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La liberté en Europe 30 ans après la chute du Mur

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Cet été, l’ALEPS a organisé son université d’été à Aix et ce fut une réussite. Jacques Garello en a été le chef d’orchestre et nous en fait un compte rendu.
Un franc succès, ce n’était pourtant pas évident au départ. Deux leçons à tirer : le libéralisme est en marche, les libéraux doivent briser le mur du silence.

Ce n’était pas évident

D’abord la date : 22 au 26 août, au cœur des vacances. Mais la date nous a été imposée, en particulier pour pouvoir disposer de locaux à la faculté et de chambres à la cité universitaire. Si les étudiants ont été présents, leurs aînés étaient engagés dans les voyages et réunions familiales.

Ensuite les finances : le libéralisme ne fait pas recette en France (par contraste les « rencontres économiques » qui drainent en juillet l’élite dirigeante et socialisante ont des moyens et des avantages bien mérités). Ce sont les inscriptions et le soutien de la municipalité d’Aix en Provence qui ont permis de boucler le budget.

Et aussi, le lancement : nous avons manqué de temps, de relais et de moyens pour prévenir en temps voulu ceux qui auraient pu être intéressés et dès le début du mois de juillet, nous avons essuyé beaucoup de refus attristés. A notre décharge, nous n’avons su qu’en juin que l’opération allait être possible.

Enfin, l’organisation : il s’agissait de faire cohabiter des séminaires en anglais et en français, et surtout de juxtaposer une approche théorique confiée à IES Europe (la situation de la liberté dans le monde entier depuis trente ans) et une approche appliquée aux problèmes français confiée à l’ALEPS. L’une intéressait des étudiants venus de tous pays d’Europe, l’autre des intellectuels, des dirigeants et cadres d’entreprises, des élus locaux.

Un franc succès

Au total près de 150 participants, répartis entre juniors et séniors eux-mêmes partagés entre orateurs et participants. Plusieurs séances ont été plénières, les problèmes de langue ont vite été dépassés.
La convivialité des déjeuners pris dans le hall d’honneur de la faculté de droit a été remarquable, et les soirées de clôture, ont été chaleureuses, avec une excellente animation musicale le dimanche et le mercredi– dans le cadre prestigieux du pavillon Vendôme pour terminer.
Des personnalités étrangères de très haut niveau nous ont fait l’honneur de leur venue et de leurs leçons, comme M Tom Palmer, vice président d’AtlasNetwork (Washington DC) qui a reçu la médaille Cézanne de la Ville d’Aix-en-Provence des mains du Pr. Gérard Bramoullé, premier adjoint.

Le Pr. Randy Barnett, qui enseigne à Georgetown Uny (Washington), a prononcé l’allocution d’ouverture. Le Pr.Pascal Salin conduisait la délégation française et ouvrit les débats en posant la question : pourquoi la France rejette-t-elle le libéralisme, alors que des Français sont parmi les plus connus des penseurs libéraux (Turgot, Say, Tocqueville, Constant, Bastiat, etc.) Toutes les séances ont été marquées par une participation très active des auditeurs, les échanges ont été fructueux : des découvertes pour les plus jeunes, des interrogations pour les plus âgés. Nulle discipline n’a été absente : philosophie, histoire, économie, droit, science politique. De nombreux ouvrages ont été présentés par leurs auteurs, et certains ont été offerts.

Le libéralisme est en marche

Cette université a clairement donné le sentiment que le libéralisme est à nouveau en marche, même en France. Sans doute les plus anciens, comme Fred Aftalion, Pascal Salin, Henri Lepage, Gérard Bramoullé, Bertrand Lemennicier et Jacques Garello se sont-ils revus dans les années 1980, quand le libéralisme surfait sur la vague Thatcher Reagan, et qu’apparaissait « la bande à Léo » avec Madelin, Léotard, Longuet et les Républicains. A l’époque c’était sans doute plus facile, et la chute du mur de Berlin a été un grand moment pour la liberté et ses promoteurs. Mais dans l’actuel contexte politique le libéralisme est en voie de retour rapide compte tenu de la vacuité, ou du danger, des partis et des leaders politiques, tant en France qu’en Europe ou en Amérique, du Nord comme du Sud. Le passage se fera du populisme au libéralisme. Car le populisme est réaction contre l’élite, contre la classe politique et le capitalisme de connivence, contre les impôts, contre la centralisation, et finalement contre tout. Mais, comme disait Proudhon, il ne suffit pas de détruire, il faut construire. Et les libéraux sont là pour démontrer d’une part que l’on peut se passer de l’Etat pour l’essentiel des activités, d’autre part qu’il y a des valeurs qui doivent accompagner la liberté : la responsabilité, la propriété et la dignité de la personne humaine. Beaucoup de gens sont libéraux sans le savoir, ils sont trompés par une fausse image du libéralisme, imprimée dans les esprits par des ignorants ou des adversaires de la liberté. Nous voici donc confrontés à un problème de communication.

Briser le mur du silence

En dépit de son succès et de son contenu intellectuel, notre université d’Eté des Libertés n’a eu pratiquement aucune couverture médiatique. Une édition aixoise de La Provence (vous en voyez le fac-similé), plusieurs vidéos offertes par Contrepoints : c’est bien, mais bien maigre. Certes nous avons reçu le soutien très explicite de nombreux amis journalistes, et de nombreuses personnalités politiques nous ont adressé des messages d’encouragement et de félicitations. Mais que pesons-nous par rapport aux débats débiles avec les gilets jaunes et, mieux encore, aux universités prestigieuses comme celle du Medef, voire du Parti communiste (tenue à Aix cette semaine également) ? Si les libéraux comptent sur des invitations sur les plateaux télé ou sur des mentions à la radio ou dans des magazines, ils se font des illusions. Pour briser le mur du silence (on peut même dire le complot du silence, tant le libéralisme dérange) il n’y a qu’une procédure : celle de l’action capillaire, des réunions entre voisins, copains, cousins. Il faut multiplier les forums des libertés, à fréquence mensuelle, dans toutes les villes et agglomérations de France. Ainsi se forgera progressivement un réseau efficace, qui pourra peser assez vite dans le jeu politique local et national. Notre rôle, libéraux pionniers et engagés, est d’alimenter ce réseau non pas en créant des « faisceaux » centralisés, mais en proposant documentation, conférences, de nature à convaincre des publics différents. L’adaptation aux professions et catégories sociales est une nécessité. Ainsi se présente le programme des mois à venir. Ceux qui ont suivi l’université d’été ont renforcé leur foi, faites en sorte qu’il en soit de même pour tous ceux qui veulent qu’en France on parle enfin du libéralisme et on finisse par l’aimer.

Cet article a été publié dans La Nouvelle Lettre (n° 1395)

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1 commenter

PhB 3 septembre 2019 - 12:03

Médiatisation de l'université d'ALEPS
Bonjour,
En effet, il n'y a eu aucune info sur les médias concernant la tenue de cette université.
Ingénieur à la retraite, fâché avec les politiques et puissants de tout poils mais lisant régulièrement vos lignes éditoriales, suis généralement d'accord avec le contenu de vos articles, même s'ils dénotent une tendance un peu trop poussée du libéralisme à mon goût, pourtant je fais partie des 5% de la frange supérieure des "aisés" mais, cherchant à me mettre à la place du Français moyen.
Revenons à la médiatisation.
Que faites-vous pour populariser le mouvement ALEPS que la grande majorité ne connait même pas?
Même l'association des Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF) est plus connue du public!
Le problème: vous vivez un peu en vase clos de "privilégiés" ayant réussi, à la force de leur travail certes mais pas assez ouvert sur la population française.
C'est dommage car beaucoup de vos préceptes sont intéressants et globalement "bons" pour relever la situation économique de notre pays.
Philippe BARTHELEMY

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