RÉPONSE À YVES BUCHSENSCHUTZ
Que faire ? C'est effectivement la question. Il est clair que l'absence totale de représentation officielle des retraités dans des organismes tels que le COR, le CSR ou le Conseil Économique Social et Environnemental, pour ne pas parler des Caisses de Retraite elles-mêmes, est peu connue et que le premier travail est un travail d'information, de communication, sur lequel le moins qu'on puisse dire est que nous ne sommes guère nombreux à oeuvrer. En effet, ni les actifs, ni les syndicats, ni les fonctionnaires, ni l'État ne tiennent vraiment à devoir débattre de mesures qu'actuellement ils prennent seuls ou presque. On remarquera le silence absolu et complice de l'Université et de la plupart des cercles de réflexion sur ces questions qui sont aussi de leur ressort.
Il est pourtant probable que si les retraités avaient eu une représentation démographiquement normale au sein des instances précitées, si les 17 millions qu'ils rassemblent leur avaient valu un Ministère ou un Secrétariat d'État dédié, ils ne seraient aujourd'hui pas les seuls à devoir supporter sans aucune compensation une majoration de 1,70% de leur CSG. J'en profite d'ailleurs pour attirer l'attention des retraités sur le fait qu'après cette majoration, qui risque de n'être qu'un début, il n'y a plus aucune raison que dans un second temps le pouvoir ne tire de son chapeau un alignement du taux des retraites sur le taux général, (solution que proposait d'ailleurs en son temps la Cour des comptes, sans avoir réalisé que cette dérogation provenait tout simplement du classement logique des pensions dans les revenus de remplacement bénéficiant d'une fiscalité allégée).
Le problème réside aussi dans le fait que les retraités ne peuvent constituer de syndicats, puisqu'ils n'ont plus aucune activité professionnelle et que les quelques syndicats qui ont des sections de retraités se trouvent en conflit d'intérêts puisqu'il ne vont pas faire prévaloir les demandes des maigres effectifs de ces sections contre les exigences de la masse des actifs infiniment plus nombreux.Seul un changement de législation peut nous sortir de cette impasse, qui ne chagrine évidemment pas les autres parties.
Il faut incontestablement que les retraités arrivent à se faire entendre sur ces points fondamentaux qui relèvent des droits les plus ordinaires des citoyens. Or si le Président dénie le droit à la rue de représenter la démocratie il faut bien constater que les valeurs de la République comme les vertus démocratiques font complètement défaut dans le traitement social actuel des retraités et que jusqu'à présent, il s'est assez peu soucié du problème. Et avec la CSG et il a même personnellement montré un assez mauvais exemple, alors qu'il s'agit d'une injustice flagrante et d'une atteinte ouverte à tous les principes qui fondent une démocratie sociale.
En contrepartie, les moyens sont limités. Plusieurs parlementaires - et non des moindres - que j'avais saisis du problème m'ont prouvé par leur silence prolongé que le sort des retraités ne les intéressait visiblement pas, en tous les cas pas assez pour sortir du clientélisme électoral dans lequel beaucoup trop se complaisent.
Alors, il reste bien entendu la rue et une manifestation est prévue pour le 28 septembre prochain, mais les médias préfèrent visiblement ne pas en parler et il est difficile de mobiliser des gens dont certains ne peuvent même plus se déplacer : c'est bien sur cela que compte d'ailleurs le Gouvernement. Ou encore créer une cellule restreinte de lobbying qui démarche systématiquement l'opposition, qui pétitionne et qui parvienne enfin à ameuter des médias dont la connivence avec le pouvoir est navrante et qui visiblement ne voient cyniquement dans les vieux qu'un lourd facteur de coût et non pas un sujet porteur (Silver Économie, solidarité familiale et associative etc.).
Le plus triste est qu'aucun de ceux qui travaillent à rendre plus difficile, plus incertain le sort des retraités ne semble avoir l'intelligence de se rendre compte que la vocation normale d'un actif est de devenir quelques années, quelques décennies plus tard , un retraité et qu'avec l'exemple qu'ils auront donné, ces gens recueilleront sans nul doute auprès des générations à venir, et avec les intérêts, les fruits amers de leur égoïsme et de leur pusillanimité . Par ailleurs l'histoire a toujours montré que monter les jeunes contre les retraités ou les retraités contre les actifs est le plus souvent un combat stérile et même politiquement extrêmement risqué.
Cordialement : Th.B