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Pourquoi il est temps de faire exploser la PAC

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De toutes les implications économiques de l’UE avec le marché mondial, peu de politiques ont été aussi débattues et critiquées que la politique agricole commune, ou PAC. C’est via la PAC que les agriculteurs de l’UE reçoivent 45 milliards d’euros de subventions chaque année, le but étant de maintenir la stabilité de l’agriculture européenne, d’assurer aux agriculteurs un revenu et des prix corrects, et de faire avancer le développement agricole entre les Etats membres. Mais en réalité, cette politique ne fait quasi rien d’autre que pousser à la surproduction, accaparer 35% du budget global de l’UE et étouffer les économies innovantes. Loin d’apporter aucun profit économique, elle serait plutôt exemplaire de la manière dont l’Etat peut pervertir et dégrader un marché. Très franchement, cela fait belle lurette que le PAC aurait dû disparaître.

L’un des principaux problèmes, avec la PAC, est qu’elle est intrinsèquement protectionniste ; à cause des barrières tarifaires délibérément établies par l’UE à l’encontre des non-membres, mais aussi de celles qui résultent de nuisances externes. La PAC érige de nombreuses barrières au commerce, qui peuvent être classées en deux catégories principales : des restrictions d’accès, les barrières tarifaires bloquant l’entrée du marché européen à des producteurs de pays en voie de développement, moins chers ; et des restrictions induites, dues au fait que subventionner les agriculteurs européens produit des réactions en chaîne, comme la surproduction de produits qui sont ensuite bradés (ce qu’on appelle le dumping) pour alimenter les économies d’autres pays à des prix inférieurs au marché. Dans ces deux catégories, les barrières influent de manière négative à la fois sur le marché intérieur et sur le marché mondial.

Le dumping des excédents et les tarifs pénalisent les pays pauvres

Prenons par exemple le marché intérieur de l’UE : il est entièrement dominé par les agriculteurs européens. Comme le soulignait le Dr. Kristian Niemietz de l’Institute of Economic Affairs, cela vaut aux consommateurs européens de payer les produits de l’agriculture jusqu’à 17% plus cher que sur le marché mondial. Les ménages les plus modestes dépensent en moyenne, pour se nourrir, un plus grand pourcentage de leurs revenus que les ménages les plus aisés ; les consommateurs européens les plus pauvres sont donc très affectés par la hausse des prix introduite par la PAC.

Le développement agricole joue un rôle réellement crucial dans la croissance globale des pays les plus pauvres, et les conséquences négatives de la PAC frappent le tiers monde de manière particulièrement grave. Deux d’entre elles surtout se révèlent nuisibles : le dumping des excédents des producteurs européens ; les barrières tarifaires qui les empêchent d’accéder au marché européen.

Le dumping est la conséquence d’une surproduction due aux subventions. Les agriculteurs européens doivent une bonne partie de leurs revenus à l’UE, ils peuvent donc produire plus que s’ils ne devaient compter que sur leurs seuls profits. D’où ces scandaleux « lacs de vin et montagnes de beurre » au début de la PAC. Certains de ces produits ont pu être recyclés par des initiatives telles que la distribution gratuite de lait dans les écoles, mais d’autres ont été perdus (surtout les produits périssables, nombreux dans le circuit agricole) ou bradés sur d’autres marchés à des prix inférieurs.

Les barrières tarifaires en Europe ne font qu’exacerber le problème. Alors que les membres de l’UE sont autorisés à commercer entre eux sans avoir à les subir (grâce au Marché commun), les pays non membres peuvent y être assujettis. Et donc, des producteurs locaux, non seulement se retrouvent souvent dans l’impossibilité de se défendre sur leurs propres marchés, mais se heurtent aussi à des barrières leur bloquant l’entrée sur le marché européen. Si les économies en voie de développement ne sont pas aussi présentes qu’elles le devraient sur le marché agricole mondial, la PAC en porte une part de responsabilité, les perspectives de développement économique durable s’en trouvant freinées.

La PAC est le principal ennemi des consommateurs

Par contraste, tournons-nous vers la Nouvelle-Zélande, bon exemple d’économie agricole où le marché libre fonctionne bien. Un pays où les fermiers et autres acteurs du secteur agricole survivent sans interventions de l’Etat : ni subventions, ni coups de pouce. Aujourd’hui, l’agriculture de la Nouvelle-Zélande est efficace, diversifiée et en plein essor : sa productivité grimpe plus vite que ne le fait l’économie du pays globalement. Dans une recherche incessante d’amélioration, ses produits se sont multipliés de manière exponentielle (voyez par exemple l’apparition et la croissance rapide de l’industrie des vins néo-zélandais, qui n’existait quasi pas avant la décision de libérer le marché).

Ainsi, nous pouvons voir que la PAC a un effet négatif tout autant pour les consommateurs européens que pour les économies en développement qu’elle empêche de s’intégrer. En outre, l’exemple de la Nouvelle-Zélande nous prouve que les marchés agricoles peuvent survivre sans intervention de l’Etat. Dans les faits, les seuls bénéficiaires de la PAC sont les agriculteurs eux-mêmes, artificiellement placés sous oxygène, un avantage déloyal vis-à-vis des marchés, le marché européen comme le marché mondial. Libérer le marché, supprimer ces mesures étatiques, apporterait vraisemblablement un bénéfice aux consommateurs sans grand dommage pour les producteurs, à relativement court terme. Les réformes peuvent toujours être utilisées à leur profit par des groupes d’intérêts qui font pression sur les politiques, et des décades de ces réformes n’ont apporté aucune amélioration notable. Il est temps d’utiliser l’option nucléaire – faisons exploser la PAC et laissons le marché se débrouiller tout seul.

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1 commenter

Paul 28 novembre 2017 - 8:05

L'Etat aussi responsable?
J'ai travaillé en Ethiopie le litre de lait importé d'Europe coûte l'équivalent de 3 euros à Addis. Alors qu'on annonce des surplus de lait. La crise du beurre alors qu'on baisse le prix du lait. Veux-t-on nous affamer?
Au Ghana le poulet importé de Doux Bretagne coutait 2 fois moins chers que le local. Comment en arrive-t-on là?
L'Etat qui veut tout régenter est-il responsable?

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