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La rumeur, l’Etat et les banques françaises

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Un article du Wall Street Journal signé de Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF, a fait l’objet de démentis parce qu’il faisait état des difficultés de certaines banques françaises, dont la BNP. Pourtant, d’après le professeur Jacques Garello, administrateur de l’IREF, l’intérêt principal de cet article était de rejeter l’idée à la mode actuellement : que l’Etat français sauve les banques en les nationalisant .

L’article signé par Nicolas Lecaussin, dans les colonnes du Wall Street Journal du mardi 13 septembre (édition américaine, 2 millions de lecteurs) a fait grand bruit.

Notre directeur a retranscrit les dires d’un cadre de la BNP exprimant les craintes que la banque pourrait nourrir sur ses possibilités d’emprunter auprès des fonds monétaires américains. La BNP a démenti avec véhémence, elle a saisi l’Autorité des Marchés Financiers pour enquêter sur les origines d’une telle rumeur, et demande des comptes au Wall Street Journal.

Le portrait peu encourageant brossé par Nicolas Lecaussin est hélas confirmé par le déclassement mardi soir d’un point de la note de Moody’s sur la Société Générale et le Crédit Agricole, et sur le maintien de la BNP « sous surveillance négative ». L’article du Wall Street Journal rappelle quelques évidences, que l’IREF a déjà évoquées : les banques françaises en cause ont investi 57 Milliards de dollars de dette souveraine grecque et d’entreprises contre 34 Milliards pour les banques allemandes et 14 Milliards seulement pour les banques britanniques.

Pourtant, l’intérêt de l’article ne consistait pas à rappeler ce que toute personne quelque peu informée sait déjà, mais bien plutôt à critiquer la solution envisagée par certains. Une idée fait son chemin : que l’Etat sauve les banques en les nationalisant. Cette idée a déjà eu un impact considérable sur les cours boursiers des banques, en particulier de la Société Générale.

Arrivé à ce point, je laisse volontiers la parole à Nicolas Lecaussin :

« Maintenant, quand la situation est catastrophique, on parle de la nationalisation des « banques françaises. Mais se souvient-on de la catastrophe des interventions de l’Etat dans « le système bancaire ? Il faudrait rappeler la période où les banques françaises en « commençant par la plus célèbre d’entre elles, le Crédit Lyonnais étaient détenues « par…l’Etat. Le 7 juillet 2008, un tribunal arbitral a condamné le Consortium de réalisation « (CDR) – organisme chargé de gérer le passif du Crédit Lyonnais – à verser 240 millions « d’euros aux liquidateurs du groupe Bernard Tapie. A quoi se sont ajoutés 105 millions « d’intérêts et 45 millions de préjudice moral, donc un total de 395 millions d’euros. Dans « l’affaire du Crédit Lyonnais, le contribuable est obligé de payer pour les turpitudes de « l’Etat. En réalité, ce n’est pas une affaire mais des affaires qui ont explosé entre 1982 et « 1999 lorsque la banque appartenait à l’Etat : l’affaire Metro Goldwin Mayer (MGM), « Sasea, Executive Life, etc. Au total, les Français auront déboursé plus de 15 Milliards « d’euros afin de payer pour la gestion catastrophique et affairiste du Crédit Lyonnais « durant toutes ces années.

« En plus du désastre du Crédit Lyonnais, il y a eu aussi celui du Crédit Foncier (2 Mds « d’euros de pertes) et de l’Agence Française de Développement. Le secteur bancaire par « exemple, nationalisé au début des années 1980 se trouvait au début des années 1990 en « situation de quasi-faillite. La valeur ajoutée du secteur avait reculé de presque 50 % alors « que dans les autres pays comme la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, elle avait augmenté « de 39 et, respectivement, 50 %.  Parmi ces échecs : la banque Hervet qui enregistre les « premières pertes de son histoire après sa nationalisation en 1982 ; la BIAO (Banque « Internationale pour l’Afrique de l’Ouest) est au bord de la faillite en 1988 lorsqu’elle est « reprise par la BNP ; la SDBO (Société de banque occidentale), filiale du Crédit Lyonnais, « connue pour les prêts accordés à la famille Tapie et qui représentaient deux fois et demie « les fonds propres de la Banque ! ; le CCF (Crédit commercial de France) se situant en quasi-« faillite en 1987 après des prêts insensés accordés au Brésil ; Le Comptoir des « entrepreneurs et les achats immobiliers suivis d’une surévaluation frauduleuse de la part « d’une institution financière dotée d’une mission de service public ; le blanchiment d’argent « de la Société marseillaise de Crédit, etc…

« La privatisation de ces banques et le désengagement de l’Etat n’ont pas changé « radicalement la composition de leurs conseils d’administration. Ils sont toujours dominés « par des anciens élèves de l’ENA, des hauts fonctionnaires qui ont travaillé au ministère des « Finances. Le pantouflage, c’est l’une des particularités françaises. Or, une étude réalisée « par l’Institut de gestion de La Rochelle démontre que les banques administrées par les « énarques sont plus endettées que les autres. C’est le cas de la BNP et de la Société « Générale dirigées par deux énarques, anciens hauts fonctionnaires. Rumeurs ou non, les « banques françaises ont encore une relation étroite avec l’Etat. L’une des premières choses « à faire c’est qu’elle s’en débarrassent ».

Voilà ce qu’il faut savoir et faire savoir. Pour sortir de la crise bancaire aujourd’hui, certains suggèrent de revenir au Programme de Gouvernement de la Gauche de 1973, mis en application avec tellement de succès entre 1981 et 1986.

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3 commentaires

Anonyme 16 septembre 2011 - 8:30

L’ETAT ET LES BANQUES
Seule réalité, c’est l’état qui tue la France !

J’ose espérer que nul n’osera encore gaspiller l’argent public pour « étatiser » les banques. Cela a déjà été fait et nous en payons toujours les conséquences car le marché des banques a été capté et bloqué par la Banque de France, la Caisse des Dépôts et la Caisse d’épargne d’où les dérives des banques et assurances qui spéculent avec la bénédiction de l’oligarchie car toutes les banques sont dirigés par les copains des coquins. Il est temps de supprimer le statut public qui n’est plus le service mais le sévice public et de retrouver la démocratie

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Anonyme 16 septembre 2011 - 2:10

Le système bancaire
Madame MERKEL, en toute logique, veut que la Grèce applique le plan d’économies, vital pour son avenir, mais, la mentalité des Grecs fera que ce plan ne sera JAMAIS mené à bien… et Madame MERKEL le sait très bien. C’est pourquoi, face à l’imminent défaut de paiement de ce Pays, elle demande, à juste titre, que les banques privées prennent leur part de pertes, très importantes, sur leurs créances.

La situation desdites banques est telle – pertes non provisionnées à leur valeur réelle, engagements hors bilan cachés sous le tapis qui n’apparaissent pas – que le bon sens a peu de chance de triompher et, dès lors c’est toute l’Europe qui est en train de vaciller… avant l’effondrement final….!

Tous nos dirigeants n’ont jamais voulu comprendre que nous ne sortirons jamais – sur un plan mondial – des problèmes économiques et financiers actuels tant que l’on autorisera, entre autres, les banques à créer des richesses artificielles en leur laissant la possibilité de prêter jusqu’à plusieurs centaines de fois leurs fonds propres…..?!

1 euro en déposé = 1 euro prêté c’est la formule que je suggère….!

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Anonyme 17 septembre 2011 - 8:27

Prise de participation
Fort bien mais comme vous le dites, la Grèce ne sera pas en mesure de rembourser la totalité de sa dette. Les créanciers dont nos banques vont devoir essuyer des pertes considérables et c’est logique car ça correspond au principe de responsabilité. Mais si pour une raison ou une autre les contribuables des états européens devaient être appelés a participer au renflouement (ce que je ne souhaite pas), la garantie apportée en contrepartie par la banque serait une partie de son capital. Ce n’est pas une nationalisation en tant que telle mais une mise a disposition d’un actif en contrepartie d’un prêt. Avantage : l’Etat peut inscrire cette participation dans sa comptabilité et la revendre au bon moment avec une plus valus, ce qui été fait en Grande Bretagne. De Grace, la conjoncture se prête mal a l

Id

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