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La politique énergétique de l’Europe est un échec

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La sécurité de l’approvisionnement n’est plus assurée, l’énergie coûtera de plus en plus cher et les émissions de CO2 ne diminueront pas. Ce constat d’échec est fait par Jean Pierre Riou, président de Mont Champot, dont l’IREF reprend l’analyse.

La politique européenne en matière d’aides d’État et la politique énergétique de l’Europe poursuivent trois objectifs, annoncés en préambule:
– accroître la sécurité de l’approvisionnement;
– assurer la compétitivité des économies européennes et
la disponibilité d’une énergie abordable;
– promouvoir la viabilité environnementale et lutter
contre le changement climatique.

Les coûts de cette politique ne semblent pas avoir fait l’objet d’une évaluation prenant en compte tous ses paramètres et effets pervers.
Et pourtant, les moindres de leurs estimations font état de sommes faramineuses, difficilement compatibles avec la crise économique que traverse l’Europe.

Le constat des résultats de cette politique n’en est que plus accablant.

1° Concernant la sécurité d’approvisionnement, les distorsions du marché de gros de l’électricité ont eu un effet dévastateur sur la compétitivité des centrales conventionnelles dont les plus propres d’entre elles, à cycle combiné à gaz, préconisées par l’Union Européenne pour leur peu d’impact négatif sur l’environnement, sont amenées à fermer les unes après les autres, entraînant des risques de rupture d’approvisionnement, alors même que la consommation est en baisse.
Le développement des énergies intermittentes menace ainsi, de façon critique, notre sécurité d’approvisionnement, autant lors des chutes inopinées de production que lors des pics de celles-ci.
Leur surproduction aux moments inopportuns menace en effet la sécurité du réseau. Ce risque, de black out, entraîné en particulier par l’Allemagne, est décrit clairement dans le dernier rapport de l’ENTSO. E.

2° Concernant la lutte contre le changement climatique, l’échec de cette politique en termes de réduction d’émissions de CO2 est patent.
Selon l’AIE la production d’électricité mondiale n’est pas plus propre aujourd’hui qu’il y a un quart de siècle. Selon PWC, après la première baisse significative depuis 2001, constatée en 2009 pour l‘Europe, ces émissions viennent d’augmenter pour la 2° année consécutive.
De nombreux paramètres sont en cause, ceux liés aux effets pervers du développement des énergies intermittentes ne sauraient être ignorés.
Le Real Decreto 134/2010 espagnol favorisant le recours au charbon est, en effet, lié à la sécurité d’approvisionnement en électricité, tandis que l’électricien allemand RWE évoque le risque de black out en l’absence de mesures de soutien pour les centrales à charbon et à gaz, pour cette même raison.
Cette situation ne peut être dissociée du caractère intermittent des énergies renouvelables.

3° Concernant la compétitivité des économies européennes, le développement des énergies intermittentes est responsable du « massacre systématique de notre industrie », selon les termes mêmes de Mr Antonio Tajani, Vice Président de la Commission Européenne chargé de cette industrie.
Mr Tajani confirmait ainsi les inquiétudes à ce sujet de tous les industriels, comme en témoigne le communiqué commun du patronat et des syndicats allemands d’octobre dernier.

4° L’effort de développement d’une part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique ne saurait avoir le même sens dans chaque pays de l’Union Européenne.
Pour le cas de la France, notamment, 1° exportateur mondial, selon le rapport AIE 2013, grâce à une énergie décarbonée, pour 90% de sa production, il n’apparaît pas que ce développement des énergies intermittentes puisse concourir, de quelque façon que ce soit, à la rapprocher de l’un ou l’autre des objectifs qui ont présidé à son engagement.

Dans son dernier rapport, la Cour des Comptes considère que « Aucune
des rares technologies matures (de stockage) n’apparaît suffisante pour assurer la sécurité du système énergétique à l’horizon 2030 » et qu’une véritable « rupture technologique » est nécessaire. L’histoire des sciences témoigne que ces découvertes ne se décrètent pas.

Le peu de visibilité à moyen terme, aussi bien des risques, que des évolutions technologiques, ne permet pas de d’hypothéquer à ce point l’avenir de l’Europe.
Jean Pierre RIOU, Président de l’association « Le Mont Champot »

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