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Pour une nouvelle majorité au-delà des ruptures de l’élection présidentielle

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Ce premier tour du 23 avril 2017 enregistre une majorité de plus de 55% des voix exprimées en faveur de candidats ouvertement collectivistes et hostiles à l’économie de marché, de Mélenchon à Le Pen en passant par tous les petits candidats qui se désespéraient de la maigreur de notre Etat obèse. Et même E. Macron ne vante la liberté que lorsqu’elle est sous le contrôle étroit de la puissance publique. Ainsi, la droite doit tout faire pour gagner les législatives.

Les résultats de cette élection autant que les tumultes qui ont troublé cette campagne apparaissent comme l’éclosion d’une évolution sociale larvée dont l’ampleur avait été mésestimée. Les extrêmes l’ont emporté et n’ont échoué à prendre le pouvoir qu’en se neutralisant. Ce premier tour du 23 avril 2017 enregistre une majorité de plus de 55% des voix exprimées en faveur de candidats ouvertement collectivistes et hostiles à l’économie de marché, de Mélenchon à Le Pen en passant par tous les petits candidats qui se désespéraient de la maigreur de notre Etat obèse. Et même E. Macron ne vante la liberté que lorsqu’elle est sous le contrôle étroit de la puissance publique et bâtit son programme en déchargeant les Français de leurs responsabilités en matière de contribution à leur assurances maladies et chômage, aux dépenses de la commune via la taxe d’habitation…

Seul François Fillon annonçait une rupture, encore bien timide d’ailleurs, avec l’Etat-providence qui pèse sur la croissance mais qui surtout gangrène les volontés, entrave l’effort et l’initiative, amollit la société et l’enlise dans la médiocrité en l’égalisant à marche forcée par le bas. Cependant, il n’avait pas compris qu’il ne faut plus vivre dans un château et des petits avantages de la République, mêmes légaux, pour se présenter au suffrage des Français niveleurs, surtout quand ont leur tient un langage de vérité.

Cette poussée inimaginable du vote collectiviste est le fruit bien sûr des peurs qui s’accumulent et qui se renforcent, l’une l’autre en boucle vicieuse quand les banlieues immigrées, mais de nationalité française par la naissance sur notre sol, se réfugient dans un vote Mélenchon auquel répond, en faveur du Front National, celui des gens modestes excédés de vivre dans des territoires de non-droit. Mais c’est aussi, massivement, le vote des jeunes auxquels l’école n’apprend plus la rigueur et dont l’Etat prend indument en charge l’oisiveté en les décourageant de travailler, notamment désormais par la garantie jeunes, cette allocation universelle pour les moins de 25 ans qui ne dit pas son nom et que Macron veut étendre. C’est le vote d’une France qui a laissé prospérer le communautarisme islamiste à force de reléguer son christianisme aux oubliettes ou de le pratiquer avec un laxisme sans conviction ni espérance. C’est celui de ceux qui ont perdu leurs racines et de ceux qui s’y barricadent, et qui tous vivent d’inquiétude d’une économie qui va trop vite pour eux.

L’Etat providence a pris des proportions énormes en France

A force d’être pris en charge par la collectivité, les Français s’y abandonnent et s’y réfugient, chacun à sa manière. Les mélenchonistes rejouent les damnés de la terre pour copier les modèles vénézuélien ou cubain dont ils se refusent de regarder l’échec en face. Les lepénistes attendent le miracle de la fermeture des frontières qui les appauvrira sans les sauver de la proximité de ceux qui leur sont étrangers. Ils vivent de mêmes mirages collectifs et forcément trompeurs. Les macronistes sont plus attachés à la satisfaction de leurs appétits individuels qu’ils demandent à l’Etat de satisfaire en les allégeant de toute contrainte, confondant ainsi le bon et le désirable. Il manque à Macron la boussole qui lui permettrait d’avoir moins d’hésitations sur la GPA, la culture française ou notre histoire algérienne.

L’Etat-providence a tant grossi qu’il ne trouve face à lui que des individus solitaires, irresponsables et désorientés. Habitués à vivre en tendant la main, ceux-ci ont aussi été inoculés du poison de l’anti-travail, des 35 heures Aubry au droit au congé sabbatique du programme Macron en passant par le chômage facile des ruptures conventionnelles. La société s’est ainsi délitée tranquillement jusqu’à se réveiller ce 23 avril dans cet électorat écartelé et perdu qui a rejeté le seul qui lui parlait encore de la réalité d’un monde exigeant et ouvert.

La droite conservatrice et libérale doit gagner les législatives

Au second tour de cette présidentielle, il n’est possible de voter ni pour celle qui nous promet l’abaissement d’une France murée dans des mesures couteuses et empruntées au programme commun de la gauche de 1981, ni pour celui dont la politique incertaine et déjà mouvante reste dictée par un état major presque entièrement issu du parti socialiste. Aucun des deux ne se rachète seulement par une probité morale qui pourrait séduire.

Plutôt que de se presser pour rallier le jeune premier en espérant rester dans la course, la droite conservatrice et libérale doit avoir pour seul objectif de gagner les prochaines législatives sans lesquelles rien n’est encore joué. Pour ce faire, elle doit enrichir son programme de fermeté et de liberté. Il faut recomposer le tissu social et ce ne sera possible qu’en permettant à chacun de redevenir responsable, à son niveau, de lui-même et des autres. Il faut que les individus soient libres de gérer leur vie quand ils le peuvent, le rôle de l’Etat n’étant pas de leur construire des nids mais de leur permettre d’apprendre à les bâtir, pas de les nourrir mais de leur permettre d’apprendre à travailler pour gagner leur pain. Il ne s’agit pas de supprimer brutalement les drogues dont trop de Français sont devenus dépendants, de la sécurité sociale aux retraites par répartition ou à l’école livrée à l’idéologie, mais plutôt d’introduire de la concurrence et le libre choix des individus pour que le meilleur gagne et que les systèmes publics impotents se réforment naturellement ou meurent. Donner le choix aux Français, c’est leur permettre de retrouver l’exercice de leurs responsabilités et leur autonomie. Dans le même esprit il convient de réduire les dépenses publiques de manière drastique, non seulement parce qu’elles génèrent nécessairement des impôts toujours plus lourds qui entravent l’activité, mais aussi et peut-être surtout parce que ces dépenses sont toujours autant de nouveaux mécanismes d’assistance qui renforcent l’Etat au détriment des personnes. La liberté ne peut se déployer qu’avec une fiscalité la plus neutre possible et non pas la plus progressive possible comme le veulent Le Pen et Macron. Elle ne peut s’exercer que si la propriété, qui en est l’instrument, est respectée plutôt que déconsidérée comme affaire de vils rentiers.

La liberté n’a pas à être concédée mais elle a besoin d’une autorité forte qui en protège l’exercice, et l’Etat répondra d’autant mieux à cette mission qu’il ne sera pas embourbé dans de petites affaires qui ne sont pas de son ressort. Mais la liberté n’est positive que lorsqu’elle est ordonnée à une éthique de conviction et menée par une éthique de responsabilité. Un vaste programme pour une majorité qui sache que les gouvernants ne sont pas toujours les mieux placés pour diriger les destinées de leurs semblables et que la politique est faite pour laisser, selon Friedrich Hayek, « l’individu comme juge en dernier ressort de ses propres fins ».

Jean-Philippe DELSOL

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5 commentaires

Michel CHASSIER 2 mai 2017 - 9:04

Commentaire
Comment peut-on écrire que Marine Le Pen est collectiviste et hostile à l'économie de marché ?
Elle dit simplement qu'il doit y avoir un Etat arbitre, stratège et protecteur. C'est exactement ce que font les USA, quand Obama taxe à 522% l'acier chinois, nationalise temporairement General Motors pour éviter que l'entreprise soit rachetée par des capitaux étrangers, ou encore fait annuler la vente des A400M à l'armée américaine.
Marine Le Pen défend l'économie de marché, mais refuse une dérégulation totale.

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Astérix 3 mai 2017 - 8:15

En parfait accord !

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theano 3 mai 2017 - 6:14

Frontières
Attention Mr Delsol, contrôler nos frontières ne veut pas dire les fermer. Il est normal que, comme dans la plupart des pays du monde, on puisse contrôler qui entre chez nous et qui en sort. N'oubliez pas que Mr Dupont-Aignan a passé un accord avec Mme Le Pen, et qu'un des points principaux de son programme est le contrôle (et non la fermeture) des frontières.

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Jphdelsol 3 mai 2017 - 8:19

Bonsoir à tous,
Le contrôle des frontières est tout à fait utile et nécessaire, surtout quand l'islamisme se répand comme traînée de poudre. Mais la sécurité des frontières ne doit pas empêcher la libre circulation des produits et des capitaux autant que des hommes inoffensifs. Fermer les frontières est toujours un risque pour les libertés et pour l'économie qu'elle appauvrit à moyen et long terme au détriment des plus faibles. Il n'y a sans doute pas de contre exemple dans l'histoire moderne. En particulier, mettre des taxes aux frontières rencherit les produits et entrave la production tournée vers l'exportation par suite des mesures de rétorsion des autres pays. Par ailleurs, il est très dangereux de condamner à la prison des gens qui sont seulement suspects. Demain c'est peut-être vous qui serez victime de cette politique arbitraire.
Le rôle de l'Etat n'est pas de s'établir en stratège économique mais de faire respecter ordre et sécurité et l'état de droit garant de nos libertés, de nos initiatives…
Je ne suis donc pas pour autant favorable à Macron qui n' a pas de repères et confondrait sans doute aisément laxisme et liberté.
Cordialement
Jean-Philippe Delsol

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phildab 6 mai 2017 - 1:55

La droite conservatrice peut-elle gagner aux législatives……..
Comment apporter mon suffrage aux représentants de la droite conservatrice quand on voit comment ils se sont couchés sans la moindre sommation devant le vainqueur du 2° tour ?
Par ailleurs, si l'on se réfère aux précédentes élections présidentielles il semble que les électeurs
soient incités à conforter le président élu en lui assurant une large majorité. C'est :"l'effet mécanique"
Comment espérer dans ces conditions que la droite conservatrice (quelle droite ???) puisse réunir une majorité aux législatives ?

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