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Soutien inconditionnel à Fannie Mae et Freddie Mac : l’administration Obama n’a rien compris à la crise

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Le 24 décembre dernier, l’administration Obama a confirmé et élargi son soutien à Fannie Mae et Freddie Mac, piliers de l’opération Subprime, pourtant à l’origine de la crise financière. Non seulement ces organismes pourront recevoir jusqu’à 400 milliards de prêts du Trésor américain, mais ils pourront aussi s’endetter à nouveau en émettant…des subprimes.

Il fallait faire vite. Passé le 31 décembre l’administration Obama aurait été obligée de demander au Congrès la rallonge prévue pour soutenir Fannie Mae et Freddie Mac. D’un montant de 200 milliards au départ (septembre 2008), la somme mise à la disposition des deux organismes a été portée à 400 milliards.

Mais le plus étonnant est que cette mesure est justifiée par l’administration Obama parce qu’elle permettrait de faire redémarrer le marché immobilier aux Etats-Unis. C’est un comble : le « dynamisme » des prêts au logement avait été un élément déterminant de la crise, maintenant on veut abréger la crise en relançant les prêts immobiliers accordés dans des conditions aussi catastrophiques.

Pour les besoins de la relance, Fanny Mae et Freddy Mac vont reprendre leurs bonnes habitudes, et émettre des « subprimes » avec la garantie du Trésor.

Rapide rappel historique

Fannie Mae a été créé en 1938 par le président Franklin D. Roosevelt et Freddie Mac en 1970. Leur rôle est de garantir les prêts immobiliers accordés aux Américains. Ces organismes ont repris aux banques 56% des nouveaux crédits hypothécaires en 2007, portant leur part dans l’ensemble des crédits immobiliers américains à 40%. Ils l’ont fait sans évaluation appropriée de la qualité des emprunteurs. Mais Mac et Mae ont un statut parapublic, l’Etat fédéral et le Trésor sont derrière eux. Ce sont des GSE (Government Sponsored Enterprise). De la sorte, en toute inconscience, en toute impunité, ils ont pu conserver un portefeuille d’une valeur de 5.200 milliards de dollars pour seulement 80 milliards de dollars de fonds propres.

L’Etat américain a fait du « droit au logement opposable »

Plus de 40% des ménages américaines sont « couverts » par ces organismes. En gros, on a fait du « droit au logement opposable ». Il était hors de question de ne pas accorder un crédit immobilier même à une famille qui n’avait pas du tout les moyens de s’acheter une maison. Tout le monde devait devenir propriétaire, c’était la volonté des pouvoirs publics, précisée clairement dans le Community Reinvestment Act voté en 1977 et renforcé en 1995 qui fait pression sur les banques afin qu’elles accordent des crédits. Cela n’a évidemment rien à voir avec les marchés ni avec des « bulles financières » dues à la « spéculation capitaliste ».

Ces organismes ont été poussés dès 1993 par le Département d’Etat au Logement et au Développement Urbain à faire de la discrimination positive. Il fallait augmenter le nombre de propriétaires issus des minorités noires ou hispaniques même si les demandeurs n’avaient pas les moyens de rembourser leurs emprunts. Une loi de 1992 votée par le Congrès avait déjà poussé à augmenter les crédits aux populations « pauvres ». Un objectif est même fixé : en 1996, le nombre de crédits donnés aux populations ayant un revenu au-dessous du revenu médian devrait représenter 42% du nombre total des crédits accordés. Cet objectif est monté à 50% pour l’année 2000 et même à 52% pour 2002.

Le Trésor a toujours couvert ces monstres administratifs

Les critères d’attribution ont changé aussi avec le temps. Si en 1996, l’individu qui demandait un crédit devait bénéficier d’un revenu situé autour de 60 % du revenu médian, en 2000, le taux est descendu à 20 % pour repasser à 22 % en 2005 et 28 % en 2008.

Pour financer tous ces prêts, les deux organismes se sont mis à emprunter énormément sur le marché financier à des taux défiant toute concurrence, déréglant ainsi tout le secteur du crédit. Banques et institutions financières ont prêté sans compter à Fannie Mae et Freddie Mac, sachant qu’ils étaient couverts par le Trésor américain. En un sens, elles ont eu raison, puisqu’elles ont pu éviter la faillite en septembre 2008 grâce au secours de l’administration. L’Etat fait perdre de l’argent, puis le rembourse !

Les hommes politiques couvrent ces opérations

Un autre aspect de l’activité de Fanny Mae et Freddy Mac doit être signalé. Ces institutions ont en effet servi de financeurs pour les partis politiques : les républicains sans doute, mais surtout les Démocrates. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les politiques n’ont jamais eu le courage de les contrôler. Le plus drôle c’est que l’ancien candidat malheureux à la présidence, le républicain John McCain, avait demandé leur fermeture en…2002. Sans succès. Intéressant aussi à noter que le dernier prix Nobel d’économie, Paul Krugman, proche des Démocrates, a souvent écrit dans sa chronique du New York Times pour soutenir ces deux organismes parapublics, accusant les Républicains de vouloir les fermer…

Il y a quelques mois Barack Obama s’insurgeait contre Wall Street, qui commettait le double crime de se réorienter à la hausse et de servir des bonus à ses opérateurs. « Ils n’ont rien compris à la crise», disait-il. Les bonnes âmes comme lui ont déclaré la guerre aux financiers – après avoir soutenu les moins estimables d’entre eux. Les gouvernants se félicitent d’avoir « moralisé la finance » (en quoi d’ailleurs ?). Mais aujourd’hui on revient aux fondamentaux de la crise : les erreurs et malversations du crédit public et de l’ingérence des Etats dans le marché financier.

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5 commentaires

Anonyme 6 janvier 2010 - 7:43

Premi
Voici une premi

Répondre
Anonyme 6 janvier 2010 - 8:09

merci beaucoup
merci beaucoup

Répondre
Anonyme 8 janvier 2010 - 3:21

Excellent article !

La
Excellent article !

La camapgne

Répondre
Anonyme 10 janvier 2010 - 2:34

Merci!
Merci pour cet article! tr

Répondre
admin 10 janvier 2010 - 3:58

votre message
merci beaucoup pour votre message qui nous fait plaisir.

Nicolas Lecaussin

irefeurope@gmail.com

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