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Le volontarisme pathétique de François Hollande

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Le discours des vœux du Président de la République a inspiré au Professeur Jean Philippe Feldman un commentaire sans concession ni outrance. Le discours s’inscrit dans la tradition volontariste : le Président le veut, donc ce sera fait.

Depuis Mitterrand, les vœux du Président de la République s’inscrivent dans une stratégie éminemment politique. Il s’agit de faire le bilan des mois passés, toujours difficiles, et d’ouvrir avec un optimisme résolu les perspectives de la nouvelle année.

François Hollande n’a pas dérogé à cette tradition. Les citoyens ont pu entendre des déclarations qui réalistes, qui encourageantes, qui consternantes.

Réalisme d’abord, fût-ce au détriment des allégations hollandiennes lors de la campagne électorale de 2012. Après avoir fait croire aux Français que la « crise » était uniquement due à Nicolas Sarkozy, nous apprenons finalement qu’elle existe bien et qu’elle serait grave. Dont acte.

Espoir ensuite, fût-ce là encore au mépris du programme ô combien flou du candidat socialiste ! « Je veux désendetter la France ». Chiche ! « Chaque euro sera accompagné d’une lutte drastique pour réduire les dépenses publiques inutiles. L’argent des Français est précieux. Chacun d’entre vous le gagne durement. Il doit être au service d’un État exemplaire et économe. » Qui ne souscrirait à pareilles affirmations ? Il aura certes fallu plus de quarante années de déficits budgétaires consécutifs pour voir un socialiste prendre conscience du problème, mais ne boudons pas notre plaisir….

Consternation, enfin. La suite du discours contredit, en effet, totalement les quelques envolées liminaires. Le Président a rappelé les décisions prises : Le « pacte de compétitivité » avec un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros pour les entreprises, alors qu’il conviendrait bien plutôt de libérer les individus de l’emprise étatique ; la « maîtrise de la finance », avec entre autres la création d’une « Banque publique d’investissement », comme si une banque d’État était un gage d’efficacité, de responsabilité et de compétence.

Le Président a parlé ensuite de justice : ses déclarations, sans mauvais jeu de mots, valent leur pesant d’or. « Il sera toujours demandé davantage à ceux qui ont le plus ». Phrase délibérément ambiguë, autrement dit hollandienne : cela veut-il dire qu’il sera toujours demandé plus aux plus riches par rapport aux autres, ou qu’on les spoliera de plus en plus ? Et le Président d’annoncer le « réaménagement de la contribution exceptionnelle (sic) sur les plus hauts revenus » à la suite de la gifle infligée par les juges constitutionnels…

« Justice sociale » également, selon une expression indéfinissable, avec l’augmentation du smic, qui se traduira par du chômage supplémentaire. Belle façon de lutter contre la « crise » !

« Justice entre les générations » encore : il s’agit de la « priorité donnée à l’Éducation nationale avec des enseignants plus nombreux ». Un peu de démagogie et de clientélisme ne fait pas de mal, il est vrai. Traduisons : le gouffre de l’Éducation nationale, constituée à 90% par des sympathisants de gauche et d’extrême gauche, va se poursuivre. Les mammouths se sont éteints il y a bien longtemps, sauf en France !

Le Président a martelé, comme ses prédécesseurs depuis les années 1970, que juguler le chômage était la priorité numéro un. De là notamment la création de « 150.000 emplois d’avenir pour les jeunes », selon une expression qui semble appartenir au vocabulaire de la « novlangue ». Voie de garage sans intérêt, si ce n’est celui de diminuer opportunément les statistiques de Pôle Emploi….

Notre Président saute sur sa chaise comme un cabri et s’écrie : « L’État, l’État, l’État ! ». Cependant, il reconnaît que « l’État n’est pas le seul acteur » (Lionel Jospin aurait dit : « l’État ne peut pas tout », mais la phrase était trop provocante…). Ainsi s’explique la confiance donnée aux « partenaires sociaux » c’est-à-dire aux négociations entre un patronat déboussolé et des syndicats de salariés gavés de subventions et sans aucune représentativité.

Mais le naturel revient vite au galop. Pour préparer l’avenir, c’est évidemment l’État qui veille. C’est la raison pour laquelle le gouvernement va « proposer une stratégie d’investissements publics comme privés pour moderniser la France à l’horizon 2020 », c’est-à-dire au cours du second mandat déjà programmé de François Hollande, l’horizon d’un homme politique étant toujours dicté par les élections à venir…. A vrai dire, on ne voit guère le rapport entre les investissements publics et le désendettement de la France, bien au contraire. Mais surtout, il est permis de se demander de quoi se mêle l’État lorsqu’il entend définir la stratégie des investisseurs privés ! Et quelle présomption !

Le Président conclut par l’antienne socialiste de la « solidarité », mêlée aux deux autres termes phares : protection et partage. Solidarité légale et imposée aux citoyens ; protection multiforme par l’Etat post-providence des individus, même contre eux-mêmes ; partage forcé des revenus et des fortunes, voilà en définitive le programme socialiste traditionnel censé résoudre la « crise ».

Bien entendu, François Hollande n’a pas prononcé un seul mot sur les individus, la liberté, la responsabilité, la libre initiative. Pas un mot sur les entrepreneurs et la création de richesse. Nous sommes bien en présence d’un discours socialiste français : tout part et tout vient de l’État, les individus débiles étant guidés et modelés par le chef suprême et omnipotent (« Moi, Président de la République »…). Un désendettement revendiqué, mais plus d’État, plus d’impôts, plus de règlementation, plus de fonctionnaires, plus de démagogie. Il faut beaucoup de courage en France pour ne pas désespérer du pathétisme de nos hommes politiques. Au fait, qu’en pensent nos amis expatriés en Angleterre, en Belgique ou en Suisse ?

Jean-Philippe FELDMAN

Professeur agrégé des facultés de droit

Maître de Conférence à SciencesPo

Avocat à la Cour de Paris

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3 commentaires

Anonyme 8 janvier 2013 - 9:31

rappel
Face au déclin : Les 7 travaux d’Hercule du quinquennat de François Hollande.

Après avoir nié la réalité et la gravité de la crise, le PS va devoir faire face au mur des réalités, cela en complète contradiction avec ses promesses électorales, à cent lieux de la ligne idéologique traditionnelle d’un PS français très à gauche ! imprégnés de l’idéologie marxiste ?

1 : L’équilibre des budgets : Avec la récession et nos prélèvements à 48 %, nos dépenses à 56 %, l’objectif de 0% de déficit en 2015, c’est mission impossible. C’est 100 milliards d’économie qu’il faudrait faire annuellement.

2 : Compétitivité : 30/40 milliards d’impôts et de taxes sur les entreprises (droite et gauche). Pour 2013, une nouvelle niche sous forme d’un crédit d’impôt de 20 milliards. Cela ne redonnera pas de la compétitivité face à nos concurrents, tout au plus une amélioration des faibles marges françaises.

3 : Réforme fiscale : (ex Piquetti) la promesse d’une vaste réforme est reportée…

Monstrueuse et tentaculaire, notre pieuvre fiscale est difficilement modifiable. Impôts, taxes, cotisations, ISF, CSG, etc c’est une bombe pour nos politiques.

4 : Retraites : Après la mini réforme de Nicolas Sarkozy, le PS est face aux réalités qu’il a toujours niées….Au parlement, dans la rue, avec nos syndicats et leurs soutiens aux régimes publics et spéciaux ! C’est une 2ème bombe à retardement pour le gouvernement.

5 : Sécurité Sociale : Equilibrer les comptes, réduire les dépenses, combattre les corporatismes, les abus, Ce n’est pas dans les gênes de la gauche , qui considère que la sécu est l’alpha et l’oméga de son humanisme.

6 : Chômage et emplois : Face à la crise économique, les mesures prises en 2013 ne peuvent qu’aggraver notre chômage de masse. Folie fiscale, émigration des entrepreneurs, des investisseurs français et étrangers, ce qui accélère les délocalisations, les fermetures d’entreprises qui désertent la France, ses réglementations, ses impôts et une faible rentabilité.

7 : Croissance : Un mirage qui comme l’horizon recule quand on avance ?

Structurellement faible en Europe, la France est, par manque de courage politique, a la traîne pour la mise en œuvre des réformes de structure. L’exemple de l’Allemagne, des pays du Nord est dénigré par nos socialistes français.

Pour ces sept raisons, les défis que François Hollande doit affronter sont très difficiles ! Encore plus avec pour alliés politiques, les Verts, les utopistes d’extrême gauche. En aura-t-il la force, le courage politique, j’en doute ! Surtout si une crise éclate entre les différents courant du PS.

En cas de désastre économique, de conflit politique, il se peut que François Hollande ne termine pas son quinquennat ! vos avis SVP

Prévisions 2013/2017 apocalyptique pour la France : du libéral, déclinologue : G G

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Anonyme 8 janvier 2013 - 5:09

La France qui sombre dans le déclin….
….grâce à nos socialistes français les seuls à ne pouvoir voir la réalité en face.

Il y a pourtant un domaine ou ils sont champions c’est dans le gaspillage de l’argent public. pourquoi? Parce que ce sont des fonctionnaires et que ces gens là ne savent pas ce que veut dire « travail et rentabilité »

Ils dilapident l’argent des contribuables à cause de leur incompétence et du poids de leurs scandaleux privilèges dictés par leurs syndicats irresponsables

Le pays n’est pas prêt de s’en remettre

tellement c’est dramatique!

La droite non plus n’a pas fait de miracle!

Au secours! nos politiques sont pourris

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Anonyme 9 janvier 2013 - 11:07

LA FRANCE QUI SOMBRE DANS LE DECLIN
Gaspillage de l’argent public par les socialistes dites- vous, vous ne manquez pas d’air, qui a augmenté la dette publique de 700 Milliards d’euros en 5 ans……….Sinon la gouvernance Sarkosy ?

Moi je voudrais dans mes rêves les plus fous que droite et gauche laissent de côté leur différents et décident pour 3 où 4 ans de créer une coalition, comme cela été fait en allemagne, pour sortir notre pays de la mouise, il y a des talents des deux côtés, ce serait idiot de ne pas le reconnaitre, mais malheureusement c’est un voeux pieux qui ne se réalisera jamais et je le regrette beaucoup.

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