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Du choléra financier à la peste fiscale

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Pour soigner le choléra financier les Etats en appellent à la peste fiscale. Aux yeux des gouvernants, qui prêchent la « rigueur », ce sont les contribuables qui mettent les Etats en difficulté : à travers les niches et fraudes, ils se dérobent devant l’impôt. Un tel plaidoyer inspire à Jean Philippe Delsol, administrateur de l’IREF, une version originale de la célèbre fable de La Fontaine : « Les Etats malades de leurs dépenses ».

Les marchés financiers et boursiers ont perdu leur boussole. Ils n’ont plus de vision, plus de repères. La crise de 2 008 a révélé des inquiétudes sur l’endettement des banques. Pour y faire face, les Etats ont cru pouvoir s’endetter à leur tour sans limite. Le retour en grâce des théories keynésiennes leur a permis de croire ou de faire croire que la dépense publique pourrait sauver le monde. Las, la démence publique est en train de le ruiner.

Obama est en train d’inventer un nouveau plan d’intervention de l’Etat fédéral qui accroîtra encore le déficit abyssal de l’Etat de plus de 100 milliards de dollars alors que les 1000 milliards de dollars dépensés jusqu’à ce jour à cet effet ont non seulement été inutiles (le chômage reste à 9,1% alors que son précédent plan devait le ramener près de 8%) mais coûteux et sans doute facteur de défiance des marchés. Les Etats européens pour leur part se fixent comme objectif de ramener, non sans mal, leur déficit à 3% de leur PIB pour réduire leur endettement. Curieuse mathématique que celle qui permettrait de se désendetter en accumulant des pertes chaque année. Les Etats traitent le mal par le mal, l’endettement par plus d’endettement, et cela va de mal en pis. Les marchés le disent et tous s’en étonnent !

Au mieux, ou au pire, pour soigner le choléra financier, les Etats en appellent à la peste fiscale. La France a décidé de lever 11 milliards de nouveaux impôts en annonçant qu’elle allait essayer d’économiser 1 milliard de dépenses. Un ratio de moins de 10%, totalement différent de celui que le gouvernement canadien avait adopté pour redresser avec succès les finances de l’Etat avec 6 dollars d’économie pour un dollar de recettes fiscales supplémentaires et le retour à un budget équilibré, comme la Suède après lui, en cinq ans. Certes l’Italie et l’Espagne semblent s’engager dans des plans plus drastiques. Mais tous se réfugient sous le bénéfice d’une règle d’or qui n’est qu’une règle de papier. Cette règle à la française n’est qu’une déclaration d’intention que chaque gouvernement pourra violer sans grand risque. La seule règle d’airain qui prévaudrait serait celle par laquelle les Etats s’engageraient constitutionnellement et définitivement, comme la Confédération suisse, à avoir un budget totalement équilibré.

Mais, plus encore, le meilleur moyen par ailleurs de s’assurer que l’équilibre des finances publiques serait atteint plus par la baisse des charges que par l’augmentation des impôts serait de faire en sorte que tous les contribuables payent des impôts directs, même a minima, et que soit instituée une Règle de Platine selon laquelle il ne pourrait y avoir d’augmentation des impôts que proportionnelle pour tous. Si tous se sentaient concernés, tous ne penseraient à modifier les impôts à la hausse que « la main tremblante ».

En attendant, la fable de Jean de La Fontaine fait désormais entendre une autre musique. Ce sont les Etats qui sont malades d’une nouvelle peste.

Les Etats malades de leur dépenses

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La Dépense publique (puisqu’il faut l’appeler par son nom),

Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,

Faisait à nos Etats la guerre.

Ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

On voyait chacun s’occuper

A chercher le soutien d’une mourante vie.

Seuls encore les assauts contre la liberté

Dans ce dépérissement excitaient leur envie.

Quelques peuples indemnes du Nord et d’Helvétie

Avaient réduit charges et déficit avant leurs embarras

Ils avaient attiré sarcasmes et jalousie

Mais désormais qui pourrait suivre leurs pas ?

« Il est trop tard », disaient les autres, « nous ne les imiterons pas »

La France tint conseil, et dit : Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune ;

Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux,

Peut-être il obtiendra la guérison commune.

L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents

On fait de pareils dévouements :

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

L’état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons

J’ai embauché tant de fonctionnaires

que je n’en ai plus la façon.

Il m’arrive même souvent de les payer à ne rien faire.

Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense

Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter selon toute justice

Que le plus coupable périsse.

– Cher Collègue, dit l’Espagne, vous êtes trop scrupuleux;

Et vous faites voir trop de délicatesse quand en l’espèce il en faut peu ;

Et bien, donner aux pauvres pour obtenir leurs voix,

Multiplier les déficits et dépenser sans compter pour créer des emplois,

Pour l’économie, c’est le plus sûr moyen de lancer la croissance :

Il n’y en a jamais eu que de contre exemple, mais il faut persévérer.

Est-ce un péché ? Non, non. C’est un art, un exercice, un bonheur.

En tondant quelques contribuables, vous leurs fîtes beaucoup d’honneur.

Et quant à l’argent perdu, on peut dire

Qu’il était digne de tous maux,

Provenant de ces riches qui sur leurs égaux

Se font un chimérique empire.

Ainsi confirma la Grèce, et flatteurs d’applaudir.

On n’osa trop approfondir

De l’Italie, ni de l’Allemagne, ni des autres puissances,

Les moins pardonnables offenses

Et laquelle d’entre elles avait au plus haut degré favorisé cet Etat providence

Tous les dispensateurs de l’argent public, jusqu’aux simples mâtins,

Au dire de chacun, étaient de petits saints.

Un contribuable aisé par malheur passa par là et exposa à son tour :

J’ai souvenance que choqué par tant de gaspillage certains jours

Il m’est arrivé de contester tant d’abondance sans nuance,

Et une autre fois par inadvertance, et je pense

Quelque diable aussi me poussant lors de ma déclaration,

Je laissais peut-être échapper quelques euros de ma contribution.

Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.

A ces mots on cria haro sur le baudet.

L’Europe quelque peu clerc prouva par sa harangue

Qu’il fallait condamner ce maudit citoyen et son gang,

Et tous les contribuables avec lui,

Car si l’un l’avait fait, tous les autres aussi.

Ces pelés, ces galeux, d’où venait tout le mal.

La peccadille fut jugée un cas pendable.

Frauder quelques euros ! quel crime abominable !

De tous leurs biens une saisie totale était seule capable

D’expier leur forfait : on le fit bien voir à ces contribuables.

Selon que vous serez percepteur ou taxable

Les jugements de cour vous feront innocents ou coupables

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3 commentaires

Anonyme 17 septembre 2011 - 8:29

mort aux riches
dans une épidémie de choléra il existe des porteurs sains qui survivent.Dans un océan de dettes et déficits il existe des ilots de richesse relative dans quelle situation faut il tuer les minorités?Ceux qui peuvent faire ,font les autres administrent,enseignent,ou font de la politique!Seuls les premiers créent de la richesse sans aucun pouvoir sur la redistribution!Un apiculteur sait qu,il faut laisser du miel pour que la ruche.vive et essaime.Un politique compte ses électeurs parmi la classe des non productifs de richesse et entraine ainsi les politiques de planche a billets dévaluations ,emprunts ,dettes etc;Le choléra est parmi nous il faut tuer les porteurs sains ou relire les animaux malades de la peste !

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Anonyme 18 septembre 2011 - 2:34

A défaut de les tuer,mettons
A défaut de les tuer,mettons les au moins hors d’état de nuire.

Répondre
Anonyme 27 septembre 2011 - 2:17

Excellent !

EM
Excellent !

EM

Répondre