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Retour sur le rapport Pisani-Ferry / Ederlein

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Le rapport franco-allemand, révélé la semaine dernière, a fait beaucoup de bruit. Beaucoup de bruit pour rien. Hormis la démarche inédite : établir des stratégies économiques en concertation avec l’Allemagne est en soi une excellente initiative, qui permet de ressouder le couple franco-allemand et de confirmer que leur avenir économique est lié ; aucune proposition concernant la France n’est fondamentalement innovante. La presse martèle les « mesures chocs » du Rapport Pisani-Ferry / Ederlein. Mais où sont ces propositions chocs ? Assouplir le droit du travail, introduire une dose de flexibilité sur le marché du travail, réduire les dépenses publiques : Rien de très neuf ! Ces thèmes alimentent le débat public depuis plusieurs années maintenant. Seule la proposition du gel triennal des salaires mérite que l’on s’y attarde.

Gel des salaires dans le secteur privé : le mauvais débat ?

Attention, lorsque les médias parlent de « gel des salaires », il ne s’agit évidemment pas de geler l’ensemble des salaires du secteur privé ! En effet, en la matière, l’Etat a une marge de manœuvre assez faible. Soit il légifère pour obliger les entreprises à geler les salaires, mais ce serait là le comble du dirigisme sonnant presque le retour du Commissariat au Plan, ce qui semble grandement improbable. Ouf ! Soit, l’Etat agit sur le salaire minimum et opte pour un gel du SMIC. Car en effet, les entreprises sont libres de fixer les échelles de rémunérations, dans la limite du SMIC et des conventions collectives.

Les entreprises décident librement de leur politique salariale : heureusement d’ailleurs ! Une analyse statistique[[Deloitte]] a estimé qu’en 2015, les PME françaises prévoient des hausses de salaires de 2% en moyenne. Le salaire permet de fidéliser les bons éléments et d’attirer les talents et les compétences, surtout lorsqu’il s’agit de postes très concurrentiels. Bien évidemment, si les entreprises décidaient arbitrairement de geler tous les salaires, cela contribuerait à une fuite des compétences préjudiciable. C’est la thèse du salaire d’efficience : un employé qui sait d’avance que son salaire sera fixe pendant trois ans se dévoue-t-il autant à son travail que s’il est candidat à une augmentation ?

Geler le SMIC pourrait en soi être une bonne initiative, car un SMIC élevé peut non seulement constituer un handicap pour les petites et moyennes entreprises, mais également conforter une pernicieuse trappe à bas salaires. Toutefois, les retombées d’une telle mesure seraient certainement assez minimes sur le moyen terme. En effet, la théorie macroéconomique enseigne que les salaires doivent augmenter en même temps que la productivité, mais ne doivent pas augmenter plus vite que celle-ci, ce qui est le cas en France. Donc, de deux choses l’une, soit on gèle les salaires pour recorréler le coût du travail et la productivité, soit on libère les entreprises pour davantage de compétitivité. Le gel du salaire minimum rejoint la première option, mais cela reste une mesure d’appoint, ponctuelle. Les réformes les plus ambitieuses et les plus nécessaires sont celles qui agissent sur le second levier, d’autant que le gel des salaires a pour conséquence de comprimer la demande. La clé pour renouer avec la compétitivité, et donc la croissance, n’est pas d’instaurer davantage de rigidités mais, au contraire plus de souplesse, plus de liberté aux entreprises. L’IREF l’a déjà abordé dans différentes publications : il faut assouplir le droit du travail, réformer les seuils sociaux, le CDI et le SMIC, repenser le système des retraites.

Par ailleurs, le problème majeur en France, ce n’est pas le salaire, mais plutôt la différence entre le brut et le net, c’est-à-dire les cotisations sociales. Ainsi, par exemple, en France et en Allemagne, le coût du travail est comparable, environ 35€ de l’heure pour un ouvrier. Mais, en France il gagne 24€ nets quand son voisin Outre-Rhin en perçoit 28. Il faudrait enfin comprendre que la compétitivité et la croissance dans notre pays ne s’obtiendront pas en enfermant les entreprises dans plus de contraintes et de rigidités !

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2 commentaires

Paul 2 décembre 2014 - 5:19

difference entre salaire brut et net
La difference entre brut et net ne suffit pas pour comprendre les enjeux financiers. Il faut voir que pour 100 euros de pris de vente, il y a:
– plus de 50% directement repris par l'etat
– 40% de frais generaux
– mes inpots directs et inderect dont TVA
– 25 % qui me reste
Ces chiffres ne sont pas exact car je n'ai jamais vu de publication qui me montre clairement les chiffres mais les ordres de grandeurs sont la.

En Afrique ou je travaille actuellement, plus de 50% me reste.

Je souhaiterai avoir une etude sur ca. On comprendrait bien a quel point le salarie est devenu esclave de l'etat.

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Astérix 3 décembre 2014 - 10:25

CQFD !
A M. Paul
Dans votre exemple vous faîtes état d'une situation salariée mais pour les TPE et professions libérales la situation est encore bien pire et il reste 20 €. Les Français ne le savent pas par ignorance et tapent allègrement sur ces professions de nantis alors qu'une majorité d'entre eux gagne après charges, taxes et prélèvements moins de 1000 € par mois avant IRPP !

Les journalistes et médias n'ont jamais évoqué ces questions fondamentales par incompétence. Il est vrai que cette profession bénéficie d'avantages fiscaux énormes qui préfère cacher la vérité. En France, l'on ne parle pas d'argent lorsque cela dérange !!????

Je ne cesse de répéter depuis des années que lorsque vous gagnez 100 € il reste 20 € après charges, impôts, taxes en tout genre, mais les Français ne sachant pas compter vous verrez qu'ils vont réélire nos mêmes incapables !

Je rappelle que sous le Président POMPIDOU lorsque vous gagniez 100 F il vous restait 70 F.
Pas besoin de sortir d'HEC pour comprendre pourquoi à l'époque la France fonctionnait.

La FRANCE EST CUITE parce que les Français se complaisent dans un régime digne de l'ex-URSS et ne veulent pas en sortir. Si c'était le cas il y a longtemps qu'une révolution aurait mis fin à la connerie !

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