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Les républicains en marche, les retraités en panne

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Ainsi, on vient d’apprendre que le Président de la République va prochainement renforcer le Gouvernement d’un Haut-Commissaire aux Retraites, rattaché à la Ministre des Solidarités. Pourtant les retraités auraient tort de se réjouir trop vite de ce nouveau Haut-Commissariat, dont le titre même indique suffisamment qu’il n’est pas du tout créé pour s’occuper d’eux, mais pour faciliter la prochaine réforme des retraites, aux contours et au contenu plus qu’incertains.
Quoi qu’il en soit, les seniors ont sans doute échappé au pire, puisque finalement ce Haut-Commissariat ne serait pas dévolu à Jean Pisani-Ferry, ex-patron de France Stratégie (on connaît la sollicitude toute particulière que cette officine voue aux retraités!), mais plus prudemment à Jean-Paul Delevoye, l’un des tout premiers fidèles du Président et dont on attend raisonnablement une approche moins conflictuelle et plus posée des problèmes.

Ainsi donc, aux yeux du pouvoir comme au regard de l’oligarchie « politico-syndicale » du pays, les retraités continuent toujours à ne pas exister socialement et à se voir refuser toute représentation officielle (toujours aucun accès au Conseil d’Orientation des Retraites, au Comité de suivi des Retraites, ni au Conseil Économique, Social et Environnemental). Ils constituent seulement un lourd poste de dépenses qu’il faut absolument contenir et même, si possible, drastiquement réduire. Les retraites sont en effet un sujet beaucoup trop sérieux pour qu’on envisage un seul instant d’y associer les nombreux intéressés (17 millions de retraités, réversion comprise, soit un peu plus du quart de la population française et nettement plus du tiers du corps électoral ), dont on souligne à l’envi qu’ils perçoivent de généreuses pensions, tout en omettant cyniquement la contrepartie des cotisations versées en leur temps. La matière demeurera donc, comme avant, sous la coupe exclusive des actifs, des syndicats et du pouvoir en place, trio bancal dont la gestion conjointe et exemplaire a mené sans coup férir aux problèmes et aux injustices que l’on sait.

Mais dans le domaine social c’est bien connu: chez nous on ne change jamais les équipes qui perdent et en plus on fait même taire les vieux.

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4 commentaires

jacquit31 20 septembre 2017 - 6:27

questions des retraités
je touche une retraite de 690euros par mois complémentaire comprise.
Croyez-vous que l'on peu vivre aujourd'hui, avec cette somme, quand la personne se retrouve ayant perdu son conjoint.
Je vous pose la question, Mesdames, Messieurs, qui nous gouvernent.
Jacquit31

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Thierry BENNE 21 septembre 2017 - 9:41

RÉPONSE À JACQUIT 31

Je partage tout à fait avec vous le dépit légitime que vous procure le faible montant de votre retraite. La France souffre en effet d'une certaine presbytie sociale: extrêmement généreuse avec ceux qui n'ont rien versé ou presque, elle se montre d'une pingrerie incroyable avec ceux auxquels une vie de travail difficile n'a permis d'acquitter que de modestes cotisations. Chez nous, il faut le déplorer haut et fort: du fait d'un clientélisme électoral insupportable l'assistanat ouvre souvent plus de droits que l'impôt et la cotisation.

Pour en revenir à votre cas personnel et vu l'extrême modicité de votre pension, êtes-vous quand même certain de ne pas pouvoir prétendre à l'Allocation de Solidarité pour les Personnes Âgées qui garantit actuellement un total mensuel de ressources (retraites comprises) de € 803,20 par mois selon le barème de la CNAV (recherche internet: ASPA – site de l'assurance retraite CNAV)? Je ne garantis évidemment rien tant les conditions sont strictement appréciées du moins pour ceux qui ont déjà une retraite, mais vérifiez-le quand même. Bon courage!

Cordialement: Th.B

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Yves Buchsenschutz 21 septembre 2017 - 3:36

Que faire ?
Deux choses au moins en priorité :
.Exiger une présence de représentant(s)des retraités du privé dans toutes les discussions qui les concernent.
.Refuser l'augmentation de CSG tant que nous n'aurons pas au moins cet acquit.

A défaut, descendre dans la rue comme tout le monde ou organiser un brain storming pour imaginer quelque chose qui fasse mal à l'état et/ou à nos concitoyens: ie ne plus garder les enfants, exiger le même traitement pour les fonctionnaires, payer ses impôts moins 7€ pour entraîner des dysfonctionnements informatiques et administratifs etc …..

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Thierry BENNE 21 septembre 2017 - 7:15

RÉPONSE À YVES BUCHSENSCHUTZ

Que faire? C'est effectivement la question. Il est clair que l'absence totale de représentation officielle des retraités dans des organismes tels que le COR, le CSR ou le Conseil Économique Social et Environnemental, pour ne pas parler des Caisses de Retraite elles-mêmes, est peu connue et que le premier travail est un travail d'information, de communication, sur lequel le moins qu'on puisse dire est que nous ne sommes guère nombreux à oeuvrer. En effet, ni les actifs, ni les syndicats, ni les fonctionnaires, ni l'État ne tiennent vraiment à devoir débattre de mesures qu'actuellement ils prennent seuls ou presque. On remarquera le silence absolu et complice de l'Université et de la plupart des cercles de réflexion sur ces questions qui sont aussi de leur ressort.

Il est pourtant probable que si les retraités avaient eu une représentation démographiquement normale au sein des instances précitées, si les 17 millions qu'ils rassemblent leur avaient valu un Ministère ou un Secrétariat d'État dédié, ils ne seraient aujourd'hui pas les seuls à devoir supporter sans aucune compensation une majoration de 1,70% de leur CSG. J'en profite d'ailleurs pour attirer l'attention des retraités sur le fait qu'après cette majoration, qui risque de n'être qu'un début, il n'y a plus aucune raison que dans un second temps le pouvoir ne tire de son chapeau un alignement du taux des retraites sur le taux général, (solution que proposait d'ailleurs en son temps la Cour des comptes, sans avoir réalisé que cette dérogation provenait tout simplement du classement logique des pensions dans les revenus de remplacement bénéficiant d'une fiscalité allégée).

Le problème réside aussi dans le fait que les retraités ne peuvent constituer de syndicats, puisqu'ils n'ont plus aucune activité professionnelle et que les quelques syndicats qui ont des sections de retraités se trouvent en conflit d'intérêts puisqu'il ne vont pas faire prévaloir les demandes des maigres effectifs de ces sections contre les exigences de la masse des actifs infiniment plus nombreux.Seul un changement de législation peut nous sortir de cette impasse, qui ne chagrine évidemment pas les autres parties.

Il faut incontestablement que les retraités arrivent à se faire entendre sur ces points fondamentaux qui relèvent des droits les plus ordinaires des citoyens. Or si le Président dénie le droit à la rue de représenter la démocratie il faut bien constater que les valeurs de la République comme les vertus démocratiques font complètement défaut dans le traitement social actuel des retraités et que jusqu'à présent, il s'est assez peu soucié du problème. Et avec la CSG et il a même personnellement montré un assez mauvais exemple, alors qu'il s'agit d'une injustice flagrante et d'une atteinte ouverte à tous les principes qui fondent une démocratie sociale.

En contrepartie, les moyens sont limités. Plusieurs parlementaires – et non des moindres – que j'avais saisis du problème m'ont prouvé par leur silence prolongé que le sort des retraités ne les intéressait visiblement pas, en tous les cas pas assez pour sortir du clientélisme électoral dans lequel beaucoup trop se complaisent.

Alors, il reste bien entendu la rue et une manifestation est prévue pour le 28 septembre prochain, mais les médias préfèrent visiblement ne pas en parler et il est difficile de mobiliser des gens dont certains ne peuvent même plus se déplacer: c'est bien sur cela que compte d'ailleurs le Gouvernement. Ou encore créer une cellule restreinte de lobbying qui démarche systématiquement l'opposition, qui pétitionne et qui parvienne enfin à ameuter des médias dont la connivence avec le pouvoir est navrante et qui visiblement ne voient cyniquement dans les vieux qu'un lourd facteur de coût et non pas un sujet porteur (Silver Économie, solidarité familiale et associative etc.).

Le plus triste est qu'aucun de ceux qui travaillent à rendre plus difficile, plus incertain le sort des retraités ne semble avoir l'intelligence de se rendre compte que la vocation normale d'un actif est de devenir quelques années, quelques décennies plus tard , un retraité et qu'avec l'exemple qu'ils auront donné, ces gens recueilleront sans nul doute auprès des générations à venir, et avec les intérêts, les fruits amers de leur égoïsme et de leur pusillanimité . Par ailleurs l'histoire a toujours montré que monter les jeunes contre les retraités ou les retraités contre les actifs est le plus souvent un combat stérile et même politiquement extrêmement risqué.

Cordialement: Th.B

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