Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Les entreprises françaises doivent dégager plus de profits !

Les entreprises françaises doivent dégager plus de profits !

par
76 vues

Les entreprises françaises, soumises à une demande volatile, une fiscalité confiscatoire et des réglementations écrasantes, ne dégagent pas suffisamment de profits pour procéder aux investissements nécessaires à la croissance de leur activité.

Leur taux de marge, soit le rapport entre l’excédent brut d’exploitation et la valeur ajoutée, a chuté de 33,5% en 2007 à 29,7% en 2013 (-4 pts), tandis qu’en Espagne, sur la même période, il évoluait de 36,7% à 42,3% (+5,5 pts), comme on peut l’observer sur le graphique ci-après. En Allemagne, il a grimpé de 39,6% en 1999 à 46,6% en 2007 (+7 pts) pour redescendre en dessous de 42% en 2013.

Ces évolutions du taux de marge s’expliquent notamment par la relation dynamique entre le coût du travail, notamment le coût salarial brut de la main d’œuvre, et le niveau d’activité enregistré par les entreprises, soit la valeur ajoutée brute totale. En voyant leurs marges baisser et leurs coûts salariaux exploser année après année, les entreprises françaises deviennent de moins en moins compétitives sur le marché international et disposent de moins de marges de manœuvre pour investir et dépenser dans la recherche et le développement (R&D). Le taux de marge a même atteint 29,4% en 2014 en France, soit son plus bas niveau depuis 1985 (28,4%).

Taux de marge des entreprises non-financières

Taux de marge des entreprises non-financières

À cela s’ajoute le fait que le coût salarial horaire moyen d’un travailleur français est le plus élevé d’Europe (après la Suède et la Belgique), dépassant le coût horaire allemand de 8% alors qu’il était inférieur avant les réformes Hartz. De plus, la hausse des salaires en France a été plus rapide que la croissance de la productivité des travailleurs et le poids des charges s’est encore accru (18,8% du PIB en France en 2013, contre 16,6% en Allemagne, 7,9% au Royaume-Uni et 13,5% pour la moyenne des pays de l’UE) tandis qu’en Espagne, la diminution de la masse salariale globale a été suffisamment importante pour contrecarrer la baisse de valeur ajoutée liée au déclin de l’activité. Les entreprises espagnoles ont alors dégagé suffisamment de marges pour réinvestir afin d’améliorer la compétitivité hors-prix de leurs produits et ont pu exporter davantage de biens à l’international et retrouver des excédents commerciaux (+3,4% en 2013).

On constate toutefois, malgré le maintien d’un des plus faibles taux de marge de la zone euro, que les entreprises françaises font des efforts importants pour investir entre 20,4% (en 2003) et 23,35% (en 2008) de la valeur ajoutée. Mais en raison de la baisse d’activité, les montants investis décroissent en volume et ne suffisent pas à améliorer les capacités d’innovation, la compétitivité-prix ou hors-prix des entreprises ou à acheter de nouveaux biens d’équipement visant à accroître la productivité des facteurs. Dans un contexte de concurrence internationale extrêmement rude, l’accroissement des coûts de production, le déficit chronique de flux d’investissements et le manque d’exploitation de l’ensemble des capacités de production conduisent à une situation de stagnation économique : ralentissement de la production, donc baisse de la valeur ajoutée créée par le secteur marchand et augmentation du chômage.

Taux d'investissement brut des entreprises non-financières

Taux d’investissement brut des entreprises non-financières

La combinaison de tous ces éléments conduit à étouffer les entreprises françaises, à réduire leur compétitivité, à rogner leurs marges, et donc à brider leurs capacités d’investissement, d’innovation et in fine d’accroissement de la productivité. Si on ajoute à cela le poids des cotisations sociales et des impôts sur les facteurs de production (le plus élevé d’Europe), on en vient à la conclusion que les entreprises françaises ne peuvent pas mettre durablement en place des stratégies de croissance suffisantes pour rattraper l’écart de production potentiel avec l’Allemagne à population comparable. Il est impératif, sinon urgent, de libérer les entreprises de ce carcan réglementaire et fiscal qui bride leur développement.

C’est pourquoi l’IREF propose de i) baisser progressivement l’IS de 33 1/3 à 25 % pour l’ensemble des entreprises tout en supprimant l’ensemble des dégrèvements et autres avantages fiscaux ; de ii) réduire les prélèvements obligatoires sur les facteurs de production, notamment les cotisations sociales sur le travail en ouvrant les assurances sociales à la concurrence et au libre choix des agents économiques dans des limites fixées par la loi ; et de iii) s’affranchir des rigidités du marché du travail qui empêchent les entreprises de s’adapter rapidement à un environnement changeant.

Taux de marge des entreprises non-financières
Taux de marge des entreprises non-financières
Taux d'investissement brut des entreprises non-financières
Taux d'investissement brut des entreprises non-financières

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

1 commenter

BENNE 30 octobre 2015 - 7:08

MAIS NOTRE FONCTION PUBLIQUE VA BIEN, MERCI POUR ELLE!
Remplaçons un instant de (dé)raison la compétitivité de nos entreprises par l'éclatante santé de notre vaillante fonction publique.

Son chiffre d'affaires augmente pratiquement toutes les années, comme d'ailleurs ses effectifs.
Le blocage des points d'indices a été astucieusement contourné par des primes en progression constante et aussi par une revalorisation en catimini des catégories B et C, de loin les plus nombreuses. Dans de trop nombreux services les 35 heures ne lui suffisent plus et la Cour des comptes dénonce régulièrement des horaires très inférieurs, avec en sens inverse des surcharges insensées sur quelques rares fonctions. La contribution patronale de l'Etat aux retraites, déjà extravagante, connaît en plus des taux de croissance annuels à faire pâlir nos économistes les plus blasés. Quant aux cotisations salariales, elles demeurent toujours très éloignées de celles imposées au secteur privé. Pour l'instant, rien n'est prévu pour que les nouvelles contraintes appliquées aux retraites complémentaires du privé soient étendues aux retraites publiques.
Ajoutez à cela que par des biais divers la fonction publique a pris politiquement le contrôle de son employeur en investissant systématiquement les Gouvernements et le Parlement et en veillant ainsi jalousement au maintien sourcilleux de ses avantages (voir la suppression d'urgence du jour de carence…).

Et en plus, quiconque se permet de rappeler ces vérités désagréables est immédiatement accusé de vouloir diviser le pays en montant les Français les uns contre les autres.

Très bien, me direz-vous, mais enfin quel rapport entre la fonction publique et la compétitivité de nos entreprises? Tout simplement et depuis la nuit des temps, ce sont les secondes qui financent la première et pas l'inverse et cela fait un certain temps que les secondes qui n'ont pas les capacités d'autofinancement de la première commencent à sérieusement peiner!

La richesse nationale n'étant pas indéfiniment extensible, surtout en l'absence de croissance, viendra inévitablement un temps, que nos politiques crispés sur leurs ambitions électorales ne veulent surtout pas voir, ni anticiper: celui où le pays après des années de tergiversations diverses sera contraint de choisir entre le confort, le poids et les avantages de son secteur public et la compétitivité et la pérennité de ses entreprises privées.

C'est pour cette raison que le bon sens commande de s'attaquer sans tarder à la dépense publique plutôt que de pousser toujours plus loin les taquets de l'impôt, en le faisant reposer de plus sur un nombre sans cesse plus restreint de contribuables.

Répondre