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Tobin : la taxe pour esprits simples

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Proposée par l’association ATTAC dans les années 1990, la taxe Tobin redevient d’actualité. Nicolas Sarkozy voudrait l’instaurer. Mais sait-il de quoi il s’agit ?

En septembre 1999, l’iFRAP (Institut français de recherche sur les administrations publiques) publiait sous ma signature un Dossier consacré à la taxe Tobin en réponse aux demandes des associations de gauche menées par ATTAC et de plus d’une soixantaine de parlementaires qui souhaitaient instaurer une taxe sur les mouvements financiers spéculatifs. Dix ans après, même si ATTAC a pratiquement disparu, la taxe Tobin revient sur la scène politique et économique : dans son discours du 20 septembre à l’ONU sur les objectifs du millénaire, Nicolas Sarkozy n’exclue pas la mise en place d’une taxe inspirée par l’économiste James Tobin.

Il existe déjà un prélèvement sur les transactions financières

Pourtant, l’économiste américain a pris ses distances avec les organisations gauchisantes et tous ceux qui ont utilisé son nom pour proposer la taxe. Son idée originelle était de prélever un infime pourcentage sur les opérations de change et non pas sur les mouvements spéculatifs. Ces derniers sont d’ailleurs difficiles à cerner dans toutes les opérations faites par les banques.

De plus, il existe déjà un prélèvement du même ordre de grandeur sur les échanges entre des partenaires qui ne se connaissent pas et qui veulent s’assurer réciproquement. C’est ce qu’on appelle les contrats dits de « future » (qui sont le contraire des contrats « forward » établis entre des partenaires qui se connaissent et qui se font confiance) soumis à une réglementation stricte mise en œuvre par des organismes agréés comme la MATIF qui fait actuellement partie d’Euronext. Les coûts de cette intermédiation varient de 0.5 % à 0.1 % pour les opérations les plus importantes. Ce coût n’a pas empêché la spéculation, ni les crises financières. Taxer par exemple les hedge funds à ce taux-là ne résoudrait aucun problème si l’on part de l’hypothèse – fausse – que les hedge funds seraient à l’origine des crises de la finance.

La spéculation contre les dictatures et l’étatisme

Plus encore, le combat des politiques et des associations militantes de gauche contre la spéculation part d’une méconnaissance totale des faits historiques et économiques. Ce sont bien les crises financières qui ont contribué à l’instauration de la démocratie au Mexique en 1994-1995 et à la chute du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) après 70 ans de pouvoir. C’est bien la crise financière asiatique qui a fait chuter le tyran Suharto en Indonésie en 1999 et a poussé le Brésil et l’Argentine à faire des réformes économiques. Aujourd’hui, la crise est en train de crier « l’Etat est nu ! » en révélant l’endettement terrible de nos Etats-providence. Tout cela est du à l’inconscience des dirigeants politiques et non pas aux marchés financiers.

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