Lors d'une longue carrière de plus de 37 ans dans l'industrie (production thermique d'électricité puis chimie lourde),carrière commencée en 1950,j'y ai vu évoluer la nature des rapports sociaux et le rôle des différents syndicats.
La croissance rapide des groupes industriels qui se reployaient après la deuxième Guerre mondiale et celle de leurs effectifs avaient mis fin aux habitudes des grands patrons sociaux qui favorisaient le dialogue direct avec le personnel en s'appuyant sur la hiérarchie intermédiaire et, plus particulièrement, sur les agents de maîtrise qui jouaient, dans l'industrie, l'un des rôles essentiels que jouent les sous-officiers dans l'armée.
Cette évolution a favorisé la montée en puissance des organisations syndicales, favorisée par la fréquente étroitesse d'esprit des directeurs du personnel, dotés ensuite du titre ronflant de "directeurs des ressources humaines", dont personne ne semble s'être alors aperçu que cette qualification traitait le personnel comme étaient traités les achats de matières premières.
Les DRH se focalisèrent sur les rapports avec les organisations syndicales qui, elles, mirent en place des systèmes juridiques et économiques leur permettant de dialoguer d'égal à égal avec les DRH assistés par les juristes et économistes des entreprises. Ce deux parties furent d'accord pour considérer comme définitivement périmées les méthodes des anciens patrons sociaux, qualifiées de "paternalistes" dans une acception clairement péjorative.
C'était oublier que le paternalisme avait été le meilleurs rempart contre le capitalisme sauvage de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, forme du capitalisme née au Royaume Uni où vivait Karl Marx, qui théorisa ensuite le capitalisme sous cette seule forme déviante, en lui déniant toute volonté et toute capacité de s'auto-réformer.
Les réalisations efficaces de ce paternalisme furent nombreuses dans les domaines les plus divers (cf. celles du Chocolat Menier à Noisielle)
et ce furent bien les réalisaions paternalistes des Krupp qui inspirèrent les premières lois sociales du monde à Bismarck, dans un cadre parfaitement compatible avec le développement syndical.
Qu'est-ce donc qu'un syndicat ? Au départ il s'agissait d'organisations de type associatif, clandestines parce qu'illégales, auxquelles adhéraient volontairement des ouvriers pour être collectivement représentés vis à vis de leurs employeurs. Leur seul argument était alors l'organisation clandestine de grèves illégales, donc susceptibles de provoquer des réactions brutales des forces de l'ordre pouvant aller jusqu'à la fusillade.
Peu à peu tout cela s'est organisé. Les syndicats ont été reconnus par l'Etat et dotés d'un statut, et l'exercice de la grève reconnu comme légal à condition de respecter le droit du travail ainsi que la sécurité des personnes et des biens (Ce doit et ses limites ont été intégrés dans notre constitution actuelle).
Plusieurs organisations syndicales réformistes naquirent alors prônant le dialogue et ne recourant à la grève qu'en cas d'échec de ce dialogue.
Mais le Parti Communiste Français (PCF), inféodé à l'Union Soviétique et abondamment financé par elle, réussit à fomenter des scissions et des regroupements aboutissant à la formation de la Confédération Générale du Travail (CGT), tout autant inféodée à l'URSS que le PCF et tout aussi financée par elle.
La CGT cessa immédiatement de représenter les intérêts de ses adhérents pour ne véhiculer que son idéologie anticapitaliste et destructrice du monde industriel, en vue de préparer le "Grand Soir" du mythe marxiste-léniniste le plus orthodoxe.
Bien peu d'hommes politiques le comprirent et la seule opposition sérieuse fut interne : elle se traduisit finalement par une grande scission et la création du syndicat réformiste FO devenu totalement indépendant de Moscou.
Les adhérents de la CGT comprirent à leur tour et abandonnèrent en masse ce soi-disant syndicat qui, sauf dans certains bastions étatiques, malheureusement cogérés avec ce syndicat. Partout ailleurs la CGT cessa d'être représentative, ce qui provoqua une panique chez les DRH et dans les administrations concernées. Pour éviter la perte d'un interlocuteur faussement considéré comme indispensable, les Pouvoirs public ne trouvèrent rien de mieux que de déclarer la CGT représentative par la loi ce qui leur permit de continuer à la subventionner !
La CGT put ainsi survivre à l'effondrement de l'Union Soviétique et au collapsus du PCF. Elle est la seule organisation française s'obstinant à vouloir la destruction du monde industriel et dotée, par l'Etat, des moyens nécessaires à l'exercice de sa nuisance.
Nous assistons en continu à ses pratiques : grèves dites préventives, paralysie de sociétés en difficulté leur rendant impossible de se rétablir dans le cadre d'une procédure de redressement judiciaire et effrayant les repreneurs éventuels avec, comme seule issue possible, la liquidation judiciaire et le licenciement sec de l'intégralité de salariés, grève sauvages accompagnées de brutalités, de constructions de barricades et d'occupation illégale des locaux, voir de séquestration de cadres dirigeants, défilés urbains accompagnés de destruction, qui ne sont pas toutes dues à des casseurs intégrés dans ces défilés mais aussi à des militants CGT eux mêmes, prétention d'organiser une gouvernance par la rue au mépris des structures légales de l'Etat et des collectivités, etc.
Ces dernières, toujours à la recherche d'une concession de plus qui ne calmera rien mais provoquera une nouvelle surenchère, font mine de considérer ces exactions comme de menues plaisanteries.
Les français sont-ils devenus des masochistes impénitents où vont-ils enfin se mobiliser pour mettre fin à ces palinodies ?