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Crise boursière et « plans d’irrigation pendant le déluge »

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La crise boursière, partie de Chine et qui a atteint les places occidentales la semaine dernière, a un air de déjà vu : une hausse importante des cours en bourse (la bourse de Shanghaï avait progressé de presque 60% entre février et mai 2015 et de près de 150% en un an), suivie d’un krach impressionnant (baisse des cours de 8,49% à Shanghaï pour le seul lundi 24 août, près de 40% depuis juin, baisse de 5,35% du CAC 40 à Paris le même lundi 24, suivie d’une grande volatilité sur la plupart des marchés, où l’incertitude domine).

Certains ne rappellent-il pas que les crises répétitives sont le propre du capitalisme, même s’il n’y a plus grand monde pour annoncer la crise finale imaginée par Marx, qui devrait emporter le capitalisme. La thèse est simple : l’économie de marché serait par nature instable, sujette aux crises à répétition, surtout depuis la « financiarisation » de l’économie et la soi-disant déconnexion de l’économie « réelle » et de l’économie financière (supposée être « irréelle »).

Le désordre apparent des places financières a des causes immédiates : l’économie chinoise, qui a connu un développement spectaculaire (plus de 10% de croissance par an), est entrée depuis quelques années dans une phase de ralentissement (moins de 7% de croissance cette année et encore, les statistiques chinoises étant peu fiables), qui a de multiples raisons, notamment les limites d’un système mêlant des zones de liberté (c’est ce qui marche en Chine) et des rigidités et contraintes bureaucratiques liées à un régime totalitaire de parti unique, qui refuse la dynamique des libertés (c’est ce qui freine l’économie). « L’atelier du monde » entre dans une phase d’incertitude, qui se traduit en Chine par l’effondrement boursier, après une hausse artificielle, largement dopée par un endettement massif, facilité par la création de liquidités. C’est ce qui inquiète les places financières mondiales, la Chine jouant un rôle majeur dans les échanges commerciaux, par ses exportations comme par ses importations, qui constituent un débouché important pour les économies occidentales.

Pas de déconnexion Economie « Réelle » / Economie Financière

Cela ne suffit pas à expliquer l’ampleur des mouvements de hausse, puis de baisse et l’instabilité des marchés financiers. Pour certains, la réponse viendrait d’une déconnexion entre l’économie réelle et l’économie financière, le « capitalisme financier » se détachant de plus en plus de la « réalité » économique. C’est oublier un peu vite qu’il n’y a pas de distinction véritable entre les deux : l’économie « réelle » est non seulement de plus en plus dématérialisée, mais surtout les biens matériels ne sont utiles que parce que, comme l’avait déjà compris Bastiat, ils rendent des services ; nous ne consommons pas les biens matériels, mais les services qu’ils rendent. Quant à la finance, son rôle est le même : rendre des services (« un dollar rend une multitude de services » expliquait Milton Friedman). Il n’y a donc pas l’économie réelle face à l’économie financière : toute l’économie est faite d’échanges de services.
Mais alors, pourquoi les crises financières comme celle que nous connaissons ? Certes, l’économie est tout, sauf à l’équilibre comme l’imaginaient les néo-classiques : tout change tout le temps. Mais si les divers marchés des capitaux sont libres, alimentés par une épargne volontaire, régulés par de vrais prix libres – les taux d’intérêt -, il n’y a pas de raisons qu’au-delà des ajustements permanents, on aille de crise en crise.

Le rôle des manipulations monétaires

La raison, y compris dans la crise actuelle, est à chercher du côté des manipulations financières et monétaires. Depuis l’influence keynésienne sur les hommes politiques, ceux-ci, et les banquiers centraux avec eux, pensent que l’économie doit être stimulée en permanence par la relance budgétaire et monétaire de la demande. Comme les relances budgétaires ont abouti en 2009 à la crise des dettes souveraines, ils se sont tournés vers la relance monétaire : des taux de base pratiquement nuls, des achats massifs par les banques centrales de titres, y compris de la dette publique (la FED est devenue le premier détenteur de bons du trésor US) conduisant à la création massive de liquidités : les bilans des banques centrales explosent. Et plus les économies semblent s’enfoncer dans la crise, plus on fait appel à « la planche à billets », oubliant toute règle de sagesse monétaire : ce sont les fameux « plans d’irrigation pendant le déluge » dénoncés jadis par Jacques Rueff. Tout cela vient de l’illusion magique keynésienne : stimulons artificiellement la demande, l’offre suivra. Mais l’offre n’a pas suivi. Dans une économie de marché, c’est l’offre qui créé la demande, pas l’inverse.

Les liquidités ainsi créées doivent bien se déverser quelque part, créant des bulles financières artificielles : il y en a eu dans les pays émergents, les liquidités créées en Occident allant se placer dans ces pays ; il y en eu dans l’immobilier ; et il y en a eu fort logiquement sur les marchés financiers. C’est ce qui vient encore de se passer, car les bulles spéculatives, artificiellement nourries de liquidités, finissent par éclater. La tempête boursière que nous vivons ne vient donc pas de l’instabilité du capitalisme, fût-il financier, mais des manipulations monétaires des Etats : « faux droits », créés par des rachats de « fausses créances » ; « faux prix » aussi bien des taux d’intérêt, manipulés par les banques centrales, que des taux de change, manipulés par les Etats. La réponse chinoise aux événements récents ne fait que reprendre ces recettes artificielles : baisse du taux de base de la banque centrale et nouvelle injection massive de liquidités. Les places boursières européennes se réjouissent, alors que la politique monétaire chinoise ne fera qu’aggraver l’instabilité.

« L’ordre financier ou l’esclavage »

Nous vivons bien une crise, une de plus, mais, comme en 2008, ce n’est pas la crise du capitalisme, mais celle de l‘économie dirigée, régulée, manipulée par les Etats et les apprentis sorciers qui ont cru qu’ils avaient le pouvoir magique de conduire l’économie comme on conduit une voiture. Au fond, la crise est celle du mensonge, puisque c’est celle des faux droits. Et la fausse solution, c’est celle que nous vivons : face à la crise provoquée par l’interventionnisme et les manipulations étatiques, les hommes politiques répondent par plus d’interventions, rognant peu à peu les libertés économiques et rendant l’économie plus instable. Jacques Rueff nous avait mis en garde « Exigez l’ordre financier ou acceptez l’esclavage ». Telle est toujours la question.

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1 commenter

Astérix 31 août 2015 - 6:14

Le crash assuré !
Les banques centrales (U.S.A., B.O.J, B.C.E. etc…) utilisent toutes la planche à billets (QE).
Il s'agit d'inonder le marché de fausse monnaie destinée à alimenter les bourses et non l'économie réelle, sans aucune création de richesses au sens noble.

Il ne fallait pas mettre le doigt dans l'engrenage. Mais maintenant il leur est impossible de reculer compte tenu de l'endettement colossal et ils poursuivent cette fuite en avant.

Cette attitude est suicidaire et ne peut conduire, tôt ou tard, qu'à l'explosion du système financier mondial.

Le plus tôt sera le mieux car nous marchons sur la tête !

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