangements entre "amis"), et partenariat "donnant-donnant" (si une entreprise est aidée localement, elle rembourse si elle veut délocaliser ). On peut avoir des doutes sur leur efficacité, mais ces mesures ne sont pas antilibérales. L'esprit général me semble au contraire de faire confiance aux entreprises, surtout aux PME.
Si être antilibéral c'est promouvoir une économie qui respecte l'humain, alors oui, le FN est anti-libéral. Si exiger des accords nationaux ou internationaux qu'ils soient "gagnants-gagnants" est antilibéral, je pense que le FN est anti-libéral.
Seriez-vous atteints de la "Gattazite"? on ne peut confondre le libéralisme économique et les fortunes anonymes et vagabondes qui , elles, se nourrissent de lobbying à l'échelle planétaire. Les exemples ne manquent pas (les puissants intérêts autour de la COP 21, le marché des armes , celui du pétrole, les trusts pharmaceutiques, etc…).
Nota: dans ma région, on a élu un Républicain, mais j'ai écouté tt le monde sans a priori

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Julien 15 décembre 2015 - 12:02

Anti-americanisme
Je pense que l'anti-américanisme vient aussi du désastre provoqué par la CIA et ses sbires au moyen orient!

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Senanque 15 décembre 2015 - 12:38

la défiance du libéral est ancrée en France
Je partage votre analyse.

Le FN est cohérent: dirigisme social et dirigisme économique. Regardez leur programme économique: maintien de l'ISF, tranche de l'IR qui monte à 46%, lutte contre les "copinages" et contrôles des accords ( il n'y a rien à redire là dessus) mais rien sur les économies de l'Etat qui continuera à grossir en taille et en puissance pour le plus grands malheurs des libertés économiques individuelles et de la dette. L'économie sera encore plus dirigée avec les conséquences que l'on connait: pas d'attractivité, fuite des capitaux et des cerveaux, infantilisation des masses. L'enfer économique est pavée de bonnes intentions.

Les socialistes ne sont pas cohérents: "libéralisme" social et dirigisme économique. Ils pensent compenser l'un par l'autre.

Les Français sont mauvais économistes; ils mettent en avant les droits de l'Homme mais se méfient de l'Homme au niveau économique; la conséquence est que l'Etat doit tout faire, or ce dernier est ni juste ni compétent. L'Etat crée-t-il la valeur ajoutée qui génère les impôts? Y a-t-il des exemples où l'Etat en tant qu'actionnaire ou opérateur a crée de la richesse (Crédit Lyonnais, Air France, Areva, Sidérurgie, écotaxe….) ? Il y a toujours le mélange des genres dans les sociétés contrôlées par l'Etat.

La haine du "libéralisme économique " (c'est étonnant comme les mots sont pervertis) vient de l'ignorance économique; de la défiance envers l'Homme et sa capacité au dialogue direct – c'est à dire sans avoir recours à l'Etat – qu'on appelle également le Contrat. Les Français prônent la liberté mais en ont peur et le dialogue économique doit selon eux venir de l'Etat car ils n'aiment pas la liberté économique pour l'Homme. Utopie des vieilles idéologies ou des religions (tout doit être unitaire).

Quand un jeune veut créer son entreprise et qu'il réalise le carcan économique dans lequel nous vivons, il part en Angleterre, pays dans lequel il est prêt à prendre des risques car il considère que la rémunération de ce risque est meilleure qu'en France qui doit nourrir ses armées de fonctionnaires . Les étrangers n'achètent plus d'immobilier en France à cause de L'ISF et de l'inflation des impôts locaux.

Les lois françaises sont très contraignantes et on en veut encore plus ? Quand une majorité d'opérateurs sont des fonctionnaires d'état ou des collectivités, comment sera créée la valeur ajoutée qui assure le train de vie de l'Etat.

Lutter contre le chômage par encore plus d'emplois aidés financés par l'impôt ? La vraie injustice est qu'à force de contraindre l'emploi et l'économie , ils vont se créer ailleurs – chez nos voisins-trop heureux d'accueillir des gens bien formés en France.

Je préfère une société où le contrat domine et régit les rapports humains avec le contrôle du juge dans le cadre de la Loi à celle où le tout-Etat mène forcément à l'arbitraire (il y en tellement d'exemples). La non application des règles et l'angélisme a fait monter le FN, mais son programme économique sera du tout-Etat. Les français ne sont pas donc encore mûrs pour sortir de l'infantilisation. Regardez comme nos parlementaires demanderont bientôt aux français de dénoncer fiscalement leurs voisins contre rémunérations au nom de l'intérêt collectif bien compris de l'Etat Léviathan. Est-ce dans ce monde que nous voulons vivre ?

Thucydide disait: Il n'y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans vaillance.

La liberté est un tout, ce n'est pas le bonheur mais sans elle il n'y en a pas, elle peut amener des inégalités mais nos lois et nos juges sont là pour en réguler les effets négatifs.

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HUGUEL 1 mars 2016 - 5:17

Situation du pays
Qui a mis les finances du pays dans l'état catastrophique actuelles? Ce n'est pas le FN même si votre analyse est valable.Avez-vous vu un de ces soi-disant élite mettre la main à la poche pour
participer au redressement des dites finances? Non, ils s'en moquent éperdument la preuve est
l'augmentation des ministres et secrétaires d'Etat,sans oublier le coût exorbitant de la voiture que ce très cher Hollande s'est fait confectionner. De l'argent il y en a mais que pour eux et leurs copains coquins.

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