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Electricité : pas question de concurrencer EDF

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En fixant le prix de l’électricité à 42 euros le Mwh le gouvernement viole la loi Nome qu’il a fait voter en novembre dernier. La facture d’électricité continuera à être rédigée par l’Etat, et les consommateurs paieront. Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF, vous met au courant.

Le gouvernement vient d’accorder à EDF le droit de facturer le mégawatheure au prix de 40 puis de 42 euros. C’est une curieuse façon d’« organiser le marché de l’électricité » dans le cadre de la loi Nome, puisque cette décision tue l’ébauche de concurrence que devait instaurer cette loi votée en novembre 2010. Six mois plus tard, la preuve est faite : c’est bien l’Etat qui continue à diriger EDF et à fixer souverainement le prix de l’électricité en France. Les distributeurs d’électricité, concurrents de l’entreprise publique, n’ont pas voix au chapitre : ils devront s’approvisionner auprès d’EDF au prix fort. Ils servent pourtant environ 2 millions d’abonnés. Ils se retrouvent maintenant dans une situation très délicate, et certains pensent déjà abandonner leurs investissements en France. Quant aux consommateurs, au lieu de bénéficier de la concurrence qui aurait dû faire baisser les prix, ils règleront une facture plus salée, qu’ils soient clients d’EDF ou de ses concurrentes.

Ceux qui sont à la tête d’EDF et aussi les gouvernants au pouvoir en France n’ont toujours pas compris que le monde a changé. Pourtant la nouvelle donne leur avait été clairement expliquée par le rapport Champsaur sur le prix de l’électricité, pas si vieux que cela (2009) : ils l’ont vite oublié, alors même que le rapport avait été fait à leur demande, et par une commission dont ils avaient nommé les membres !

Les auteurs du rapport proposent des pistes pour libérer le marché et mettre fin au contrôle des prix : une nécessité pour le consommateur qui « n’a même pas la possibilité actuellement de connaître précisément sa consommation électrique ». De plus, le rapport rappelle qu’EDF, en plus d’exploiter les centrales nucléaires est aussi l’exploitant quasi unique du parc des centrales à fioul et des deux tiers des centrales à charbon, ce qui lui permet donc de contrôler aussi les autres sources d’électricité.

Mais la concurrence n’a pas droit de cité à EDF et pour cause : les électriciens veulent surtout garder le monopole qui garantit leurs privilèges. Début avril, ils ont fait grève, à la demande des syndicats, pour préserver leur tarif préférentiel (les agents d’EDF payent leur électricité 10 % du prix normal). Il y a quelques années, ils ont obtenu l’insertion sur la facture d’électricité d’une nouvelle ligne intitulée « Autres prestations ». En réalité, il s’agit d’une ponction de 0.005 % de la facture qui va directement aux « œuvres sociales » (vacances et loisirs du personnel) et qui gonfle le magot des 400 millions d’euros du Comité d’entreprise. En 2009-2010, alors que la France est encore en crise économique et lorsqu’on demande de nouveaux sacrifices au privé, les salariés d’EDF ont obtenu une hausse des salaires de plus de 4 % financée avec… des augmentations de tarifs sur les consommateurs qui ont représenté 740 millions d’euros. Sur la même facture, le consommateur peut aussi remarquer une ligne intitulée « Coût d’acheminement » : 47 % du prix du kilowattheure. Or, le RTE (Réseau de transport de l’électricité) et ERDF (Electricité réseau distribution France), chargés d’acheminer l’énergie sont des propriétés d’EDF.

Malgré ses monopoles, EDF affiche une dette d’environ 24 Milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 60 Milliards. Une preuve de sa gestion calamiteuse. En accordant le contrôle des prix à l’entreprise publique (qu’il possède à 84 %), l’Etat sanctionne les consommateurs. Voilà une (autre) mesure qui pourrait se retourner contre ceux qui l’ont prise, pour peu que les Français soient au courant…

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8 commentaires

Anonyme 29 avril 2011 - 7:57

Rigolo que vous êtes
Depuis quand une entreprise fixerait elle les prix de son concurent?

Rappel des faits : puisque la concurence ne se developpe pas on oblige EDF à vendre son produit moins cher que cela ne lui coute à produire.

Chaque année l’etat puise dans la caisse d’EDF (rappel sur la renovation des universités)

EDF est la vache à tondre…votre propos n’est pas objectif.

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Nicolas Lecaussin 29 avril 2011 - 10:04

Je ne sais pas qui est le
Je ne sais pas qui est le rigolo.. Pour que la concurrence se développe, il faut la laisser se développer… Ensuite, on pourra discuter.

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Anonyme 29 avril 2011 - 2:20

Le vrai probleme c’est que
Le vrai probleme c’est que l’électricité en France est la moins chère d’Europe, avec des prix maintenus artificiellement tres bas. Le dileme aujourd’hui est qu’EDF pour respecter le principe de la concurence doit obligatoirement remonter ses prix pour se battre a armes égale avec les autres !

L’autre souci aujourd’hui consiste aussi dans le rachat du KWH produit par les possesseurs d’installations photovoltaiques. Il est scandaleux que ce soit le client EDF qui paye et subventionne ces installations avec sa facture, pour que d’une part les sociétés d’installateurs puissent s’enrichir honteusement, d’autant qu’il n’y a dans ce système artificiel aucune valeur ajoutée économique pour le pays, et d’autre part pour que ceux qui ont installé ces panneaux bénéficient pendant 20 ans, en plus des subventions d’équipement pour travaux déjà perçues, d’un prix de rachat garanti et honteusement élevé ! Et tout ceci malgré la fin du moratoire. Il existe même des sociétés qui vendent ces panneaux en les présentant comme des compléments de retraite ! Vive l’écologie ! Et c’est le client EDF qui paye 100% de la note !

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Anonyme 3 mai 2011 - 10:54

contrat photovoltaïque
en plus du prix d’achat du kW photovoltaique plus élevé que la vente du même kW par EDF, le titulaire d’un contrat photovoltaïque bénéficie d’une consommation gratuite sur le réseau du distributeur proportionnelle à son contrat photovoltaïque.

Conclusion: en plus de payer sur notre facture la part « energie renouvelable », on paye aussi la part gratuite qui peut être consommée par le producteur.

il me semblait que la loi du commerce interdisait de vendre à perte! je dis bravo aux technocrates!

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JAM 29 avril 2011 - 2:51

C’est depuis qu’il existe des
C’est depuis qu’il existe des entreprises qu’une entreprise fixe le prix de son concurent ! Le vrai problème c’est que l’électricité en france est tres largement la moins chère d’europe pour ce que j’en sais. Et pour que les règles saines de la concurence puissent fonctionner EDF doit intégrer tout ses couts dans sa facture et donc incontournablement augmenter ses prix qui aujourd’hui sont des prix subventionnés. C’est ce qui nous attend dans les années qui viennent

Un point qui devrait nous faire réagir consiste dans l’obligation de rachat par EDF du KWH aux possesseurs d’installations photovoltaîques a des prix honteusement élévés et supportés par le client EDF. Ce systeme totalement artificiel, sans réalité économique, engraisse de manière éhontée des installateurs qui s’approvisionnent en chine, en allemagne ou aux USA et ne créent aucune valeur ajoutée ni richesse nouvelle pour le pays. On parle de niche en voilà une qui ne profite qu’a un petit nombre, qui ne sert a rien et qui devrait disparaitre. Le possesseur de ces installation lui, outre la subvention d’installation, se voit garantir par EDF pendant 20 ans un prix de rachat le plus élevé d’Europe. Certaines sociétés en viennent même a présenter ces panneaux photovoltaiques comme un profitable complément de retraite… payé a 100% par le client EDF !

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Anonyme 2 mai 2011 - 7:12

l’ electricité c’ est de l’ Energie….ne pas confondre
oui, mais on ne produit, transporte , distribue l’ electricité, produit d’ intérêt vital et général, comme des camemberts. Seule la puissance publique peut investir et gérer un parc de production pour l’ intérêt de tous avec des retours sur investissement très longs. Sans parler de la sûreté nucléaire. TEPCO au Japon a menti dans ses rapports de sûreté. Est ce celà que l’ on veut en France?

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Anonyme 29 avril 2011 - 1:43

Concurrence EDF
Comment croire que la venue de nouveaux opérateurs sera bénefique à long terme Le but est bien de gagner de plus en plus d’argent . Pourquoi devoir touT mettre en concurrence et tout privatiser. Je suis pourque les bénéfices retournent aux français

plutôt qu’a des actionnaires

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Anonyme 30 avril 2011 - 8:03

Laurent Berthod
Je suis bien d’accord avec vous en ce qui concerne l’électricité, qui est un produit non stockable et transportable à des coûts élevés. Ce que les dogmatiques du libéralisme oublient, c’est que, dans ces conditions, le dernier kilowattheure produit pour satisfaire les besoins en heures de pointe est très coûteux et que, dans un système concurrentiel non régulé, le prix au consommateur s’aligne sur le coût marginal, laissant ainsi une rente injustifiée aux producteurs des kilowattheures moins coûteux. Un monopole avec prix régulé par l’État, représentant l’intérêt général, permet de pratiquer une péréquation, bénéficiant au consommateur tout en laissant au producteur un bénéfice légitime.

Le dogmatisme, en toute chose, y compris en économie, est pernicieux et conduit aux pires sottises…

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