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Après le Brexit, quel avenir pour l’Europe ?

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Le Grexin a favorisé le Brexit comme, selon la loi de Gresham, La mauvaise monnaie chasse la bonne lorsque deux monnaies se trouvent simultanément en circulation avec un taux de change légal fixe, les agents économiques préférant conserver la « bonne » monnaie et laisser la mauvaise aux autres. C’est le choix qu’ont fait les Britanniques en assumant la leçon de ce commerçant et financier anglais Thomas Gresham qui avait contribué à la création de la bourse de Londres au XVIème siècle.

L’Europe a perdu son âme dans les méandres d’une administration oublieuse de l’histoire et du génie de ses peuples. Elle a joué à l’épicier en voulant peser les échanges, standardiser les produits, imposer des normes à l’infini dans la mauvaise idée que le marché exige l’uniformité lorsqu’il suppose la diversité. Elle a voulu régenter la concurrence des entreprises quand celle-ci par définition a besoin de liberté. Et dans le même temps elle travaille sans fin à empêcher la compétition fiscale entre les Etats qui est pourtant protectrice des contribuables comme la concurrence des entreprises l’est des consommateurs. Elle a tour à tour foulé aux pieds les règles qu’elle avait elle-même fixées pour limiter l’endettement des Etats membres et limiter leurs folles dépenses. Pire, elle a encouragé celles-ci en multipliant les plans d’investissement et de financement dans l’enfermement d’une vision keynésienne dont l’échec a partout été patent depuis deux générations. Elle a sauvé la Grèce coûte que coûte parce qu’elle redoutait que le départ de ce petit pays, représentant 1,3% du PIB européen, déstabilise l’Union et elle y a gagné la sortie du Royaume Uni dont le PIB correspond à 11,8% de celui de l’Europe !

Nous y aurons favorisé le clan irresponsable des populistes qui gagnent du terrain en Europe en exigeant paradoxalement tout à la fois la mise à l’écart de la technocratie politique et le renforcement de l’Etat-prévoyance. Nous y aurons également perdu Cameron qui avec sa façon toute anglaise avait remis son pays sur les rails et servait d’exemple pour changer de modèle politique et innover dans la manière de rendre le pouvoir à la société civile et aux citoyens. Certes, tout n’est pas parfait Outre Manche, mais il vaut mieux des petits boulots que le RSA et la vérité d’un franc débat plutôt que l’anesthésie générale des partis politiques français déliquescents.

Pour ma part, j’avais espéré que l’Angleterre resterait au sein de l’Union européenne pour inciter de l’intérieur à la rénovation de l’Europe, à son retour aux sources, à son esprit d’ouverture plutôt que de mesquinerie, à sa culture plutôt qu’à sa comptabilité, au partage et à l’échange plutôt qu’aux règlements et aux interdictions. Souhaitons que l’Europe entendra l’avertissement et saura en profiter pour retrouver son heureux destin puisé aux racines de Jérusalem, d’Athènes et de Rome.

Il ne s’agit pas désormais d’épiloguer, mais plutôt de reconstruire. L’Europe est et doit être une communauté de confiance ou ne pas être. Il ne sert à rien d’instituer en tout et pour tout des normes identiques afin de soi-disant permettre le libre échange. Celui-ci serait mieux fondé sur la confiance mutuelle des pays associés dans l’Union sous la seule réserve du respect de quelques principes simples de sécurité des produits et services concernés. L’Europe aurait mieux à faire respecter ses frontières communes, à défendre ses valeurs partagées à l’intérieur comme le cas échéant sur des territoires d’intervention extérieurs si elle le juge utile pour elle.

Au demeurant, il ne faut pas tout décrier non plus. L’Europe nous protège déjà de bien des vicissitudes. Elle a obligé à la privatisation de nombreux services pour le plus grand bien des consommateurs. Elle ramène à la raison quand elle veut empêcher la France de soumettre au SMIC les chauffeurs des camions étrangers de passage. Elle s’oppose à juste titre à de nombreuses taxes et obligations que la France, et parfois d’autres, veulent imposer au détriment du principe de libre circulation des personnes et des biens. Mais elle est devenue tatillonne, elle est tombée dans la politicaillerie qui l’a conduite à vouloir une transparence jusqu’au dénuement alors que sa profusion de règles absconses crée un maquis où les plus malins se cachent mieux que jamais.

Nous sommes sans doute à un croisement. Si les Eurocrates profitent du vote anglais pour engager un mouvement supplémentaire de centralisation et d’unification vers une fédération, les populistes de tout poil auront tôt fait d’élever leur contestation et de demander à rompre les amarres. Si au contraire, nous en profitons pour revenir à une Europe réellement subsidiaire des Nations, une Europe limitée et respectueuse des pays qui la composent, une Europe puissante à l’extérieur sans s’ingérer dans la vie des uns et des autres, une Europe fière de sa grandeur et de son histoire, forte de ses principes, de sa liberté, de sa capacité d’innover et capable de permettre à ceux qui y vivent de mieux grandir en être responsables d’eux-mêmes, peut-être alors que la perfide Albion y reviendra.

Jean-Philippe Delsol

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6 commentaires

wpjo 28 juin 2016 - 6:53

chrurchill
Churchill disait que la démocratie est la moins mauvaise forme des des gouvernances. C'est qu'il ne pouvait anticiper le Brexit : c'est aussi la forme de gouvernance la plus conne.

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Bréchamps 28 juin 2016 - 8:24

Un "nul" pose quelques questions
J'apprécie beaucoup le souffle et la pertinence de votre article mais j'ai toujours quelques interrogations :
– Si les nations européennes se regroupent pour continuer à exister c'est à dire à peser dans le monde globalisé actuel, ne doivent-elles pas impérativement se constituer en un bloc politique aussi fort et puissant que ceux qui existent déjà (E-U, Russie, Inde, Chine), c'est à dire se doter non seulement d'une monnaie mais aussi d'une défense et d'une diplomatie communes ?
– Et comment une monnaie commune peut-elle survivre sans un certain niveau d'harmonisation fiscale, sociale et de compensations entre les pays membres ?
Or de tout ceci nos amis britanniques ne veulent pas entendre parler. Ni certains autres pays européens d'ailleurs. Le moment est donc sans doute venu pour que les pays fondateurs prennent l'initiative de rassembler les volontaires autour d'un objectif clairement défini et formellement accepté : continuation dans l'Europe marchande d'aujourd'hui vouée au mieux à l'impuissance, au pire à la désintégration ou bien bifurcation vers une Europe politique libérale et sociale forte, audible au niveau mondial et attractive pour tous les pays européens qui voudraient la rejoindre.

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nessus 28 juin 2016 - 10:18

Votre message pose les vraies questions et toute la difficulté de définir une "zone" de jeu collectif sans tomber dans le tout "europe" qui est totalement réducteur face aux nations qui restent et doivent rester
des corps vivants .

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jean Phiippe Delsol 29 juin 2016 - 5:02

Merci de vos messages. Je ne suis pas certain que l'Europe ne soit possible que si elle est très intégrée. Je suis même persuadé du contraire, même pour ce qui concerne la monnaie unique. Regardez la Suisse: les cantons ont une vraie souveraineté et une fiscalité autonome, de même que les communes. Il n'y a donc guère d'uniformisation fiscale, mais plus tôt une compétition fiscale et c'est ce qui préserve les libertés suisses. Il en est de même, à un moindre degré, des Etats Unis.
Tout est question d'équilibre. Je crois que nous serons trop faibles seuls dans un monde globalisé. Mais nous serons encore plus faibles si notre Union européenne est un fardeau plutôt qu'une libération.

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Nessus 28 juin 2016 - 10:18

Le fond des choses
Nos concitoyens savent , parce qu'on les a alertés , que la sphère politique et administrative européenne ( i.e. la C.E. ) est une zone de privilèges et de droits extra-nationaux. Ce n'est pas acceptable et cela sape l'institution qui doit respecter l'égalité de traitement au sein même de la Communauté.
Nos concitoyens comprennent que sans VRAIE fédération ou confédération des peuples européens, il seront le jouet des grandes puissances économiques et politiques , à savoir les Etats-unis , la Chine , la Russie , le japon ,les états arabes associés et les groupements d'états continentaux qui commencent à se constituer . Il est urgent de former un gouvernement européen dont les compétences soient très rigoureusement limitées à la défense et aux intérêts économiques . Tous les autres domaines ( en particulier ce qui touche aux moeurs et à l'organisation de la société ) restant subsidiaires et en charge des Etats .
Les institutions juridiques européennes ne sont pas démocratiques et dictent des directives qui ne sont pas acceptées par la population. Elles semblent ne pas connaître leurs limites et sont donc dangereuses.

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Richard C. 29 juin 2016 - 6:52

Vive le franxit!
Le populisme, c'est la volonté du Peuple quand elle choque mes idées reçues. Mais c'est également l'expression du bon sens des pays d'en bas qui se rendent compte que l'Europe, c'est le vol. Vol de l'intérêt de l'Euro, qui consiste à faire emprunter la monnaie que l'on possède déjà! c'est l'ensemble des taxes et contributions indues de l'ordre de 23 milliard. Ce sont les taxes idiotes créées par des brutes ignorantes, incompétentes, et avides au titres de traités de Versailles dont nous sommes les dindons!
L'Europe verte se moque de nous en plus avec les mensonges de types COP 21 dont il faudra faire rendre gorge aux escrocs qui les ont pondus!
Alors que l'Angleterre se libère de cette galère, c'est aussi notre chance à saisir. La Grèce en a rêvé, les Anglais l'ont fait! A mon avis, le seul risque est que l'Empire Merkelien ne tente de voler la victoire comme cela se fit pour le traité de Lisbonne. Alors, il me revient les paroles d'un chant oublié: Aux armes, citoyens, formez vos bataillons!

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